Accueil
2011 p1
2010 p1
Accueil
2011 p1
2010 p1

Nouvelles du bord

2010

9 juillet


            De retour à Lonyearbyen après avoir passé trois nuits au mouillage dont une au pied de la ville minière abandonnée russe Pyramiden. Il ne reste que des installations rouillées, des bâtiments désaffectés, un vieux quai en bois vermoulu. Etrange de parcourir ce lieu où plus de 500 Russes vécurent pour exploiter la houille dans des conditions rudes.

            Le paysage offre des montagnes aux couleurs surprenantes, aux sommets érodés, plats, avec des vallées nombreuses autrefois occupées par des glaciers. La glace des glaciers est parfois d'un bleu azur intense et d'autant plus qu'elle est illuminée par le soleil. Phoques et oiseaux se prélassent sur les morceaux de glace que les glaciers vêlent dans un grondement fracassant créant un petit tsunami qui fait gigoter le bateau au moment où la vague l'atteint.

            Départ demain vers le nord après avoir accueilli un couple d'amis, eux-mêmes constructeurs amateurs, qui nous font le plaisir de nous rejoindre pour quelques jours.





















10 juillet

            Tout de suite dans le bain les équipiers, après une visite de Longyearbyen. Départ en fin d'après-midi pour le nord du Svalbard. Temps froid, venté et pluvieux. A deux heures du matin un mouillage est pris dans une petite baie de la côte ouest à Farmhamna dans Forlandsund. La visibilité, tout le long du trajet, était réduite à sa plus simple expression. Impossible de distinguer la côte. L'ancre refusera de crocher à deux reprises, la troisième tentative sera la bonne. Le fond est tapissé d'algues gigantesques qui empêchent l'ancre de s'accrocher. Le lendemain le temps encore plus exécrable nous fait prolonger l'escale.


12 juillet

            L'ancre remontée dans le brouillard, Noème quitte la petite baie protectrice, toujours en direction du nord vers Ny Alesund. Petit à petit le brouillard se déchire et laisse place au soleil. Tout au long du rivage de nombreux glaciers aux couleurs bleutées, se jettent dans la mer. Parfois un grondement sourd accompagne la chute d'un bloc de glace.

            L'arrivée à Ny Ålesund, sous un ciel bleu lumineux, est fantastique. La ville est située dans un cadre considéré comme l'un des plus beaux du monde. Au fond de la baie un immense glacier, entouré de pics élevés (plus de 1000 m), fait sentir son souffle froid au fur et à mesure de notre approche.

            Ny Ålesund, après la fermeture de la mine de charbon en 1963 (ouverte en 1916) s'est transformée en base scientifique internationale (France, Norvège, Grande Bretagne, Chine, Inde, Corée, Japon etc..). Une trentaine de chercheurs y passent toute l'année, pour un peu plus de 130 l'été. La ville est toute petite et revendique le titre de la ville la plus septentrionale du monde.

            C'est de là que partirent au début du XX ème siècle de nombreuses expéditions pour le pôle nord. Il reste le mât d'amarrage des dirigeables de Nobile et Amundsen. Il y a aussi un musée intéressant qui retrace la vie de la mine et des mineurs.

            A la limite de la ville une nombreuse colonie de sterne arctique nidifie à même le sol et couve un ou deux oeufs. Si la sterne estime que l'on s'approche trop près de son nid, agressive elle attaque en piqué bec pointé vers le sommet de votre crâne. Un peu partout de nombreux couples d'oies bernaches surveillent les premiers pas de leur progéniture. Un peu plus loin des rennes broutent le maigre lichen. Sous une maison une renarde arctique (espèce endémique au Svalbard) surveille deux renardeaux en train de jouer.

            

13 juillet

            Direction Magdalenefjord. Les glaciers échelonnés le long de la côte engendrent des variations de températures significatives à leur passage. Vers 22 heures la baie de Magdalenefjord, entourée de pics acérés et de glaciers blanc bleutés, offre ses eaux turquoise parsemées de nombreux blocs de glace flottants et crépitants.

            Le mouillage est superbe sous le soleil toujours présent depuis hier.

            C'est le point le plus haut en latitude que nous atteindrons soit 79°33'555.


14 juillet

            La descente vers le sud est commencée. L'île Prins Karl Forlandet est longée dans la pluie, le brouillard et le froid. L'ancre est mouillée le soir à Brucebukta au sud de l'île, classée parc national pour la protection des morses, des phoques et des otaries. D'ailleurs des morses paressent sur la plage, d'autres s'agitent dans l'eau près de la plage.


15 juillet

            La prochaine escale est Barentsburg, une ville minière russe encore en activité, habitée par 500 personnes environ. Une fois accosté à un ponton branlant, le quai est gagné en montant une vieille échelle de bois à moitié déglinguée, retenue au quai par deux bouts de ficelle. Les quais sont délabrés, couverts de suie et de poussière de charbon qui vole partout. Un escalier majestueux de 283 marches conduit au centre de la ville. On débarque dans un autre monde, pour ne pas dire dans l'ancienne URSS. Une statue de Lénine trône au milieu de la place centrale, les inscriptions sont rédigées en alphabet cyrillique, de nombreuses peintures à la gloire du monde ouvrier décorent les murs.

            A 6 heures du matin le ponton est tellement secoué par un fort vent de sud-ouest que la décision de partir est prise. Dans la matinée le vent va augmenter en intensité. Finalement nous aurons trente/trente-cinq noeuds. En approchant du mouillage que nous avions choisi pour passer la soirée nous nous rendons compte qu'il va être intenable. Situé au pied d'une montagne le vent est accéléré sur le flanc de la montagne et vient souffler sur le mouillage, qui sur la carte paraissait protégé. Longyearbyen est rejoint une journée plus tôt que prévue. Quelques heures de navigation musclée et nous prenons un mouillage dans la baie à proximité du port.




















La plus haute latitude atteinte par Noème et son équipage 79°33.555' nord

            


  

 19 juillet

            Nos amis, Corinne et Guy équipiers de quelques jours, reprennent, sous une pluie battante à 4 heures du matin, l'avion pour rentrer chez eux. La vie professionnelle à ses exigences. Ils devraient garder un bon souvenir de ce séjour.

            Le retour est envisagé pour nous. Encore quelques jours et nous mettrons cap au sud.


27 juillet

            Une fenêtre météorologique semble convenir pour la traversée. Une dépression doit passer sur le nord de la Norvège avec 35/40 noeuds de vent le jeudi et le vendredi. La traversée étant de 4 jours, elle devrait s'être évacuée vers l'est, à notre arrivée sur zone. Mercredi après-midi départ de Longyearbyen. La mise en route du téléphone satellitaire est impossible. Nos rendez-vous météo programmés avec Guy pour avoir des informations pendant la traversée seront eux aussi impossibles. De plus dans cette zone la réception des messages météo au Navtex est inexistante. Bien ennuyeux de ne pas avoir d'informations précises dans cette région où le temps est capricieux et extrêmement changeant.  Mais le départ est confirmé.

            Remontée de Isfjord et descente de la côte ouest dégagée de toute glace sous voiles et soleil. Au niveau de Sorkapp, pointe sud du Spitzberg, réception d'un bulletin météo au navtex. La dépression au sud remonte plus au nord que prévu et surtout elle se creuse à 970 HPA avec des vents de force 11. Demi-tour pour passer la nuit au mouillage dans le fjord de Horsund à Gashamna. La mer risque d'être agitée si nous passons trop tôt.

            Horsund est un magnifique fjord. Le soleil illumine ce mouillage tranquille, de toute beauté. Une multitude d'oiseaux et d'oisillons entourent Noème à l'ancre. Seul le crépitement des blocs de glace à la dérive crève le silence. Les oiseaux eux-mêmes sont étrangement silencieux.

            Au petit matin l'ancre est relevée dans un brouillard intense et le vent est absent. Moteur, pas d'autre solution. Au fil de la journée le vent va augmenter en intensité pour atteindre 20/25 noeuds de sud-ouest. Tout va bien à bord. La route a été infléchie pour passer près de l'île aux Ours afin de pouvoir contacter le centre radio qui s'y trouve pour leur demander un bulletin météo. Le 24 juillet en milieu de journée la station radio contactée annonce pour les 24 heures suivantes pluie et vent de sud-ouest force 5/6. La mer dans la nuit devient de plus en plus agitée et croisée, résultat de la grosse dépression passée la veille au soir. Un peu remué Noème trace sa route sous pilote. L'intérêt d'un bon pilote est primordial dans ces régions. En équipage réduit barrer dans le froid, le vent et la pluie serait difficile.

            Dimanche matin un bateau de pêche, le Andenes Fisk est contacté par radio VHF et très gentiment nous fournit les prévisions météo pour les prochaines 36 heures. Vent d'ouest virant nord-est  force 3/4. Enfin un peu de portant. Malheureusement le vent va faiblir de plus en plus pour s'envoler. Finalement, la traversée vers Tromso, s'achèvera avec l'aide du moteur.

            Lundi soir arrivée sur le continent puis amarrage à Tromso.

            Pour cette année le Spitzberg c'est bien fini. Le voyage lui n'est pas achevé. Il faut trouver un lieu d'hivernage pour Noème.


8 août

            La descente de la côte Norvégienne depuis Tromso, sous la pluie et par vents contraires associés au courant côtier norvégien qui remonte en permanence le littoral en direction du nord, contrariera la progression vers le sud et vers Florø où il a été décidé d'attendre des conditions météorologiques favorables pour envisager  la traversée de la mer du nord en direction des îles Shetland. C'est depuis Florø que la distance de traversée est la plus courte. Maintenant que les jours raccourcissent et que le retour d'une période nocturne annonce l'automne, quelques rares éclaircies offriront des levers et couchers de soleil tout à fait remarquables.

Florø accueillait ce week-end le patrimoine maritime de la Norvège. Une grande manifestation populaire. Quelques vieux gréements mais surtout d'anciens bateaux à passagers, de travail et morutiers du XX ième siècle, canots divers encombrent le port..Impossible de trouver une place où loger Noème. Non seulement il y a les bateaux exposés mais le nombre de vedettes à moteur et autres voiliers venus pour la fête est impensable et sature tous  les pontons et tous les quais. Finalement une demi-place sur un bout de catway, libérée par un voilier belge qui lui part pour Bergen, permettra un mouillage d'attente avant que le port ne se vide dimanche une fois tout le monde parti, la fête finie.





























18 août

            La météo étant excécrable, l'escale à Floro s'est prolongée. Une première tentative pour traverser la mer du nord fut interrompue par un coup de vent de sud-ouest annoncé au navtex par la météorologie norvégienne, alors que nous étions en mer. Le vent est vite monté à 30/35 noeuds avec une mer qui a rapidement grossi et s'est mise à déferler. La durée prévue du coup de vent était de 12 heures, demi-tour en direction sz Floro. Le départ suivant se fera quatre jours plus tard avec une météo plus clémente. Vent de secteur nord à nord-ouest de 20 noeuds. Nuit paisible en passant au large des puits de pétrole et autres platefpormes. 25 noeuds et de la pluie en arrivant sur les Shetland le 13 août. Deux nuits au port et route au sud vers Fair Isle, une petite île perdue entre les Shetland et les Orcades. Un petit bijou cette île. Un relief agressif, des nuées d'oiseaux, une absence de bruit. Le port-abri confortable.

            Avant de rallier Kirkwall escales dans diverses îles des Orcades : Stronsay, Shapinsay puis Mainland.

            Plus d'informations sur toutes ces îles des Shetland et des Orcades dans quelques temps.

            Actuellement sur Kirkwall il pleut. Nous avons décidé d'attendre une journée ensoleillée pour poursuivre le sillage vers le sud.



  

Nouvelles du bord

2010

 20 août


            De Kirkwall à Wick quarante milles et une navigation plaisante. De nombreux phoques se baignent dans ces eaux froides et nous regardent passer de leurs grands yeux ronds étonnés.

            Relâche de trois jours dans la nouvelle marina de Wick pour laisser passer deux dépressions. Cela laisse le temps d'aller explorer la ville. Le long des berges de la rivière Wick un long chemin de randonnée permet de se promener dans la campagne environnante. Le temps aussi de visiter le "Wick Heritage Center" où une exposition de photos et de nombreux objets de pêche et de la vie domestique sont exposés dans leur cadre quotidien de la fin du 19 ième et du début du 20 ième siècle. C'était l'époque où 1120 bâtiments de pêche basés à Wick pêchaient 15 millions de poissons par saison. Les équipages quant à eux harassés par un tel labeur ingurgitaient 3000 litres de whisky dans la semaine. Whisky distillé par la locale Old Putney Distillerie, toujours en activité à ce jour.

            Le dernier soir sur la place du marché, l'académie de musique offre un concert de cornemuses accompagné d'un spectacle de jeunes danseuses sous une petite pluie typiquement écossaise.

            Départ au petit matin du troisième jour vers Lossiemouth sur la côte nord de l'Ecosse dans le Moray Firth. Vent de sud-ouest 20 noeuds, petit largue, mer peu agitée, agréable navigation. Arrivée à destination en début d'après-midi.



            














22 août


            Lossiemouth, ville balnéaire aux deux vastes plages de sable blanc la plus nord du Royaume Uni, située à l'embouchure de la rivière Lossie, dispose d'un port de plaisance et abritera Noème pour son hivernage. Après trois mois à naviguer par des mers pas toujours accueillantes, des temps froids et pluvieux, pour atteindre 80° nord de latitude, la saison  de navigation s'achève dans ces régions nordiques. La navigation reste possible à l'écoute régulière de la météo pour passer entre les dépressions qui se succèdent de plus en plus rapidement. Depuis 15 jours il est rare que le vent souffle à moins de 20/25 noeuds, la pluie est quasi journalière, parfois entrecoupée d'éclaircies ensoleillées.

            Le port de pêche très actif au début des années 1960, comptait 90 bateaux de pêche à la seine et au chalut, un chantier de construction naval et une forte activité d'entretien du matériel et des chalutiers. Aujourd'hui seuls deux bateaux ont encore  une activité à la mer. Les voiliers ont remplacé, sur des pontons, l'ensemble de la flottille de pêche dans ce port construit sur la mer avec deux bassins étroits disposés à 90 degrés l'un de l'autre, bassins dans lesquels les manoeuvres deviennent vite hasardeuses en cas de rencontre fortuite avec un autre usager du port.






























19 septembre


            Noème est paré pour passer les prochains mois d'hiver à Lossiemouth. Retour de l'équipage prévu début avril 2011. Pour la prochaine croisière rien n'est encore déterminé. Soit de Lossiemouth vers l'Islande en croisant les Féroés avec retour par les Hébrides, la côte ouest écossaise, l'ouest de l'Irlande avant de regagner le sud-ouest de la France, soit un tour complet du Spitzberg. Décision prise au cours de l'hiver.

            Pas facile de nettoyer le bateau, de remettre en état quelques bricoles, vider la cambuse et les divers rangements, dégréer les voiles et les ranger car il pleut pratiquement sans discontinuer. Les dépressions se suivent. La dernière a persisté 72 heures avec 40 nœuds de nord-ouest accompagnée de rafales à 50 nœuds. Une petite accalmie de 24 heures puis une pluie fine. Demain un 7, toujours de nord-ouest, est attendu ainsi que de fortes pluies. Même les écossais nous disent que cette année l'été et le début de l'autonme sont anormalement ventés, froids et pluvieux, c'est dire.

            En fin de semaine retour à la maison et espérons-le avec du soleil pour l'automne.