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Après une nuit passée à  Inverness  68 milles pour rallier le gros bourg de Wick à l’extrémité nord-est de l’Ecosse. Vent au nord-nord-ouest : ce sera encore un long bord de près dans une mer courte. Un temps gris, bouché, ponctué d’un crachin froid et pénétrant, associé à un vent frais complète le tableau. Noème longe une côte basse couverte d’une lande rase, lugubre, se confondant avec cette nébulosité sombre et menaçante qui monte sur son horizon. Elle se jette par des falaises hautes et droites dans une  mer assombrie. A l’approche du soir nous pénétrons, par mer agitée et croisée, dans la baie de Wick encombrée de roches à fleurs d’eau.  L’accès au port se fait par un chenal étroit aux quais surélevés et sinistres, impressions renforcées par la pénombre.  Au bout du chenal à tribord l’entrée d’un chenal secondaire se découpe dans le mur sombre. Nous continuons tout droit et pénétrons dans une immense darse aux quais désespérément vides. Nous passerons 3 nuits en raison du mauvais temps annoncé dans cet énorme bassin déserté par la flotte de pêche. Le millier de bateaux qui fréquentaient le port à déserté en même temps que le hareng disparaissait des mers nordiques. Nous y étions seuls, accostés à un haut quai de bois vertical englué d’algues. Un pêcheur au visage raviné de rides profondes d’une vie passée en mer, après avoir saisi et tourné nos filins aux bites d’amarrage esseulées, nous contera d’une voix affectée l’histoire de cette pêche perdue, inépuisable lui semblait-il. Son compagnon gardant ses yeux bleus plissés sur ses propres souvenirs, écoutera son récit, acquiesçant par moment d’un léger mouvement de la tête sans l’interrompre.

La zone portuaire prépare sa reconversion. Une marina est en cours d’aménagement dans un second bassin, au bout du chenal dont nous avions entraperçu l’entrée la veille au soir. La ville elle-même sous ce temps pluvieux apparaît sévère et désenchantée, impression renforcé par l’aspect des maisons aux murs de granit et aux toits d’ardoise.

Au troisième jour d’escale le ciel se dégage progressivement. Etape suivante Kirkwall la capitale des Orcades quarante milles plus au nord pour celà il faut franchir le Pentland Firth qui sépare le nord de l’Ecosse de l’archipel des Orcades passage réputé pour ses courants extrêmement violents (jusqu’à douze nœuds en vives-eaux). Par mauvais temps l’association de ces courants et la présence de hauts-fonds lèvent une mer furieuse. Bien que la mer soit belle et le temps calme, un large tour est donné au haut-fond localisé sur la route directe. L’archipel est constitué de 67 îles basses et nues, limitées par des falaises verticales profondément découpées. De rares arbres, inclinés, ont réussi à grandir dans cet environnement battu par les vents. South Ronaldsay est laissé sur bâbord avec ses falaises colorées, surmontées d’un vol d’oiseaux marins aux cris plaintifs. Approche de Mainland, la plus grande des îles, virons plein ouest pour venir raser son nord en direction de Shapinsay qui délimite avec elle un étroit chenal. A la sortie  virement plein sud vers le fond de la baie et Kirkwall.

La marina, récente, est installée dans le même espace que le port de pêche. Pas d’encombrement au ponton visiteur. Là aussi accueil affable. Le « Harbour Master » remet une documentation spécifiant tous les ports accessibles, les coordonnées géographiques des mouillages et aussi celles de bouées mises en place spécialement pour les visiteurs. Les mouillages isolés sont si nombreux, que les explorer en totalité en quelques jours est impossible. Certains d’entre eux sont vraiment loin de tout, parmi une nature à l’état brut.

Nous profitons des journées qui sont de plus en plus longues pour explorer Mainland et Kirkwall. La majorité de la population réside à Kirkwall lui procurant une impression de cité agitée. L’imposante cathédrale Saint Magnus mérite une visite. De style roman, édifiée à partir de 1137    à l’aide de pierres rouge et jaune locales, elle bénéficia d’extensions au treizième quatorzième et quinzième siècles. Le Earl’s Palace et le Bishop’s Palace jouxtent la cathédrale. A voir aussi le musée de Tankerness House, il détient une collection d’objets préhistoriques, Pictes et Vikings de toute beauté. D’autres sites sont à découvrir sur Mailand le cercle de pierre de Brodgar, Skara Brae un site préhistorique essentiel, les pierres levées de Stenness.

La route est reprise cette fois vers les îles Shetland avec un bon 6 et au près bien sûr, par chance route sur le même bord. Fair Isle à mi-parcours, île minuscule qui offre un excellent abri dans son nord,  est laissée sur bâbord. A vingt-deux heures le soir, sous un beau ciel ensoleillé se découpe la pointe sud des Shetland : Sumberg Head. De hautes falaises délimitent un relief plus vallonné  mais tout aussi dépourvu d’arbres que les Orcades. Pendant une heure naviguation près de cette côte qui abrite un peu du vent et mène à Lerwick le port principal en laissant sur tribord Bressay une grande île plate et nue.

  

 Deux journées de relâche sont prévues pour cette escale. La ville fleurie est  agréable avec ses rues et maisons imbriquées les unes dans les autres délimitant des venelles étroites aux escaliers raides. Elles permettent l’ascension vers les hauteurs de la ville et ainsi de bénéficier d’un magnifique panorama sur le paysage insulaire environnant. Nous découvrons un superbe musée sur l’histoire des Shetland, des premiers peuplements à nos jours, ouvert en face d’un vieil abri aux quais de granit, auxquels sont ancrés d’antiques esquifs de pêche et de transport. La principale ressource économique de la région repose sur l’exploitation du pétrole de la mer du Nord. Un gigantesque terminal portuaire pétrolier a été construit, mais le pétrole s’épuise…alors ! Il demeure encore et toujours les réputés moutons des Shetland et leur laine.

La première partie de la croisière se termine. A regrets l’Ecosse est laissée derrière nous. La traversée de la Mer du Nord en direction de Bergen en Norvège débute sans un souffle de vent. Assez rapidement un 5 de nord-est s’installe. Petit largue et Noème avançe à bonne allure. La nuit sera très claire, plutôt une pénombre. prémisse des journées sans nuits au-delà du cercle polaire. Sous pilote Noème avale les milles tranquillement. Abandonnés depuis l’Irlande, nous avons repris des quarts de nuit pour cet itinéraire. Quelques rares feux de navigation seront entrevus.  La route choisie évite délibérément les nombreuses plateformes pétrolières ancrées un peu partout dans cette zone. En matinée le vent monte à 7 Beaufort, la grand-voile est arisée, le yankee réduit de quelques tours. La présence de hauts-fonds lève bientôt une mer désagréable. Les vagues par le travers, déferlent font rouler et lofer Noème. Pour plus de confort la barre est reprise afin d'anticiper le passage des vagues et être moins malmenés. Nous naviguons ainsi  tout le début d’après-midi, accompagnés pendant un moment d’une vedette des douanes norvégiennes qui finit par s’éloigner sans rien demander. Suffisamment proche du rivage, une fois passée la ligne des premiers écueils la mer se calme, les vagues venant se briser sur ces premiers rochers qui les aplanissent. Bergen est rejoint en ,empruntant Korsfjorden, sous un soleil enchanteur en naviguant une quinzaine de milles dans des chenaux entourés de montagnes  arborées et décorées de maisons aux couleurs vives.

            Le port de Bergen est situé au fond d’un fjord et les emplacements dévolus à la plaisance tout à fait au fond de la grande darse. Etabli en plein centre ville, la darse est accolée d’un coté à un large quai bordé de terrasses de café et surtout d’admirables bâtiments peint et multicolores en bois  du quinzième siècle parfaitement conservés, et de l’autre coté à un quai assez court qui se prolonge par des immeubles récents tombant à même la mer. Il n’y a pas de ponton, l’accostage se fait directement à quai ou à couple en fonction des places disponibles. A marée basse débarquer est un peu sportif, le pavois est bien en dessous du bord supérieur du quai, heureusement le marnage n’excède pas un mètre cinquante. On arrive à y grimper en prenant appui sur des pneus qui pendouillent. Ces protections installées pour protéger les flancs des navires y laissent surtout des traces noirâtres difficiles à nettoyer.

Le mont Fløyen domine la ville de ses 320 mètres. De son sommet, gravi à pied, la vue sur Bergen blotti dans son écrin de verdure, est imprenable. On embrasse un formidable panorama. Le Quartier de Bryggen, au pied du mouillage, est inscrit au patrimoine de l’humanité. Des passages entres les bâtiments, aux endroits qui ne sont pas encore restaurés, laissent apparaître les matériaux utilisés autrefois pour bâtir ces immeubles : soubassement en pierre surmonté de constructions en bois mal dégrossi. Plusieurs musées nous ouvrirons leurs portes à la découverte d’évènements historiques, culturels et artistiques qui nous sont mal connus. Les maisons en planches très colorées, partent à l’assaut des pans montagneux du fjord à l’intérieur duquel Bergen est établi. Ces maisons bordent les rues tortueuses, étroites et pentues, bien souvent encore dallées de pavés. De nombreux espaces verts disséminés dans la ville offrent aux habitants la possibilité de se réunir, assis à même le sol, voire de s’allonger en maillot de bain sur une serviette de bain comme à la plage.

Le soir, si l’on peut dire, l’animation ne faiblit pas et les terrasses de café sont envahies autant par les touristes que les norvégiens. Un va-et-vient incessant de bateaux à moteurs, supérieurs en nombre aux voiliers, animent les bassins du port en permanence de la fin de l’après-midi à tard dans la nuit, accostant et repartant au gré de leurs fantaisies. Le vendredi soir et le samedi l’excitation est à son comble, la consommation d’alcool, quelles que soient les tranches d’âges, est démesurée, conduisant à des débordements pénibles. 

Tous les renseignements possibles pour organiser des circuits sont disponibles à l’office du tourisme qui est vaste avec un personnel important.

  

Voyage en Norvège été 2009