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Livre de bord 2012
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Nouvelles du bord

2012

  

23 juillet : Retour en France pour Claire après des vacances chaudes et ensoleillées, des navigations calmes et douces et  des mouillages superbes.

            Pour nous retour aux contraintes quotidiennes : pendant ce temps du moteur suinte un peu d'huile. Impossible de localiser la fuite. Google signale la présence d'un revendeur-réparateur Volvo à Dartmouth pas très loin du Yacht Club. Aucune difficulté à trouver l'entreprise qui est à 3/4 heure à pied quand même de la marina et non desservie par les bus. Explication du problème à notre interlocuteur. Pas de soucis on vous envoie quelqu'un d'ici une heure environ mais avant il faut sortir la carte de crédit et régler la somme de 250 dollars (canadiens) pour le trajet et le diagnostic sinon ce ne sera pas possible. Ne jamais oublier que l'on est ici en Amérique du Nord et qu'il faut commencer par payer avant de faire quoique ce soit d'autre. Le mécanicien arrive comme prévu, monte dans l'annexe car le  bateau est sur bouée. Dix minutes après la fuite est détectée, c'est un joint qui fuit mais pour changer le joint il faut désaccoupler le moteur-saildrive. Bien. On vous prépare un devis. Quarante huit heures plus tard de nouveau au magasin pour le devis. Un peu salé : 4000 dollars pour commander et changer le joint. Comme la fuite est minime nous décidons de ne commander que le joint car il n'y en pas au Canada et il n'en reste qu'un aux USA. Nous ferons nous-mêmes la réparation plus tard lorsque nous serons à Saint Pierre et Miquelon. La fuite est minime. Le mécanicien nous a assuré qu'il n'y avait pas d'urgence. Après le saildrive un autre souci sur le moteur. Pas terrible ces moteurs Volvo construits par Perkins. Quand on navigue dans des coins isolés c'est particulièrement ennuyeux de ne pas pouvoir compter sur la fiabilité du matériel. Si nous envisageons de reconstruire un bateau ce sera un moteur industriel refroidi par air et transmission hydraulique pour faire tourner l'hélice.


25 juillet : Mercredi soir invitation chez Nancy et Allan dont nous avons fait la connaissance le jour de notre arrivée à Dartmouth. Nancy est native de Montréal et est francophone, Allan est né en Ecosse de parents Polonais qui ont émigré ensuite au Canada alors qu'il navait que 7 ans. Ils se sont mis en quatre pour nous rendre service tout au long de notre séjour. Ils achèvent de rénover leur voilier pour aller passer l'hiver au soleil des Bahamas accompagnés de leur chien de race Labrador qui a la particularité d'être de couleur chocolat.

            Nous avons dégusté ce soir-là d'énormes homards accompagnés d'épis de maïs. Très bon.


28 juillet : Un brouillard à couper au couteau nappe la baie d'Halifax. C'est la première journée que le brouillard se manifeste mais il faut partir quand même. AIS et radar en route, direction Halifax depuis Dartmouth. Les deux grands ponts sont repérés au radar, puis les quais fantomatiques sont longés juqu'à la sortie et là le brouillard commence à se dissiper. Belle journée mais pratiquement sans vent hélas. Vers 20 heures mouillage sur ancre à Spry Harbour au fond d'une baie profonde et bien protégée. Quelques rares maisons sont dispersées au long des berges boisées de résineux. La surface de l'eau est un miroir et le silence est profond. Quelques mouettes et fous de bassans flottent immobiles sur l'eau pendant que les sternes articques s'agitent pour nourrir leur progéniture.


29 juillet : En route dès six heures et demi pour l'étape suivante à 70 milles nautiques : Whitehead. Malheureusement le vent fait défaut. Arrivée à 21 heures après avoir chenalé au milieu de nombreux rochers. Le balisage est suffisant et surtout les berges sont accores. Le warf public est en piteux état et à son extrémité un pannonceau proclame "KEEP OUT". L'ancre est donc mouillée à quelques encablûres de la jetée à Marshall Cove, dans 5 mètres d'eau sur fond de vase. Dans la nuit il se met à pleuvoir et le lendemain il en sera ainsi de toute la journée. L'équipage ne descendra pas à terre bien que le paysage soit pourtant superbe. Aucune activité du côté du quai où quelques bateaux de pêche sont amarrés, et pas d'avantage aux alentours. Pas de pêcheurs, pas de promeneurs, rien. Mais toujours cette grande quiétude rencontrée à tous les mouillages.


31 juillet : Au petit matin le ciel est clair, les dernières étoiles s'estompent doucement. Encore une étape de 70 milles. Louisbourg petite ville de 1700 habitants "la Gibraltar du Nouveau Monde" nous attend. C'est ici que la France fit construire en1713 une formidable forteresse qui abritait 2000 âmes et était la capitale de l'île Royale (actuellement Cap Breton) pour protéger le commerce de la morue. Un nouveau conflit entre Anglais et Français et la ville capitule face aux Anglais supérieurs en nombre après avoir vaillament résistée pendant 40 jours. En 1760 la citadelle est rasée, il ne reste plus qu'un champ de ruines. A la fin du vingtième siècle la production du charbon périclitant en Nouvelle-Ecosse le gouvernement canadien décide, pour donner un peu d'oxygène à l'économie locale, de reconstruire la forteresse. 20 ans et 25 millions de dollars plus tard un cinquième de celle-ci est recontruit. Le nouvel ensemble, ouvert au public, associe une reconstitution historique impressionante (avec de nombreux figurants) qui fait revivre cette ville telle qu'elle pouvait être au XVIIIème siècle. Depuis le succès ne se dément pas.

            A 19 heures, amarrage à un quai en bois vermoulu dédié aux bateaux de plaisance de passage, dans une grande baie bien fermée et protégée. Il n'y a personne hormis les barques de quelques pêcheurs locaux. Depuis Halifax seuls deux voiliers ont croisé Noème. La plaisance, dans cette région si belle, est anecdotique, raison pour laquelle les mouillages ne sont point encombrés.

            

1er août : La pêche ici concerne surtout le crabe, le homard et la crevette. Une petite activité de pêche se maintient malgré tout. Ce matin les pêcheurs débarquent de grandes quantités de crabes sur le quai, au pied duquel est installée une petite usine de transformation des produits de la mer au toit envahi de goélands, d'où s'échappe une odeur âcre et nauséabonde difficilement supportable.


























3 août : Ce matin à 6 heures départ pour Saint Pierre et Miquelon. Départ retardé. Le brouilard est dense, très dense au point que les quais du port se laissent à peine deviner dans cette brume.

            Bonne météo pour cette traversée. Vent prévu de SW 15/20 noeuds mais il devrait virer nord-est dimanche matin sur l'arrivée à Saint Pierre, de face donc, il faudra faire avec si cela se confirme. Une heure plus tard la densité du brouillard a diminué et la rive opposée de la baie redevient visible. Aucune raison de retarder davantage l'appareillage. Le brouillard se dissipe progressivement au cours de la matinée et en début d'après-midi le soleil brille dans un ciel sans nuage. La brise vire au NW et sous geanneker, Noème se laisse porter. Durant la nuit éclairée par une belle lune le vent se maintient d'ouest à 15/18 noeuds. Dans la matinée comme prévu le vent passe au nord-est, se renforce. La mer  rapidement devient courte, hachée. En début d'après-midi le brouillard réapparait sur une mer toujours aussi désagréable. Plus que quelques milles. Saint Pierre daigne se profiler à travers la brume qui ne s'intensifie plus. La rentrée dans le port de Saint Pierre n'est pas compliquée. Direction le fond de la baie vers les quais dévolus à la plaisance et gérés par le port. Très rapidement la police des frontières fait son apparition, les formalités sont rapides et le policier prévient les douaniers qui quelques minutes plus tard effectuent leur part de formalités. Le tout est réglé en moins de 10 minutes.

Il ne reste plus qu'à aller faire un tour dans Saint Pierre.

            Nous allons y rester quelques jours le temps de faire le ménage à fond avant de repartir faire un tour à Terre-Neuve et revenir à SPM pour hiverner Noème.


            Saint-Pierre et Miquelon (SPM) est le dernier territoire français aux portes de l'Amérique du Nord de ce qui fût la Nouvelle France. Le traité d'Utrecht en 1713 signe pour la France la perte de ses possessions de Terre-Neuve (au profit de l'Angleterre) bien qu'elle réussisse à conserver des droits de pêche et de séchage du poisson sur le littoral sud et ce jusqu'en 1904 lorsque le gouvernement français renonce à ses droits de pêche en faveur du Royaume-Uni en échange de territoire en Afrique. SPM redeviendra français le 22 juin 1816 et cette fois-ci définitivement.

            Perdu en Amérique du Nord, 25 kilomètres au sud de Terre-Neuve, Saint-Pierre et Miquelon a consevé un caractère bien français avec sa place Général de Gaulle, ses boulangeries, sa cathédrale dont l'agencement intérieur est caractéristique des églises basques, ses bistrots. Un vrai petit bout de France qui résiste à l'américanisation de son espace.

            Pour ce premier séjour la brume persiste plusieurs jours , la veille du départ vers Fortune (sur Terre-Neuve)  la brume se dissipe enfin : Saint-Pierre s'illumine au soleil, colorié de mille couleurs.


            10 août : Retour de la brume pour la courte traversée vers Fortune sur la péninsule de Burin. Une nouvelle entrée officielle au Canada est obligatoire puisque nous avons quitté le Canada pour la France (SPM en l'occurence). Bien empoisonnant toutes ces formalités même si le personnel des douanes et de police est toujours aimable.

            Peu ou pas de vent, une brume assez dense avec une visibilité inférieure à 2 milles. Seul 25 milles séparent Saint-Pierre de Fortune. La côte se distingue à peine, Miquelon ( 35 milles de long sur bâbord) est invisible. Le port de Fortune situé dans un fjord profond ouvert au nord ouest est bien protégé par un enrochement. C'est ici que le traversier de Saint-Pierre embarque et débarque ses passagers et que de nombreux plaisanciers de SPM viennent passer la fin de semaine, voire rejoignent leur résidence secondaire de Terre-Neuve. Amarrage au quai du traversier, il vient juste de repartir pour Saint Pierre et ne reviendra que demain. Bientôt un douanier apparaît sur le quai et nous invite à le suivre. C'est reparti pour les formalités d'immigration. Nous communiquons notre numéro CANPASS obtenu lors de la première entrée et 5 minutes plus tard tout est en ordre.

            La ville de Fortune n'a pas d'intêret particulier. On peut y louer une voiture et laisser le bateau sur ponton contre une redevance, bien pratique pour aller visiter l'intérieur de Terre-Neuve.

            

            11 aôut : A 6 h30 appareillage pour St Lawrence au sud-est de la péninsule de Burin. Route dans la brume (bien entendu), les brouillards et bancs de brume des Bancs de Terre-Neuve ne sont pas une légende. Petite brise au grand largue dans une mer un peu abrupte tout de même. La brume s'éclaircit en fin de journée, le vent grimpe à 15/18 noeuds et au sud de Lawn Bay la mer devient rapidement confuse. Heureusement que le vent ne souffle pas plus fort. Encore quelques milles avant le port. A l'entrée du fjord la mer se calme peu à peu. Le port de Saint Lawrence au fond du fjord est bien protégé. Amarrage au quai public en vis-a-vis d'une usine de transformation des produits de la mer. Des pêcheurs prennent et tournent les amarres et posent de multiples questions. Ils n'ont pas l'habitude de voir des voiliers français et leurs équipages venir se perdre dans leur port. Le harbourmaster nous souhaite la bienvenue et, après quelques échanges et plaisanteries avec les pêcheurs du cru, nous amène à la capitainerie et là, dans ce petit port de pêche, il nous propose toutes les commodités possibles dont peut rêver un navigateur : douches, toilettes, lave-linge et sèche-linge ainsi qu'une connecxion internet par wifi. En contrepartie il y a des charges à payer. Le maître de port nous suggère de diminuer la taille de Noème pour bénéficier de la tranche tarifaire inférieure.

            

Dimanche

Lundi

Mardi

Mercredi

            La ville n'est pas très plaisante. Des maisons colorées dispersées sur les pentes du fjord, un petit supermarché, deux églises et deux cimetières (catholiques d'un côté, luthériens de l'autre), un distributeur de billet (mais pas de banque), une station service et surtout une bibliothèque imposante.

            Escale prolongée de 24 heures car le vent annoncé est d'Est 20 noeuds avec rafales. L'étape prévue est de 90 milles. Aucune envie de tirer des bords pendant 90 milles sous la pluie et dans une mer certainement difficile.


            13 août : Brume dense, très dense, visibilité inférieure à un quart de mille, vent de SW 15/20 noeuds, mer de 1à 2 mètres. A la sortie impossible de voir les parois du fjord. La cartographie électronique est vraiment un plus, le tout est qu'elle ne tombe pas en panne. On y associe le radar. La brume restera dense toute la journée malgré un vent de 20 bons noeuds. Les cornes de brume n'en finiront pas de souffler leurs plaintes lugubres. Pourtant Noème file ses 8/8,5 noeuds au milieu de la brume avec l'angoisse d'une rencontre imprévue. L'AIS détectera deux bateaux qu'il sera impossible de voir. Deux bruits de moteur seront perçus mais là aussi impossible d'apercevoir les bateaux. L'aspect de la côte jusqu'à Trepassey Harbour au sud de la péninsule d'Avalon restera un mystère. L'entrée du port se fait au radar et à la cartographie. La visibilité passe à 3/4 mille suffisament pour repérer le quai public. La place libre est trop exposé aux vagues, il y a un second quai un peu plus loin mais délabré il est préférable d'aller mouiller par 7 m au fond de la petite baie qui termine le fjord de Trepassey Bay. Et maintenant il pleut.


            14 août : Temps maussade au réveil. Pluie et brouillard. C'est le retour de la grande tenue anti-pluie. L'escale du jour, Fermeuse, n'est qu'à 42 milles. Fermeuse, sur la côte est, est un petit port de pêche situé lui aussi au fond d'une baie étroite. Depuis Trepassey Bay il faut doubler le Cap Race. Par fort vent de secteur ouest,  le vent, opposé au courant du Labrador qui descend le long de la côte Est de la péninsule d'Avalon lève une mer creuse, agitée, qui rend extrêmement difficile le passage de ce cap. Le vent prévu de secteur SW de 10/15 noeuds  ne devrait pas lever une grosse mer.

            Au moment de lever l'ancre,sous la pluie, un gros catamaran à moteur approche. Nous sommes tout seuls au milieu de la baie, ce ne peut être que pour nous. Sur la coque du cata est inscrit : "POLICE". Et c'est reparti pour un contrôle supplémentaire. Tout à fait correct certes mais sous la pluie au moment de remonter le mouillage.....

            Dix minutes plus tard, mouillage à poste, la visibilité s'améliore de plus en plus et miracle la journée va devenir ensoleillée. Enfin la côte de Terre-Neuve depuis la mer se dévoile. Une côte découpée, rocheuse, de granit presque rose, surmontée d'une rare végétation de mousse et de résineux avec, au fond des baies, quelques hameaux aux maisons disséminées etcolorées. A certains caps s'élèvent des phares, seules constructions dominant la mer sur cette côte habituellement battue par les vents et la mer en colère.

            L'entrée de Fermeuse ressemble à bien des fjords norvégiens ou écossais. Une belle végétation de résineux, dense, d'une jolie couleur vert tendre, habille les flancs du fjord. De rares maisons, aujourd'hui ensoleillées, s'agrippent sur les parois. Le quai public, encombré de bateaux de pêche désarmés, a un espace encore libre pour accoster.

             Après cette journée lumineuse et la fin d'après-midi toujours aussi belle, profitons-en pour aller vadrouiller dans la campagne avoisinante. Ici,  il n'y a pas de vrai ville, seulement des maisons éparpillées et une petite épicerie.

















16 août : Escale prévue ce soir à Saint Jean de Terre-Neuve. Le séjour  a été prolongé à Fermeuse car hier pour aller sur St John's le vent était Nord de 20 noeuds avec rafales à 25, aujourd'hui Est 10/15 noeuds ce qui était parfait pour longer la côte Est de la péninsule d'Avalon. Et si hier il faisait maussade dès ce matin le soleil brillait au travers de nuages épars. Il est bon parfois de savoir attendre pour profiter pleinement d'une petite croisière. Un vrai plaisir de naviguer au soleil accompagné  d'une brise constante, de pouvoir admirer la côte et ses hautes falaises infractueuses, plantées de sapins, survolées de milliers d'oiseaux (macareux, fulmars, fous de bassan).

            L'entrée du port de St John's se fait en empruntant un couloir étroit (dénommé The Narrow)  entre deux hautes falaises escarpées et la mer brisant de chaque côté. Impressionant, d'autant plus qu'une forte houle chahute le passage. Ce couloir s'ouvre sur une grande baie aux flancs encombrés de maisons colorées et aux rives transformées en quai. Pas de facilités pour les bateaux de plaisance de passage si ce n'est deux pontons flottants de 15 m chacun sur lesquels on peut s'amarrer. Pas de toilettes, pas de douche et encore moins de connexion par wifi.

            

Jeudi