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Nouvelles du bord

2013

  

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20 octobre : L'Îsle aux Morts ou Island of the Dead en anglais. La côte infestée de hauts-fonds, de récifs et autres écueils menaçants, inondée de brume et exposée au mauvais temps chronique, fût le théatre d'innombrables et terribles naufrages avant que les progrès de la technique navale ne procurent aux marins d'aujourd'hui une relative sérénité à naviguer en ces parages hasardeux pour rejoindre le port de Îsle aux Morts.

La preuve en est qu'en  novembre 1981 un  astrolabe découvert dans une des nombreuses épaves coulées le long de cette côte, portait gravé sur son fût la date de l'année de sa production et le nom de son fabriquant : 1628 et Y. Deas, célèbre fabriquant portugais d'astrolabe. Les astrolabes portugais ont la particularité d'être gradués uniquement pour la distance zénithale. Ce type d'astrolabe est rare. Un seul a donc été découvert au Canada et seulement 3 autres dans le reste du monde.

Deux ans plus tard, découverte sur le même site d'un nouvel astrolabe sur lequel était gravé : "1617" et "Adrian Hollande" sans que l'on puisse déterminer si le nom était celui du propriétaire ou du marin.

Durant plusieurs siècles la pêche fut la principale activité de cette communauté et comptat jusqu'à 1000 habitants. Depuis le déclin de la pêche, la jeune génération s'en est allée, faute de pouvoir trouver du travail sur place. Ainsi ces communautés meurent-elles lentement.

Un beau chemin de randonnée appelé Harvey Trail en l'honneur de la plus célèbre famille de Îsle aux Morts traverse la ville et s'étire le long de la côte sur plusieurs kilomètres. La famille Harvey en 1828, avec l'aide de leur chien Terre-Neuve "Hairyman" portèrent secours à l'équipage du brick "Despatch" échoué sur les récifs et sauvèrent ainsi 163 marins. Le courage de Ann, la fille de Goerge Harvey, 17 ans à l'époque du sauvetage fut exemplaire au point que tous les ans est commémoré par une journée de festivité (11/07) cet exploit. En 1838 ils récidivèrent et sauvèrent 25 membres d'équipage d'un bateau de Glasgow le "Rankin".

  

22 octobre : Dernière escale avant le retour à Saint Pierre : La Poile. L'origine du nom viendrait du surnon des soldats français "Les Poiles". Ces soldats patrouillaient dans cette zone afin de décourager l'installation permanente des gens de St Pierre. Les habitants de St Pierre venaient non seulement pour la pêche mais aussi pour abattre des arbres, les forêts de St Pierre et Miquelon étant peu importantes ne fournissaient pas le bois nécessaire à la vie sur ces îles.

La Poile est une toute petite communauté de pêcheurs d'environ une centaine d'individus qui vivent retirés du monde puisque le seul lien avec l'extérieur, hormis  la télévision, reste le ferry journalier qui assure l'approvisionnement de cette population dont la principale activité, malgré tout, reste la pêche ce qui lui permet de survivre.

Le port, aux quais entretenus, est bien protégé des coups de vents comme celui attendu demain. Décidément les jours de beau temps et de mauvais temps alternent avec une régularité de métronome. Le climat de la province de Terre-Neuve est remarquable pour ses fluctuations saisonnières importantes et son instabilité, ainsi que pour ses sautes d'humeur qui rendent souvent difficile la prévision des conditions atmosphériques. Alors il faut faire avec et bien prendre les informations météo deux fois par jour au moins.

Exceptionnellement c'est la seule halte où personne ne viendra faire la conversation, même en nous mélant au rituel attroupement à l'arrivée du ferry, le seul moment d'activité de la journée qui fait sortir les villageois de chez eux. Tant pis.

Le village construit à flanc de colline, dispose d'une rue principale cimentée qui traverse tout le village de part en part avec quelques rares rues adjacentes bordées de maisons en bois et multicolores. Un quad parfois passe dans un bruit de casserole vers une destination inconnue. Le médecin et le curé, eux ne viennent qu'une fois par mois, et encore, que si les conditions météorologiques le permettent.

22 octobre : 120 milles pour arriver à destination. Beau temps prévu peu de vent en début de matinée puis vent de nord-ouest 5/10, 15 dans la journée et en soirée "wind light". Partis au moteur nous sommes vite confrontés, hors de protection de la côte à une mer croisée inconfortable, résultante de trois trains de houle de directions différentes. Avec le peu de vent  impossible d'être suffisament rapide pour échapper un peu à ces mouvements désordonnés. Dans l'après-midi le vent montera à 15 noeuds et ce sera un peu plus confortable. Nous avons choisi de passer au nord de Miquelon pour rejoindre Saint Pierre, car ainsi nous serons protégés par Miquelon et Langlade de cette mer désagréable.

A 21 h le Cap du nid à l'aigle et doublé, direction plein sud sur Saint Pierre. Petit à petit le vent refuse et nous oblige à lancer le moteur pour ne pas rester encalminés, un nouveau coup de vent de sud-est est annoncé pour le lendemain dans l'après-midi. La dernière nuit sera claire avec une voûte céleste splendide, une lune descendante qui éclairera les dernières heures de navigation. La visibilité est exceptionnelle, le phare du petit Saint Pierre s'aperçoit de loin. L'entrée du havre de Saint Pierre approche et la mise au quai se fera à deux heures du matin au quai de l'école de voile.


8 novembre : Les rares belles journées, depuis notre retour à SPM, nous ont quand même permis de préparer le bateau à son hivernage en particulier sécher les voiles ainsi que les cordages. Aujourd'hui nous avons pu mettre Noème au sec au même endroit que l'an passé. Un second voilier va aussi hiverner à côté de Noème : Back of the Moon, un Maracuja qui a déjà hiverné ici il y a une quinzaine d'année.

Les deux voiliers ont été levés en deux heures. Vite fait bien fait. "Quinquin", surnom du grutier, commence à avoir l'habitude de ce genre de levage. Et bien sûr merci à Manu et Christine de l'école de voile pour leur coup de main. Noublions pas Alain Menu ainsi que Danielle la secrétaire de l'école de voile qui devrait nous remettre une petite vidéo de l'évènement.


10 novembre : Coque nettoyée, carène propre, défenses rentrées, demain nous allons pouvoir passer l'antifouling. Cela sera plus facile que de le faire au mois d'avril car les températures sont toujours basses au début du printemps, l'hiver prenant tout son temps en ces contrées pour se retirer et laisser la place au printemps.

Photo Danièle Meubry

Photo Danièle Meubry

Photo Danièle Meubry