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Livre de bord 2013
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Nouvelles du bord

2013

  

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En fin de soirée une légère agitation parcourt ces ruelles montueuses. L'escarpement du fjord est si important que l'ombre a envahi tôt toute la vallée et le bras de mer, seuls les sommets sont encore ensoleillés. Quelques  quidams quittent leurs maisons et se dirigent vers le port par les rues éclairées prématurément. Au loin, à l'entrée du fjord se dessine la silhouette d'un bateau. C'est le traversier, le seul lien avec le monde extérieur. Très vite le ferry est là dans le port, bientôt à quai. Déjà un petit attroupement se forme, les conversations s'activent, des exclamations de joie fusent, quelques marmots accompagnent les adultes et s'égaillent sur le quai.

Le traversier accoste, les amarres sont lancées, les lamaneurs les tournent aux bittes d'amarrage, dans un même élan la passerelle descend sur le quai pendant que la grue du ferry s'active et commence à débarquer les colis et les quads alors que les passagers rejoignent le quai et l'assemblée.

Dix minutes plus tard le quai est redevenu silencieux, les rues de ce petit village sont à nouveau vidées de ses habitants. La paix envahit le lieu pendant que la fraîcheur tombe rapidement et que la pénombre s'intensifie. Il est temps de regagner le bord.

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12 octobre : Persistance d'un beau temps froid par vent de nord 15/20 noeuds. Prochaine destination Burgeo, une toute petite ville installée sur une côte très découpée, au port minuscule et dont l'entrée se fait par un étroit goulet encadré de rochers. Cela semble bien scabreux de s'y engager. Un petit peu plus loin il y a l'ancien Fish Plant mais s'il n'est pas encore en ruine son état de délabrement ne nous incite guère à y accoster. Il en va ainsi de nombreux quais qui autrefois dévolus à la pêche dépendaient de l'usine de transformation de poisson attenante. Depuis 2008 de nombreuses usines ,pour ne pas dire la quasi totalité, ont fermé, et tous ces quais construits essentiellement en bois se dégradent fort rapidement en l'absence d'entretien, la rudesse du climat local accélère le processus. Ce défaut d'entretien est bien regrettable pour la longévité des quais.

Demi-tour pour aller au quai du ferry. Juste en prolongement de ce dernier un quai public d'une vingtaine de mètres peut nous accueillir et il est libre. A la question posée à un passant celui-ci nous répond qu'il n'y a pas de raison que nous ne puissions nous amarrer car aucun bateau n'y accoste. Confirmation quelques instant plus tard par les employés de la compagnie du ferry qui viennent d'arriver pour accueillir justement le ferry.

La ville est reliée au réseau routier par une route qui rejoint la fameuse transcanadienne et n'est donc pas aussi isolée du monde extérieur comme d'autres communautés voisines. Un escalier de bois mène à un belvédère. De là une  extraordinaire vue du cadre sur lequel est construite Burgeo s'offre à votre regard. Un ensemble de collines granitiques tortueuses et tourmentées, d'îlots et de rochers baignant dans une mer qui s'infiltre partout dans d'innombrables infractuosités et petits bras de mer. La mer, que nulle brise ne vient rider, se fait miroir. C'est très beau.

Le port

Entrée

13 octobre : Premier grand froid ce matin. Une belle gelée recouvre le pont, elle est si épaisse que le revêtement antidérapant en est devenu inefficace. Prudence en effectuant les manoeuvres de départ. Le ciel clair est annonciateur d'une belle journée ensoleillée mais hélas probablement sans vent. Une petite cinquantaine de milles nous attend pour rejoindre Rose Blanche et ses deux ports, un autre patronyme qui sonne bien français, héritage du French Shore. Seuls les noms en français ont survécu. Le français, comme langue parlée, a disparu du sud de Terre-Neuve. Le nom ne vient pas d'une fleur mais est la déformation de "Roche Blanche" car ici il y a beaucoup de quartz, il donne à la roche un aspect blanc. Et puis franchement le climat est bien trop rude pour que poussent des roses sur ces cailloux. Le peuplement débuta vers 1810 par quelques familles qui vinrent s'installer après que le site eut été fréquenté par des pêcheurs français saisonniers qui eux ne firent pas souche.












Un phare remarquable est érigé à l'entrée de la passe de Rose Blanche. Ce phare, dont la construction débuta en 1871, fut construit par des ouvriers du cru à l'aide de granit provenant de carrières locales pour sécuriser l'entrée de ce petit port de pêche. Il entra en fonction en 1873 pour s'éteindre en 1940. Six gardiens de phare se sont succédés pour assurer le fonctionnement de la lanterne dont la lumière était visible à 13 milles par temps clair. Tombé en ruine sa restauration débuta en 1996 et fut achevée en 1999. Il fut le premier phare de Terre-Neuve a être classé aux momuments historiques de l'île. Il est ouvert à la visite durant l'été.

La pêche ayant disparu la population se réduit comme peau de chagrin car l'économie locale offre peu de débouchés à la nouvelle génération. Reste essentiellement une population de retraités.

Le site est très agréable malgré les vestiges de l'usine de transformation de poisson et les quais qui eux aussi menacent ruines.

  

14 octobre :  La destination du jour : Port aux Basques. Traversée sous un soleil radieux de 30 milles (au moteur faute de vent) depuis  Rose Blanche.

Dès le début du 16 ème siècle les pêcheurs de baleines basques vinrent s'installer en cet endroit et y fondèrent une ville car c'est un port naturel large, libre de glace toute l'année, protégé des vents de toutes directions. Cette ville apparaît pour la première fois sur une carte de Terre-Neuve en 1687 (carte de Johannes van Keulen).

Un phare est contruit au Cap Ray pour sécuriser la navigation dans le Golfe du Saint Laurent. Phare financé par le gouvernement canadien bien que Terre-Neuve soit anglaise puisqu'elle ne rentrera dans la Confédération Canadienne qu'en 1949.

En 1893 c'est l'arrivée du chemin de fer grâce au prolongement de la ligne depuis Saint George. Son activité cessera en 1969 pour le transport de passagers et en 1988 pour les activités de transport de marchandises.

En 1898, le 30 juin, le premier ferry arrive, il assure la liaison avec la ville de Sydney située au nord de la Nouvelle-Ecosse sur l'île de Cap Breton. Cette liaison maritime n'a jamais été interrompue et assure la continuité des transports depuis le reste du Canada par la route transcanadienne sur Terre-Neuve.

Aujourd'hui le port de pêche n'a quasiment plus aucune activité. Les quais ont été reconverti pour partie à la plaisance mais cette activité est elle-même très réduite. Les quais là aussi menacent ruine, les sanitaires étaient à l'abandon lors de notre passage. La seule vrai activité portuaire est celle générée par le bac même si quelques bateaux de pêche traînent dans le port.

La ville très étendue n'a pas beaucoup d'attrait.  Le temps a tourné à la pluie et au vent pendant notre séjour. Difficile de déambuler par ce temps excécrable dans une ville qui n'offre aucun point d'intérêt. Nous sommes quand même allés à la "Library", à plus d'une heure de marche du port, pour bénéficier d'une connexion internet car au port il n'y en a pas. 

16 octobre : Codroy petite communauté d'une cinquantaine d'habitants sera la dernière halte avant d'envisager le retour vers Saint Pierre. Le vent obstinément à l'ouest ne favorise pas une route confortable pour naviguer vers les Îles de la Madeleine. Le temps est de plus en plus agité alternant calme plat et coup de vent. Cela dure depuis bientôt une semaine. Il nous faut être à Saint Pierre pour préparer Noème pour l'hivernage et nous devons rentrer en métropole à la mi-novembre. Nous ne pouvons pas prendre le risque de nous retrouver loin de Saint Pierre avec une météo difficile comme il y en a ici en automne.

Codroy dont l'origine du nom vient du mot roy français et de Cod le nom de la morue en anglais. C'est une petite île reliée à la terre par une digue qui a renforcé un isthme naturel submergé. L'entrée en S protège le port de la houle quelle qu'en soit sa direction et de plus il est protégé de toutes les directions du vent. Le lendemain de l'arrivée il y aura un coup de vent de sud-est 35/40 noeuds qui confirmera les qualités de cet abri.

Dès l'accostage, les employés de l'usine de transformation de poisson, une des rares encore en activité, viennent prendre nos amarres et nous annoncent que la tempête de sud-est sera bien là demain et que le port est bien protégé. Les quais sont en bon état, l'usine active et les villageois diserts et aimables. Malheureusement l'activité principale de l'usine est de traiter du saumon d'élevage qui arrive par camions. Où sont les pêches d'antan?

L'église, qui domine de la falaise la vallée de Codroy avec à ses pieds un vieux cimetière, est à visiter. Elle est un excellent amer. L'église originelle fut détuite en janvier 1912 par une violente tempête, en août 1914 la nouvelle église était achevée et surtout construite beaucoup plus solidement que la précédente, récement restaurée elle est maintenant classée au Patrimoine des monuments de Terre-Neuve.