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Livre de bord 2012
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Nouvelles du bord

2012

  

30 juin : Départ aux aurores pour Portland dans le Maine sur la côte est. Pour raccourcir la route de 140 milles nous ne passerons pas le Cap Cod mais le  Cap Cod canal 8 milles de long qui assure la passage de Buzzards Bay à Cap Cod Bay . Le tout est d'arriver au bon moment de la marée pour ne pas avoir le courant contraire qui peut monter à 4,5 noeuds voire plus en vive-eaux. 40 milles depuis Jamestown et arriver à l'heure. Le rendez-vous ne sera manqué. Le canal sera passé en moins d'une heure avec plus de 10 noeuds sur le fond. Temps beau et chaud, vent de sud-ouest 15/20 noeuds stable et régulier. Mer de moins de 1 mètre. Toute la soirée il en sera ainsi. Dans la nuit éclairée par une belle lune montante sous une voute céleste magifiquement étoilée, Noème glissera sans heurt sur une mer plate. Depuis combien de temps cela n'est-il pas arrivé? Impossible de s'en souvenir mais quel plaisir. Quasiment aucun bateau croisé dans la nuit y compris dans le rail qui mène à Boston sauf quelques rares pêcheurs entrevus loin sur l'horizon.

            L'aube apparaît à 3 heures et demi, le ciel s'éclaircit de plus en plus, prélude à une journée ensoleillée. A 10 heures le vent refuse : fin du trajet au moteur. La baie de Portland est encombrée de voiliers, bateaux à moteur filant et s'agitant en tous sens sur ce vaste plan d'eau sur lequel évoluent également de nombreux voiliers d'écoles de voile en compagnie d'énormes cargos dirigés par des remorqueurs.

            Une place a été retenue à Sunset marina par courriel mais au vu du tarif proposé (438 $ US pour trois jours) l'offre a été déclinée. La première marina à l'entrée du port propose des mouillages sur bouée pour l'équivalent de 30 € associés à un service de vedette pour descendre à terre, douches et wifi incluses. Ca ira bien pour Portland Yacht Services. La première intention était de mouiller mais impossible car tous les mouillages sont occupés par des bouées privées et il est interdit de mouiller dans le port bien qu'il y ait de la place.

























5 juillet :  Destination très populaire l'été, le Maine est un état frontalier du Canada à la nature encore préservée à l'intérieur des terres. La côte extrêmement découpée, parsemée d'innombrables îles et la belle luminosité en fait un paradis pour la navigation de plaisance mais les eaux sont malheureusement infestées par un incroyable nombre de casiers à homard déposés absolument partout, si l'on fait route au moteur il est absolument indispensable de surveiller la route pour éviter un bout dans l'hélice. Le homard s'expose à toutes les tables de Portland c'est une activité de pêche fructueuse.

            En 1609 Samuel de Champlain fonde l'Acadie qui correspond à la région de Terre Neuve et le nord du Maine. A la suite de multiples conflits l'Acadie est finalement cédée aux Anglais qui vers 1750 exterminerons et déporterons la population Acadienne (d'origine Française) vers l'Europe dans des conditions si épouvantables que la plupart d'entre-eux y laisseront la vie. Les survivants, incapables de s'adapter à leurs nouvelles conditions d'existence, repartiront vers la Louisiane rejoindre  une colonie d'Acadiens qui s'y étaient réfugiés au moment des massacres. 

            Portland la plus grande ville du Maine, 250 000 habitants n'offre pas d'intérêt particulier en dehors du vieux port et de ces quais qui attirent chaque année des milliers de touristes.

            Le temps est chaud et lourd. De nombreux orages se développent le soir. Hier soir, par exemple, il fut si violent que les festivités de l'Independance Day, en particulier le feu d'artifice, ont été remis à ce soir. Cette période orageuse devrait se calmer à la fin de la semaine, le temps devrait redevenir plus stable, ce sera l'occasion de poursuivre le voyage vers Nova Scotia avec comme port d'entrée Shelburne sur la côte sud-est.

            Portland capitale de la pêche au homard, la preuve par l'image.






















            7 juillet : lever à 5 heures du matin pour aller faire le plein de gazole (moins cher qu'au Canada) et il fait déjà grand jour. Dès le départ un vrai gymnkhana s'engage avec les toujours innombrables casiers mouillés anarchiquement dans la baie et les divers chenaux. Il faut rester vigilants pour éviter d'en accrocher un. Vent de sud-ouest 15/18 noeuds, mer belle, soleil voilé. Le beau temps persiste. Le gennaker est envoyé et restera à poste toute la nuit car le vent est faible. Au petit matin une vedette des gardes-côtes canadiens viendra faire un petit tour de Noème, les deux occupants nous saluerons. Un appel sur la VHF pour leur demander ce que nous devons faire. En réponse ils nous souhaiteront tout simplement une bonne journée sans autres formalités. Le vent va encore s'atténuer, la progression est molle. Comme il continue à faire beau la prochaine escale sera Halifax, il n'y aura pas d'escale à Shelburne. La seconde nuit en mer sera tout aussi agréable. Quelques rares bateaux seront croisés et encore d'assez loin.


            9 juillet : à 14 heures le chenal d'accès d'Halifax est devant l'étrave. Le vent s'est renforcé à 17/20 noeuds, la mer est un peu agitée avec tous ces haut-fonds avoisinants.

            Halifax capitale de la Nouvelle-Ecosse fondée en 1749 est une grande ville portuaire installée dans le deuxième plus grand port naturel du monde. De nombreuses maisons géorgiennes aux murs de briques rouges bordent les rues. Des immeubles modernes occupent le centre ville et lui donne une impression de modernisme dynamique. C'est la plus peuplée des villes des provinces atlantiques.

            Au centre ville, en face du musée maritime, les quais ont été amménagés et les bateaux de passage peuvent s'y amarrer. Si le stationnement est gratuit la journée une redevance est appliquée pour ceux qui y passent la nuit. Une fois amarrés la première démarche est d'appeller le centre téléphonique des douanes qui gèrent l'entrée des voiliers de plaisance au Canada. Seul le capitaine peut descendre à terre. Une fois la communication établie votre interlocuteur vous demande les mêmes renseignements que partout ailleurs dans le monde et à la fin de l'entretien vous annonce que des douaniers vont passer à bord pour compléter les formalités. Une heure plus tard environ, deux douaniers montent à bord, posent une ribambelle de questions avant d'aller inspecter discrètement le bateau. Nous n'aurons pas droit aux questions sur le tabac et l'alcool du bord (de toute façon nous n'en avons pas) mais ils seront curieux de connaître nos revenus financiers pour savoir si nous pouvons assumer pécunièrement notre séjour chez eux et ce que nous avons comme aliments et sous quelle forme (seul les conserves sont tolérées). Finalement ils nous délivrent un numéro de permis de séjour pour trois mois, à renouveler éventuellement avant de nous souhaiter de bonnes vacances et de se retirer.

            10 juillet : La place de port étant onéreuse (66 euro pour la nuit) nous décidons de changer d'amarrage. Une place sur corps-mort au fond de la baie de Bedfort Basin au Dartmouth Yacht Club pour quelques jours dans un cadre charmant nous ira très bien.




















            


            

            14 juillet : Location d'un véhicule et arrivée de Claire, la soeur de Marie-Hélène, qui rejoint le bord pour une dizaine de jours. L'avantage d'être motorisé c'est de pouvoir visiter l'intérieur de la région où l'on a fait escale et ne pas se contenter simplement des villes côtières et du littoral. Bien souvent l'intérieur est totalement différent de ce que l'on peut rencontrer en bordure de mer.

            A voir à Halifax : -le vaste Musée maritime de l'Atlantique très ludique avec la reconstitution d'un shipchandler de 1900, un volet important sur l'histoire des câbliers (la pose de ces câbles à travers l'Atlantique permit de raccourcir de f'açon extraordinaire la rapidité de diffusion des informations, un premier changement dans les communications interplanétaires), une grande page du naufrage du Titanic et surtout ne pas manquer la visite de l'Acadia,  un navire hydrographique construit en 1913 et  à partir duquel les géographes cartographièrent pour la première fois l'Articque.

            - Le musée canadien de l'immigration du quai 21 :  c'est ici que débarquèrent dans l'espoir d'une vie meilleure, de 1928 à 1971, plus d'un million d'immigrants dont les paroles sont merveilleusement conservées et commentées.

            - La citadelle puissante forteresse qui défendait la ville. En été visites par des guides en costumes d'époque et à midi tapante reconstitution d'exercises militaires d'époque accompagnés de moult coup de fusil et coup de canon, pour l'ambiance.

            



 

            Par la mer de nombreuses baies procurent des mouillages superbes et isolés. Mouiller dans le port de Lunenburg,  descendre pour visiter cette petite ville et port de pêche actif aux maisons colorées accrochées à flanc de collines, classée au patrimoine mondial de l'Unesco depuis 1995, est un vrai plaisir. Rendre visite au petit port de Peggy's Cove peuplé d'une soixantaine d'habitants, port aménagé au milieu d'une crique encombrée de rochers et des quais brinquebalants bordés de vieux hangars en bois décrépit qui abritent quelques rares bateaux de pêche, est surprenant. Prendre un mouillage à Rogue's Roost (44°28.3' N - 63°45.14W) un des plus beau mouillage de la Nouvelle-Ecosse est reposant de solitude.

            Une météo exceptionnelle pendant ces 15 jours, un grand beau temps et une chaleur avoisinant les 28/30°C. De quoi apprécier encore plus tous ces mouillages isolés, sauvages et déserts. Aucun bruit hormis ceux de la nature environnante (cris d'écureuils, chants d'oiseaux, vent dans les frondaisons). Un petit bémol le soir car tous ces mouillages sont infestés de moustiques.














            19 juillet : Retour sur Halifax le temps de profiter d'un Tall ship,  c'est- à-dire un rassemblement de vieux gréements (essentiellement venus des US ) prévu du 19 au 22 juillet. Ces vieux grééments, histoire de la marine à voile, sont toujours un plaisir pour les yeux. On imagine les manoeuvres nécessaires pour manipuler toutes ces voiles et hisser la voilure dans la mâture. Que penser des manoeuvres de réduction de cette même voilure dans le mauvais temps? La vie sur ces voiliers était dure, coriace et les marins endurants.

            Tous ces voiliers redonnent un peu à Halifax son aspect d'antan pour quelques jours.  Affluence importante pour visiter tous ces bâtiments, mais malheureusement la visite bien souvent se limite au pont. Il est bien dommage de ne pouvoir apprécier les agencements et les installations qui faisaient la vie quotidienne des marins qu'ils soient pêcheurs, militaires ou marchands.

Banc et drapeau Acadien