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Svalbard été 2010
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Svalbard été 2010

SPITZBERG ETE 2010

Florø dont les armoiries s’ornent de trois harengs, Florø ville la plus occidentale de la Norvège, Florø autrefois  haut lieu de la pêche aux harengs avec une baie encombrée de milliers de chalutiers, Florø est maintenant tournée vers l’industrie de l’or noir qui procure la plus grande part de l’emploi de la région. De nombreux chantiers navals sur les quais assurent quand même une activité non négligeable de l’industrie locale. Le retour du hareng dans la région pourrait favoriser à nouveau la pêche industrielle mais sans espoir de retrouver les pêches d’antan. La tradition conserve le souvenir de cette abondance et en juin, le deuxième ou le troisième week-end du mois, au centre de la cité se dresse une longue table d’environ 400 mètres recouverte d'assiettes remplies à profusion de harengs, accompagnées de pommes de terre, de pain et de boissons, le tout offert à discrétion aux passants.


Strandgata la rue principale de Florø, bordée d’édifices colorés en bois, principalement du dix-neuvième siècle, est charmante à parcourir sous le soleil. Elle longe la baie qui n’est qu’un long quai où viennent s’amarrer bateaux modernes de travail et de services côtoyant quelques rares bâtiments de travail à voile traditionnels. Tout à la fin du quai une place est réservée à l’Hurtigruten le légendaire express côtier qui fait la route de Bergen vers le nord de la Norvège plusieurs fois par semaine. Les bateaux de la compagnie transportent passagers et marchandises tout au long de la côte norvégienne. Claude Villers raconte dans son livre "Au nord du monde" son périple norvégien à bord du Vesteralen de l'Hurtigruten.


Sur la facade de certaines maisons un écriteau accroché retrace leur histoire et celle des propriétaires qui s’y sont succédés. Au numéro 33, par exemple, séjourna l’écrivain Knut Hamsun. Dans son ouvrage « Vagabond » il décrit une visite à Mme Evanger au bar à vin du quartier voisin. Cet édifice fût construit  en 1860 peu de temps après la fondation de la ville et abrita quelques années une boutique et des bureaux. Le photographe Berg établit ensuite un studio de photographie avant qu’un fournisseur de matériel nautique au début du vingtième siècle ne s’y installe pour de nombreuses années.


Monter sur la colline Storåsen vers une église en bois de bout toute blanche, sise au milieu d’un cimetière qu'embaume l’herbe fraîchement coupée, se fait par une rue ombragée.  Du sommet la  vue plonge vers la baie et les entrelacs des canaux de cet archipel. Un peu plus loin des lacs, aux pieds des montagnes aux sommets enneigés brillants, cernent la ville. Plus bas de petits chemins rocailleux longent les berges et croisent des maisons aux pieds desquelles appontements ou mouillages, parties intégrantes de l'habitation, retiennent les embarcations des propriétaires.


            Le 7 juin destination Måløy par petite brise en empruntant la route intérieure comme l’an passé. Puis passage de Statt, zone côtière de sinistre réputation (tous les plaisanciers norvégiens vous le diront) dès que le vent se lève. Ce jour-là, il se présente tumultueux par 25 nœuds de vent de nord-est, avec une houle croisée et creux de 3,5 mètres environ. Noème au près est chahuté. Finalement après deux heures de navigation à être bousculé et un peu malmené, l'équipage décide d'abandonner la route directe vers Alesund au profit des eaux plus calmes de la route intérieure malgré une distance supérieure de10 miles. Mais aujourd’hui tout est relatif. Avec un vent forcissant 30 nœuds associé à un clapot court de face, la progression au près à tirer des bords dans le fjord devient éreintante d’autant que la pluie se met à tomber drue. Vers vingt heures enfin, l'accostage à un vieux quai vide, aux palplanches branlantes protégées par d'énormes pneus bien noirs et crasseux, dans l’avant port d’Ålesund, achèvera une journée de navigation pénible.


            La ville d’Ålesund installée sur une presqu'île étroite en forme d'hameçon, accueillante et colorée, fut entièrment reconstruite après un incendie qui la ravagea en janvier 1904 dans un style Art Nouveau. De nombreux immeubles enjolivés de tourelles, de gargouilles et d'ornements traditionnels bordent les rues. Elle est aussi belle que Bergen pour certains. Il faut absolument gravir le Sukkertoppen qui culmine à 314 mètres. A son sommet le point de vue  sur la ville, son port, son cadre naturel montagneux et une myriades d'îles dispersées alentours, est exceptionnel. Ne pas manquer non plus le musée du Sunnmøre et le Parc de l’atlantique. Le premier situé à 4 km de la ville abrite une collection de navires  (anciens et répliques) vikings et marchands de l’an mil. Le second, à la pointe de la presqu’île, est un immense aquarium autour duquel est organisé différentes sections didactiques, extrêmement bien faites, tournées vers le milieu maritime. Enfin un secteur est dévolu aux bébés phoques orphelins.


            Le 9 juin temps maussade, ciel sombre et menaçant. Au-delà du port l’eau est visiblement agitée par un vent frais. Malgré tout il faut partir. Le vieux quai abandonné à son sort, Noème s’éloigne de l’abri des immeubles et se dirige vers l’entrée. Le vent se renforce. A l’extérieur des digues il souffle pile dans l’axe, atteint 30 nœuds. Impossible de tirer des bords dans le chenal qui donne accès au port, trop étroit. Trois milles au moteur sous une pluie battante et vent de face  avant de pouvoir virer vers l’est dans Midfjord et se retrouver au près. Grand ‘voile à trois ris, trinquette et yankee réduit, Noème progresse en direction de Molde. Peu à peu le vent tombe, les nuages se déchirent. Les ris sont largués les uns après les autres, le yankee déroulé petit à petit, le tout avec prudence. En effet à la perpendiculaire de goulets façonnés entre les flancs des montagnes le vent s’accélère violemment et Noème gîte brutalement. Au début de l’après-midi le ciel est devenu d’un bleu azur. Impossible de déceler le moindre nuage dans les cieux. Etrange pays où cette métamorphose des conditions météorologiques est une composante étonnante des conditions de navigations rencontrées avec comme corollaire des manoeuvres de voiles incessantes.


            Molde, ville industrieuse de presque 20 000 habitants, réputée pour sa  production de roses et son festival de jazz, installée sur la rive nord de Moldefjorden, reconstruite après sa destruction par des raids aériens

                                                                                                

allemands au cours de la Seconde Guerre Mondiale, présente une architecture très moderne et sans grand attrait. Quelques rares et charmantes villas en bois du dix-neuvième siècle subsistent malgré l'histoire et la modernisation effrénée qui gagne l'agglomération. La visite de la ville ne peut s'achever sans avoir grimper au sommet de Varden, 400m plus haut, et là admirer le magnifique paysage que nous offre le point de vue sur Romsdalsfjord, vaste estuaire que dominent 222 sommets enneigés.


            Le 10 juin dans l’après-midi, à 17 heures en route pour un mouillage 12 milles plus au nord : Harøysund. Une entrée étroite, un véritable boyau rocheux qui s’ouvre sur une vaste baie au plan d’eau d’un calme surprenant; un vrai miroir. Quelques rares constructions en bois installées sur les berges, un quai commercial, et partout sur l’eau des oiseaux. Un mouillage plaisant et très sécurisant. L’ancre descend dans 5 mètres d’eau sur fond de sable, une petite marche arrière au moteur et elle croche tout de suite. La nuit (peut-on parler de nuit à ces latitudes?) sera calme, silencieuse et reposante.

            

            Au matin du 11 juin l’ancre est relevée dans la brume, le beau temps de ces deux derniers jours est passé. Absence de vent, pluie fine et pénétrante. Une navigation sans beaucoup d’intérêt jusqu’à Kristiansund. Le temps est si bouché que les berges des fjords empruntés sont invisibles. Arrivés à Kristiansund deux jours de pluies intenses repousseront le départ au matin du 13 juin. De Kristiansund nous n’aurons rien vu. Trop de pluie, de froid et de vent. Cette étape se solde par un séjour, enfermés dans le bateau, au ponton de la marina. Chauffage et lecture au programme pour laisser passer la pluie.


            Le 13 juin  sous un ciel éclairci appareillage de Kristiansund. Journée de navigation ordinaire. L’étape du soir est à Vågen sur l’île de Storfosna au nord de l’entrée de Trondheimsleia. Un alignement donne accès à une passe étroite de seulement 3/4 mètres de fond  en son milieu. La passe s’ouvre sur un lagon aux eaux calmes. Le mouillage est pris au nord-est dans un fond de sable de bonne tenue. Là aussi quelques rares maisons en bois, toujours aussi colorées, sont dispersées sur la rive. De nombreux eiders en parade nuptiale s’agitent sur le plan d’eau, mais à distance de Noème. Ce mouillage est une halte pleine de sérénité sur la route du nord.


            L’escale aurait pu se prolonger mais il faut continuer, le but du voyage n’est pas encore atteint, la route encore longue. Le mouillage est quitté à regret sous la pluie. Encore de la pluie et du vent. Cette année décidément la météo est exécrable. A la fin de la journée, la navigation sera récompensée par une halte dans un petit port tout à fait remarquable : Sᴂtervågen. L’entrée en forme d’esse, entre une jetée à tribord et de grosses roches à bâbord, est étriquée et ne permet pas à deux bateaux de se croiser. Deux morutiers sont à quai. Un vrai ponton est installé au pied d’un hôtel-bar-restaurant tout de rouge peint. Surprise un voilier Néerlandais y est déjà amarré, c’est le premier voilier que nous croisons depuis Florø, mais l'équipage est absent. Dans le port peu profond émergent des têtes de roches encombrées de mouettes et de goélands. Ces écueils  laissent peu de place pour les manœuvres. Un coup de chance le vent ce soir est modéré et aide à la manoeuvre d’accostage en poussant Noème par le flanc sur le ponton. Tout se passe bien, heureusement car le ponton est court et une vedette d'une dizaine de mètres en occupe une extrémité alors que le voilier Néerlandais est amarré du côté opposé. Sᴂtervågen anse naturelle simplement fermée par une digue qui ainsi assure la protection de nombreux petits bateaux amarrés à des coffres. Des maisons de pêcheurs colorées éparpillées au voisinage du port et une épicerie-bureau de poste constituent ce petit bourg d'une centaine d'habitants. Comme toujours dans ce pays si peu peuplé, aucun habitant sur les chemins et dans les rues. Le lendemain matin un dernier tour à pied de ce charmant village, sous un soleil ressuscité, avant de le quitter par une jolie brise traversière pour aller sur Rorvik, petite ville assoupie, plus au nord dont la particularité est d’avoir un musée à l’architecture ultramoderne et audacieuse. Ce musée retrace la vie côtière des populations locales au cours du temps, leurs méthodes de pêches séculaires et modernes ainsi que les techniques de construction navale de la préhistoire à nos jours.


Appareillage à l’aube du 17 juin, un bon sud-ouest de 25/30 nœuds, une mer rouleuse, une pluie froide et drue, une visibilité quasi nulle. Le long de la route, de loin en loin, surgissent de la brume des masses floues, informes. Les berges du fjord, indiscernables, ne sont pas loin. Rester concentré sur la navigation est primordial. Il y a beaucoup de cailloux dans le coin et Noème avance 8 nœuds sous grand voile à trois ris, trinquette à un ris et plein vent arrière. En fin d’après-midi Sandnessjoen est touché sans avoir changé de bord. L'équipage est  frigorifié et trempé. Avec le vent mal orienté l’accostage ne va pas être une sinécure. Trois fois la manœuvre est répétée avant de pouvoir sauter sur le ponton et passer la première garde pour immobiliser le bateau. Un norvégien descendu de son canote aide à tourner les aussières. Le temps va encore se dégrader, un fort coup de vent est annoncé pour les prochaines 48 heures. Deux jours à rester au chaud et faire sécher les vêtements, le temps que cette énième perturbation passe. Malgré le mauvais temps, avec la complicité de rares éclaircies, promenade dans Sandnessjoen. Dans ce pays toutes les petites et moyennes agglomérations ont à peu près la même architecture. Le centre ville construit autour du port reste le centre d'activité principal avec ses immeubles modernes plus ou moins réussis. Les habitations de bois coloré construites autour du port s’accrochent sur les flancs de la montagne environnante. Une église toujours en bois, avec son cimetière attenant, décentrée, est le plus souvent sur les hauteurs. Au centre  et le long des quais, de nombreux bars avec terrasses où s’agglutinent les norvégiens à l’apparition du moindre rayon de soleil. Les rues s’ornent de nombreuses statues, elles évoquent le quotidien, la nature ou les grands hommes de la Norvège.


  

SPITZBERG ETE 2010

Le départ d’Inverness, chef-lieu des Highlands et lieu d’hivernage de Noème au nord de l’Ecosse est prévu pour la mi-mai. Fin avril direction Inverness en voiture pour préparer le voilier en vue de sa croisière nordique. Temps froid, venté, couvert et neigeux en cette fin d’avril en Ecosse. Chutes de neige et pluie sont entrecoupées de quelques rares éclaircies et d’un soleil timide qui par-ci par-là rendent moins pénible ces journées où le vent ne s’épuise jamais. Seuls les moutons ne sont pas perturbés par ce climat ; recouverts d’une couche de laine épaisse et bouclée, ils broutent tranquillement une herbe bien grasse et parfois daignent abandonner leur verdure pour examiner d’un regard morne ces curieux bipèdes qui les observent les pieds dans la gadoue.


La pluie et les températures trop basses ne permettent pas de caréner dans de bonnes conditions. La carène sera nettoyée juste avant de larguer les amarres. Tout est vérifié et aucune anomalie détectée. A priori tout va bien, Noème n’a pas souffert de l’hiver écossais.


L’approvisionnement est complété et réparti dans les différents coffres. Les vêtements, en particulier les vêtements polaires en prévision des basses températures du grand nord, sont rangés dans les coffres étanches ; pas question qu’ils soient exposés à l’humidité en attendant leur utilisation. Quelques un, compte tenu de la température ambiante, sont déjà sollicités.


Travaux achevés et petits soucis techniques résolus, nous pouvons rentrer à la maison. Une violente chute de neige de plusieurs heures, accompagne le première partie de la route retour. Un vrai temps hivernal. Au fur et à mesure de la descente vers le sud le temps s’améliore. Un temps doux et ensoleillé sévit dans le sud-ouest à notre arrivée.


Les jours avant de remonter en Ecosse, sont mis à profit pour ranger la maison et nettoyer le jardin pour les cinq mois d'absence à venir. Le 12 mai l’avion décolle à l’heure de l’aéroport de Bordeaux Mérignac malgré quelques incertitudes liées à l’éruption du volcan islandais Eyjafjӧll, (un nom imprononçable), qui envoie dans l’atmosphère une telle quantité de poussières volcaniques qu'elles perturbent le trafic aérien sur l’ensemble de l’Europe. A l’approche d’Inverness le survol des Grampians sous le soleil est admirable, particulièrement le massif montagneux granitique des Cairngorms dont les sommets enneigés, aplanis par l’érosion, s’élèvent à plus de 1000 mètres. On aperçoit des plateaux et des vallées, des lacs et des rivières : une véritable carte géographique en relief vue du ciel. Ces étendues venteuses sont dépourvues d’arbres mais couvertes de lichen, de mousse et de bruyère dont on différencie, à travers les hublots, les tonalités de couleur de chacune des plantes. Et c'est l'atterrissage à l’aéroport d’Inverness dans une atmosphère froide que le soleil printanier peine à réchauffer.


Arrivée à la marina et petit tour des pontons pour se remettre dans l’ambiance. Passage à la capitainerie. Un rendez-vous est pris pour sortir Noème de l’eau. Cette fois-ci il faut caréner et passer une peinture sous marine avant d’aller naviguer plus loin. Le 14 mai Noème est mis au sec. Même si de temps en temps  il y a des ondées, s’il n’y en avait pas ce ne serait plus l’Ecosse, cela n’entravera pas le nettoyage et la peinture de la carène. Remise à l’eau deux jours plus tard, sans avoir oublié de changer les anodes de l’hélice. Dernières vérifications et attente d’une fenêtre météo correcte pour entamer la croisière et s’amariner progrssivement après six mois passés à terre.


Le voyage, jusqu'à Tromsø, va emprunter presque la même route que celle suivie l’été précédent. Ce printemps avec un départ d’Inverness le 23 mai pour le 18 mai de Pauillac l’an passé, les deux semaines de navigation nécessaires à rallier  l’Ecosse seront mises à profit pour faire de plus longues relâches aux  Orcades et Shetland.


Première escale à Wick. De nouveau Kirkwall, puis traversée de l’archipel des Orcades avec une escale à Pierowall sur Westray « la reine des îles ». Du 29 au 31 mai arrêt à Lerwick capitale des  Shetland. De là route vers Symbester sur l’île de Whalsay et enfin Baltasound sur l’île de Unst  tout au nord des Shetland. Ces deux archipels sont splendides et méritent un chapitre  à eux seuls, d’autant plus qu’à notre retour  nous y ferons d’autres escales ainsi qu’un arrêt sur Fair Isle « un joyau dans l’océan ».

            

            Unst est la plus nord des îles Britanniques. Baltasound, la ville principale (!) sur la côte est, située dans une baie profonde dont l’entrée est protégée par la petite île Balta qui délimite deux passages pour l’accès à cette baie: un nord et un sud. Le port avec une petite marina se trouve sur la côte nord de la baie. On y accède par un chenal bien balisé par la passe sud qui laisse à bâbord et à tribord des fermes marines. La marina ne peut accueillir que de petites embarcations. Un ponton est installé sur le bord ouest de la jetée et accepte des bateaux jusqu’à une taille d’une quinzaine de mètres. Attention il n’y a qu’une place. Si elle est occupée on peut se mettre à couple au bateau déjà à poste ou à un bateau de pêche sinon aller mouiller au sud ouest du môle dans des fonds de sable de bonne tenue. A peine amarré le "harbour master", plus britannique que nature (costume sombre strict et cravate club, sourire chevalin) surgit avec sa voiture, descend de celle-ci, s'empresse de nous souhaiter la bienvenue, nous fait l’article de tous les attraits de son île et fournit une documentation rédigée par lui-même précise-t-il. Il doit avoir peur que le touriste s'évapore. En effet il y a peu de voiliers de passage (britanniques ou étrangers) dans ce port le plus haut en latitude des Îles Britaniques. Devant Noème un voilier battant pavillon Australien est à couple d'un pêcheur. Il y a affluence en ce début de mois de juin.

            

Mme et Mr Eider

La visite du Spitzberg est à nouveau au programme de la navigation de cet été. Les déboires de l’année passée, panne de l’inverseur, sont oubliés.

  

            Bien sûr temps couvert et froid pour découvrir cette île plate de 120 km², sans arbres et environ 600 habitants. L’habitat y est dispersé, pas de vraie ville même si Baltasound avec son port fait office de centre urbain. Des fermes éparpillées dans la lande, certaines abandonnées, et surtout une poste, la poste la plus septentrionale du Royaume-Uni.



Dans de grandes prairies des moutons et des poneys des Shetland paissent imperturbables. Un tiers de la population totale de ces petits chevaux spécifiques de cette région, se trouve sur Unst. Une autre originalité de Unst est de posséder la plus grande concentration de longères viking (maisons tout en longueur dans lesquelles logeait le clan) dans le monde, faisant de ce lieu un centre d’étude privilégié de la vie viking aux Shetland. Le Unst Heritage Center montre à travers la géologie, les textiles, la pêche, la vie à ferme l’histoire de l’île. Le Unst Boat Haven détient une importante collection de bateaux de travail y compris à la voile, les murs sont peints de scènes de la vie de pêcheurs en pleine action sur leurs embarcations. Au sud-est, à Uyeasound se dresse fièrement les ruines de Muness Castle, construit en 1598 et détruit cinquante ans plus tard par une attaque de pirates danois. Il ne fut jamais reconstruit. 


La curiosité la plus surprenante, d’un humour très anglais, est un arrêt de bus d’une couleur orange vif et aménagé comme un véritable salon (sofa, coussins, ordinateur, rideaux), très douillet pour attendre le bus l’hiver et même l’été.

            

            Cette agréable, promenade en forme de boucle, débutée au port, malgré un temps gris, venteux mais sans pluie, s'achève au port. 


            Le départ prévu le lendemain va être différé de 24 heures. Dans la nuit le vent tourne au sud-ouest forcit 30/35 nœuds et nous voilà ballotés gentiment pendant les 24 heures suivantes sur un petit ponton à peine plus long que Noème. Nous restons à bord car les pare-battages remontent sur le ponton et ce n'est pas une sinécure que de repousser le bateau et insérer à nouveau les protections entre la coque et le ponton. Le clapot très court chahute méchamment Noème qui cogne le ponton avec une forte gîte, heureusement les défenses sont solides et suffisamment nombreuses pour protéger la coque. L’équipage sera distrait du mauvais temps par une parade nuptiale de canards Eider peu perturbés par les conditions météorologiques. Mme eider ayant choisi son compagnon chassera les autres amoureux de façon véhémente.

            

            En fin de journée le vent se calme ainsi que le clapot. La prévision météo pour le lendemain : vent de nord-ouest 20/25 nœuds. La préparation de traversée de la Mer du Nord ne pose pas de problèmes particuliers. Il est prévu de remonter au nord-est jusqu’au puits de pétrole Magnus oil qui limite le champ des plateformes pétrolières au nord-ouest même si cela rallonge la route, ensuite de faire route au nord-nord-est pour se retrouver au-dessus de la zone et de gagner Ålesund pour arriver au nord de Statt une zone particulièrement dangereuse de la côte norvégienne quel que soit le temps.


            Le 3 juin départ en fin de matinée en empruntant la passe nord accompagnés d’un crachin tenace, froid et pénétrant. Très vite Unst s’estompe dans la bruine. Toute voilure dehors Noème avance bon train. Assez rapidement le vent tourne Nord, la route est infléchie, pour ne pas avoir à tirer de bord. La décision est prise de passer dans la zone des plateformes. La nuit est claire malgré le temps couvert par 61° degrés nord en ce début de mois de juin. La navigation et la veille sont aussi facilitées par l’éclairage des plateformes pétrolières et leurs torchères qui illuminent le ciel. La progression se poursuit mais le vent continue à tourner pour se stabiliser au Nord-Nord-Est tout en forcissant 25/30 nœuds. Nous nous rendons compte que sauf à tirer des bords nous ne pourrons pas rejoindre Ålesund. Réduction de voilure et route à l’est, tant pis pour Ålesund et Statt aucune envie de tirer des bords au milieu des puits de pétrole. Nouveau changement de route et finalement destination Florø en prévoyant d’emprunter la passe nord plus large et plus profonde et certainement moins agitée que la sud étroite et bordée de haut fond.


            Le reste de la route se fait au près très très serré avec une bonne gîte mais ça passe pour le chenal nord. A l'assaut des vagues, aspergés d'eau froide salée, la route est maintenue, le pilote ne fait pas défaut et barre parfaitement malgré la mer qui se lève. Le vent va faiblir un petit moment en fin d’après-midi et se reprendre plus tard provoquant quelques manœuvres de voiles bien utiles pour réchauffer l’équipage en vue des côtes de Norvège.

            

            Dès que le chenal est embouqué tout se calme par miracle : le vent, la mer. Au ralenti Noème glisse poussé par la brise du soir  dans un goulet entouré de montagnes surmonté d'un ciel embrasé par les derniers rayons de soleil. Quel contraste entre le vent et l’agitation de la traversée et le calme qui règne maintenant, associé à la beauté du paysage environnant. Les deux heures de navigation dans les chenaux pour arriver à la marina de Florø sont un vrai plaisir de détente. Et brusquement le vent disparait. Le moteur est sollicité pour les derniers miles. Un long quai extérieur est longé avant de pénétrer dans la marina. Trouver une place ne va pas être difficile, la marina est quasiment vide. A 23 heures, voilier assuré au ponton, un petit souper chaud et au lit.