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NIPPON    日本

  

Les jardins


            Le Jardin japonais est une représentation symbolique du monde. Au gré des floraisons saisonnières et des variations du coloris des feuillages, il privilégie l'impermanence des choses, les symboles d'une nature pérenne comme l'eau le sable les rochers, les arbres. Ce n'est pas un paysage authentique qui est recréé mais un idéal miniaturisé, toujours stylisé, dans un espace contraint dont le but est la méditation.


            C'est aux abords des sanctuaires shintoïstes que les premiers espaces aménagés virent le jour au Vème siècle. Le premier but était de maîtriser la nature pour qu'elle n'envahisse pas les lieux de culte. A Nara et Kyoto des jardins réalisés à l'époque Nara ont été mis à jour, ils s'inspirent des jardins-rivières chinois caractérisés par un paysage, dans lequel un cours d'eau se jette dans un étang, figuration de celui où Bouddha est représenté sur sa fleur de lotus, associé en fond à un monticule représentant le mont Sumeru symbolisant l'axe du cosmos dans la pensée bouddhique. Ces jardins conçus pour la méditation l'étaient aussi pour la promenade et le divertissement. A l'époque Heian (794-1192) de petits ponts de pierre ou de bois se mirent à enjamber les cours d'eau ondulant entre les différents pavillons. C'est à cette période que fut rédigé le Sakutei-ki, premier traité de l'art de concevoir les jardins. Ce traité emprunte pour la mise en oeuvre de ces jardins un certain nombre de concepts venu du taoïsme, du bouddhisme et du shintoïsme. La majorité dans leur conception évoque le paysage extérieur pré-existant à l'arrière plan, visible par-delà une haie, un mur. Le shakkei ou paysage emprunté défie le principede distinguer le dehors du dedans.

            A la période Kamakura un esprit de sobriété, de simplicité l'emporte dans la nouvelle classe des samouraïs qui considèrent comme décadent la conception artistique de l'ancienne cour de Kyotô. Ainsi naît une esthétique beaucoup plus austère qui influencera aussi l'élaboration philosophique des jardins. Sous l'influence grandissante du bouddhisme la destination des jardins évolue vers des jardins refuges où la méditation et le recueillement prévalent sur les plaisirs frivoles de la noblesse. C'est ainsi que le zen à l'époque de la période Muromachi (1338-1573) suivie de l'ère Momoyama (1573-1603) favorise le dessin des jardins secs (kare sansui) où le minéral est si sublimé que des assemblages de pierres donnent l'illusion de cascades sèches.

            Le XVIIème siècle voit le retour des jardins d'agrément. Kobori Enshû (1579-1647) grand architecte et grand maître de cérémonie du thé élabore les jardins de thé ou chaniwa. Jardins qui incitent à la poésie. Caractérisés par la présence de plusieurs pavillons reliés entre eux par des sentes aux méandres savamment agencées, il met en lumière l'éloge de l'ombre privilégiant les essences aux teintes sombres. La période Edo voit le retour du jardin promenade plus vaste que ceux de la précédente période, un paysage végétal baigné d'eau savamment aménagé pour que le visiteur au cours de la promenade découvre de nouveaux points de vue cachés. Des sentiers parcourent des collines artificielles, des ponts enjambent des cours d'eau, des lanternes de pierre éclairent le parcours. Le paysage est mis en scène pour évoquer une oeuvre littéraire, un paysage célèbre japonnais ou chinois, tout cela pour sublimer la nature.

            Durant 250 ans le Japon se referme sur lui-même. La tradition des jardins dans lesquels la diversité des points de vue est essentielle perdure. Il faudra attendre la période Meiji pour que l'art du jardin soit influencé par l'apport de la vision occidentale, à cette période naissent de grands parcs à l'anglaise ou à la française associant allées cavalières et bosquets fleuris. Le jardin du Tôfu-ji de Kyoto créé en 1938 est une exception dans ce contexte c'est un sublime jardin zen.

L'art des Bonsaïs


          L'art du bonsaï à l'origine une technique chinoise développée au VIIème siècle sous la dynastie Tang. Les premières mentions de bonsaïs au Japon remontent à l'époque Kanamura. Au milieu du XVIIème siècle les jardiniers japonais améliorent la technique, comme l'art floral le bonsaï symbolise la relation de l'homme avec le ciel et la terre.  Ils sont classés en quatre catégories : ceux à un tronc, ceux à troncs multiples, ceux composés d'une même espèce et ceux d'espèces différentes. Ils font l'objet de concours et d'expositions fréquentes très souvent dans l'enceinte des temples. Ce sont des arbres (bon) en pot (saï) nanifiés par le savoir-faire des hommes.


            Cet art consiste à obtenir dans la forme la plus proche possible, la silhouette d’un arbre de taille normale en réduction. Ces arbres miniatures demandent des soins extrêmes et une grande attention pour conserver la forme qu'on lui donne sous peine de péricliter rapidement. Plantés dans des pots plats de préférence et ne contenant que peu de terre, ils sont nanifiés par la main de l'homme.

            Le bonsaï, aimé, soigné, transmis de génération en génération, imprégné de l’amour et des attentions dont il a été l’objet par ses compagnons successifs, peut atteindre un âge bien plus avancé que ses semblables.

 

La Calligraphie

ou l'art de la lettre

            La caligraphie ou shodô apparaît au Japon vers le VIème siècle en même temps que les caractères chinois appelé kanji. Les japonais vont élaborer un syllabaire phonétique les kana dérivés des idéogrammes mieux adaptés à leur langue. Une calligraphie spécifique appelée wayô purement japonaise apparaît.


            A la période Kamakura la calligraphie devient l'expression d'un bouddhisme zen et gagne tout l'archipel. Avec cette calligraphie les lettres semblent vivre, se déplacer sur le papier. Ce style prend le nom de gyôsho ("courir" en chinois). Le caractère de l'écriture devient totalement abstrait. Pour chaque ligne et pour chaque point, sont importants le début, la direction, la forme et la fin des lignes, la balance entre les éléments et même l'espace vide signifie beaucoup. Quatre autres styles côtoient le style gyôsho, le style kaisho aux idéogrammes de formes carrées, le style tensho plus ancien est utilisé pour les sceaux personnels, les styles  reisho et sôsho.


Style Gyôsho : semi-cursif

Le style gyosho  établi par le calligraphe Liu De-Sheng sous la dynastie Han (de 206 av. J.-C. à 220 ap. J.-C.). La perfection de ce style est cependant due à Wang Xizhi (321-379) l'un des plus célèbres calligraphes chinois, ainsi qu’à son fils Wang Xianzhi (344-348).

Le style gyosho est le plus utilisé de nos jours pour l'écriture manuscrite de la vie quotidienne.


Style Kaisho : standard, ou régulier

A la fin de la dynastie Han, le besoin d'une écriture simple, la plus lisible possible, très régulière, répondait aux nécessités de centralisation du pouvoir.

Le style régulier kaisho, apparu au cours du 3ème siècle, est considéré comme une amélioration et une rationalisation du style des scribes reisho. Il a été initié par Wang Ts-Zhong et mis au point par les calligraphes des dynasties Wei et Jin.

Les traits de kaisho sont clairs et bien séparés, les caractères se tiennent dans un carré imaginaire à la différence des caractères rectangulaires du style tensho.

Le style kaisho est le plus proche des caractères imprimés.


Style Tensho : sigillaire

Le style le plus ancien, irrégulier et le moins soigné. Standardisé sous la dynastie Qin (221-206 av. J.-C.) à partir des formes archaïques des idéogrammes. On peut distinguer deux types de caractères sigillaires : le grand sceau et le petit sceau. Il remonte au 9ème siècle av. J-C. et découle directement de caractères archaïques : écriture oraculaire sur os et écriture sur bronze. A l’origine, les caractères étaient principalement gravés sur des carapaces de tortues destinées à la divination et sur des bronzes liturgiques. L’utilisation du stylet déterminait l’aspect graphique de ce type d’écriture : les lignes étaient fines mais d'épaisseur constante, et les extrémités se terminaient nettement.


Style Reisho :

L'écriture des scribes et des clercs. Selon la légende c’est Cheng Miao, directeur de prison sous la dynastie Qin, qui a créé un style plus simple à tracer pour faciliter le travail des fonctionnaires : le style reisho car l’écriture tensho était trop complexe et peu pratique pour les tâches administratives.

Les traits du reisho sont aplatis, avec une ondulation caractéristique présente dans les traits horizontaux. Cette ondulation est appelée Queue d’Oiseau.


Style Sôsho : cursif

Quasiment en même temps que le reisho est apparu un autre style de calligraphie : le sosho. Ce nouveau mode d'écriture est devenu extrêmement populaire dans tous les aspects de la vie. Ce style se caractérise par un tracé très abrégé des caractères, parfois même écrits en un seul mouvement de pinceau. La règle principale du style sosho dit littéralement : simplifie la [partie] gauche et concentre-toi sur la [partie] droite [du caractère].

Comme dans le style tensho, un kanji en Sosho peut être écrit de plusieurs manières. Le style cursif est généralement considéré comme le plus difficile des cinq styles majeurs de la calligraphie.

Gyôsho

Style Kaisho

Style Tensho

Style Reisho

Style Sôsho

Le Kimono


            Mille ans d'histoire pour un des symboles du Japon, le kimono un simple vêtement (ki pour "porter" "se vêtir", mono pour "chose") qui aujourd'hui désigne une longue robe où le côté gauche vient se rabattre sur le côté droit, maintenue par une ceinture dénommée obi dont la longueur peut atteindre 4 m. Le obi est assuré par un noeud, noeud qui tout comme les motifs et la couleur varie en fonction de l'âge, des occasion set des saisons.

            La base du kimono est une pièce de tissu de 11 m de long par seulement de 36 cm de large. Cette pièce est découpée en huit morceaux rectangulaires assemblés par des coutures droites. La longueur du kimono est ajustée à la taille de la personne qui le porte en repliant le tissu.

            L'origine de ce vêtement est encore la Chine où il était un simple sous-vêtement. Au Xème siècle le kimono se japonise autant pour la forme que pour les motifs. A l'époque Heian les femmes de la cour étaient tenu de porter 16 kimonos superposés. A l'époque Kamakura un assouplissement des règles permet aux femmes mariées de porter un vêtement plus simple à manches courtes. Les jeunes filles conservant pour leur part les manches longues et flottantes.

            A l'époque Edo le kimono se démocratise, devient un vêtement  porté par les femmes aussi bien pour les visites que pour se rendre à une manifestation culturelle. Puis il évolue vers un symbole social permettant aux femmes d'afficher leur rang dans la société en fonction de la sophistification du kimono.

Aujourd'ui il n'est porté qu'au moment de grandes occasions, il est cher (environ 1500 €), peu adapté à la vie moderne et il faut 3/4 heure pour se vêtir. La jeune génération féminine porte un intérêt particulier à ce vêtement qui petit à petit revient à la mode pour rentrer dans la vie quotidienne et non plus être porté seulement au cours des grandes occasions comme les mariages et les manifestations culturelles

            Le kimono masculin est encore moins porté que le féminin, essentiellemnt par les artistes et pour les cérémonies de mariage. La gent masculine semble avoir un regain d'intérêt pour ce vêtement. Des hommes vétus de kimonos se croisent parfois dans le métro et beaucoup plus dans les lieux de culte. Les kimonos masculins sont toujours de couleurs sombres, les manches cousues sous les aiselles sont plus courtes et il est recouvert d'une veste ample de couleur noire.

            Associé systématiquement avec le port de tabi (chausette dont le gros orteil est séparé) et des zori sandales en bois à semelles compensées pour les femmes, des setta sorte de sandales de pailles à semelle de cuir pour les hommes.

Les temples de bois


            Tous les temples sont en bois jamais en pierre. A Nara des temples bâtis au VIIIème siècle sont encore intacts de nos jours. Cela s'explique par un savoir-faire exceptionnel, savoir-faire transmis exclusivement oralement de maîtres à apprentis, aucun livre ni traité n'existent.

            Avant l'arrivée du bouddhisme la tradition shintoïste voulait que les sanctuaires soient périodiquement démontés et remontés à l'identique avec des matériaux totalement neufs. Cette tradition a pu influencé les charpentiers d'avoir la même pratique avec les temples bouddhiques. Mais à l'inverse des sanctuaires shintoïstes les temples démontés sont reconstruits pour une restauration scrupuleuse dans l'intêret de conserver les élèments d'origine. Chantiers de déconstructions reconstructions tous les 3/4 siècles.

            Le Japon au VIIème siècle est déjà entré en contact avec la civilisation chinoise diffusée par l'indermédiaire du bouddhisme. Un bouillonnement intellectuel et artistique caractérise la nouvelle capitale impériale de cette époque, Nara, qui est un véritable chantier à ciel ouvert où maîtres-artisans rivalisent d'idées et de prouesses techniques venues de leur expérience de l'édification des sanctuaires shintoïstes pour élever les temples bouddhistes.

            La construction en bois est favorisée par la richesse des forêts nippones riches en essences d'arbre, idéales pour élever ces gigantesques temples et pagodes, comme les cyprès géants, les cèdres, les cryptomérias. L'assemblage se fait par emboîtements et chevilles. Au cours du temps ces assemblages deviennent de plus en plus sophistiqués et assurent aux édifices une souplesse et une étonnante résistance aux typhons et séismes. Tel le roseau le temple ploie mais ne rompt pas.. Et si d'aventure il s'effondre, les divers éléments seront réassemblés pour remonter le temple.

            Par exemple la pagode du temple Hôryû-ji à Nara est construite autour d'un pilier central sur lequel s'accrochent cinq étages indépendants les uns des autres. Imaginons une tour de 5 bols empilés à l'envers sur un plateau. Une simple secousse même légère fait choir l'ensemble. Si un orifice est percé dans le fond de chaque bol et si dans cet orifice est introduit verticalement une baguette, de fortes secousses sur le plateau n'arrivent pas à faire s'écrouler cet assemblage. La baguette retient l'ensemble de la construction. C'est sur ce principe que les pagodes sont construites et ont pu résister aux turbulences telluriques si nombreuses au Japon. 

Si le bouddhisme et le shintô occupent une place majeure dans la religion au Japon il ne faut pas oublier l'apport que le taoïsme et le confucianisme, deux pensées traditionnelles chinoises importées elles aussi, ont joué dans l'organisation sociale, l'ordre politique et la morale en général au Japon.

Mythologie


Rédigé en 712 le Kojiki relate les origines mythologiques du Japon. Ce texte, pierre angulaire du shintoïsme, fait naître l'archipel de la déesse Izanami et de son frère le dieu Izanagi. Ce couple de Kami aurait plongé une lance au pouvoir surnaturel dans les eaux et ainsi   naquit le pays des huit grandes îles. A la mort d'Izanami, brulée par la naissance du feu, son frêre part à sa recherche dans le monde des ténèbres et la retrouve décomposée. Ne surmontant pas sa douleur à la vue de ce corps putride, il s'enfuit pour aller se baigner et ainsi se purifier du contact d'avec la mort. De ce bain il se transformera pour donner naissance à deux kami celui du soleil et celui de la lune.

Les trois "véhicules" du bouddhisme


III ème siècle av.J-C : Hinayana, "petit véhicule", essentiellement en Asie méridionale. Représenté de nos jours par une seule école : le Theravada ( Doctrine des anciens) s'attache à suivre respectueusement le modèle de l'arhat. Ses adeptes travaillent à leur propre salut.


Vers le VIéme siècle Mahayana "grand véhicule" apparait au Japon. Ce courant met l'accent sur la compassion, se fonde sur l'idéal du bodhisattva "être d'éveil". Ce courant est présent dans la plus grande partie de l'Asie orientale et sous le nom de Daijô au Japon.


 Vajrayana est une forme de bouddhisme d'origine indienne, nommée aussi tantrisme,  caractérisé par des rites ésotériques dont certains  suivent les principes du bouddhisme mahāyāna. Pratiqué en Mongolie, au Tibet en Inde et au Japon par certaines sectes

La pagode (tô)


Edifice centrale du temple bouddhique au VII è siècle. Construite selon un plan carré autour d'un épais pilier central qui assure sa stabilité malgré les séismes, en une succession de toitures de tailles croissantes de la base vers le sommet et surmontée d'une flèche à la base carrée, d'un bol retourné et de pétales de lotus, une hampe en bronze sur laquelle sont fixés neufs anneaux circulaires.et tout à fait au sommet une sphère symbole bouddhique , le "joyau qui exauce les désirs". Construite exclusivement en bois, sans escalier pour gagner les étages.

Sous les fondations sont enterrés des reliques comme des statues de Bouddha, des offrandes, des textees religieux.

            



                Le moine Eisai après une formation au monastère Hiei de l'école Tandai près de Kyoto, mécontent de l'état du bouddhisme au Japon,  il décide en 1168 de partir en Chine. Là-bas il fait la connaissance du chan (qui deviendra plus tard, au Japon, le zen). Il rentre au Japon 6 mois plus tard . En 1187 il rejoint à nouveau la Chine pour un second voyage. Devenu disciple de Xuan Huaichang, il obtient son grade de professeur zen rinzaï. Eisai revient au Japon en 1191 apportant avec lui des écritures zen, des graines et des plants de thé. Il fonde le temple de Hoonji (île de Kyushu), premier temple zen du Japon. Eisai propage cette nouvelle foi, essayant de gagner le respect de l'école Tendai et de la cour impériale. Confronté à l'opposition des écoles traditionnelles du bouddhisme japonais comme l’école Tendai, Shingon ou encore celle de la terre pure, Eisai quitte Kyoto en 1199 pour  Kamakura où le Shogun et ses Samouraïs accueillent avec enthousiasme ses enseignements zen orientés vers les arts-martiaux. Hôjô Masako, la veuve du Shogun Minamoto no Yoritomo, lui donne l’autorisation de construire le temple Jufuku-ji, le premier centre zen à Kamakura. Son école donne la primauté à la transmission maître à disciple, refuse l'omnipotence des sutras, prône l'illumination subite et fait grand emploi des kôan.

Le bouddhisme :


            Originaire de l'Inde, apparu au VIème siècle, la doctrine bouddhique est née avec Siddharta Gautama, un prince né dans un modeste royaume au pied des montagnes himalayenne, il grandit dans l'insouciance d'une éducation princière, épousa la princesse Yasodhara dont il eu un fils Rahula. Un jour il prit conscience de ce qu'est la souffrance de la condition humaine à la vue d'un vieillard, d'un malade et d'un cadavre. Il abandonna son statut social et sa famille pour se retirer dans la vallée du Gange et mener une vie d'ascète auprès de plusieurs moines et prêtres. À son éveil, il s’est rendu compte que l’homme cause lui-même sa souffrance en entreprenant et en réalisant des actions négatives. A la suite d'une longue méditation, à l'âge de 35 ans, il parvint à la vérité suprême. Il devint alors le Bouddha (ou Butsu en japonais) ou "l'Eveillé". Jusqu'à sa mort à 80 ans le sage parmi les sages transmit oralement son enseignement.

            L'intuition propre du Bouddha est que toute existence est douloureuse, même ce qui nous est agréable nous ramène à la douleur et à la mort, et la mort à une nouvelle existence. Hommes et dieux sont prisonniers du cycle des transmigrations (samsâra), retenus par des liens qui sont les passions, le désir et la haine, l'illusion et l'ignorance. La connaissance de cette réalité portée par l'observance d'une morale rigoureuse et par la méditation amène l'être vivant à une délivrance dont l'être humain plus sensible que les dieux à la douleur est le plus capable. Le Bouddha est le premier de ces "éveillés" à atteindre une prise de conscience de la réalité dont la première conséquence est la rupture de la chaîne de l'existence; il a ainsi acquis une sérénité totale ("nirvana") et l'assurance de ne plus renaître.

            En 552 le bouddhisme entre au Japon en empruntant la voie coréenne lorsque le roi de Kudura envoya une mission diplomatique à l'empereur Kinmei. Parmi les cadeaux protocolaires se trouvaient une statuette du Bouddha dorée ainsi que des rouleaux d'écritures, des sutras (textes des paroles attibuées à Bouddha). 50 ans plus tard le prince Shôtoku adopta le bouddhisme comme religion d'état qui gagna, malgré quelques résistances, les faveurs de la haute société puis diffusa à l'ensemble de la population. 

            Les premières écoles bouddhiques japonaises se développèrent rapidement à la période de Nara lorsque le pouvoir impérial y installa sa capitale. Ces écoles désignées comme les 6 sectes de Nara, directement inspirées des écoles chinoises, eurent une grande influence politique. Chacune de ces six sectes, à partir d'une lecture personnelle de textes différents, prirent un nom rattaché aux textes étudiés mais dans l'ensemble elles partagent globalement le même enseignement de la doctrine bouddhique.

            Ces sectes acquérirent une influence telle que pour échapper à leur influence le pouvoir central décida de s'éloigner et de s'installer à Kyoto.

            A l'époque de Heian deux sectes Shingon-shû et Tandai-shû se développent dans tout l'archipel. L'école Shingo est, avec l'école Tendai, une des deux écoles à pratiquer le bouddhisme tantrique au Japon. Son idéal se résume dans la phrase "La vérité, c'est connaître son propre esprit tel qu'il est vraiment". Avec environ 12 millions de fidèles, c'est un des courants majeurs du bouddhisme japonais et l'une des plus anciennes lignées du bouddhisme tantrique, le vajrayana. Pour l'école Tendai, Bouddha se trouve en tout esprit humain, atteindre la révélation est à portée de tous sans exemption à condition de sublimer les passions et souffrances qui lient les hommes à la terre - et non pas les supprimer comme l'indiquent les règles Mahayana. Ce grand véhicule était également prôné par le Shingon, mais le Tendai se différencie par l'observance du « Sûtra du filet de Brahma » et une discipline ascétique plus rigoureuse.


Le bouddhisme zen :

La Zen-shû, "école de méditation" arrive au Japon à la période Kamakura soit au XIIème siècle, cette voie du bouddhisme est adoptée en premier lieu par la classe dominante militaire. Elle ne repose sur aucun texte sacré, la notion de l'au-delà lui est totalement étrangère. Seules prévalent la pratique, la discipline, l'expérimentation et la transmission de maîtres à disciples. Trois écoles dominantes représentent le zen.

            Rinzai-shû : fondée par le moine Eisai (1141-1215) cette école préconise une méditation active en particulier l'exercice du koan, une énigme est posée par le maître à ses disciples  pour susciter leur éveil, en sachant que cette énigme est sans solution comme par exemple "Quel son produit le claquement d'une seule main?"

            Sôtô-shû : Le moine Dogen (1200-1253) disciple d'Eisai fonda cette école qui prévilégie l'expérience personnelle et l'observance stricte des préceptes doctrinaires par la pratique de la méditation en position assise.

            Ôtaku-shû : école zen fondée par des chinois au milieu du XVIIè siècle, emprunte par syncrétisme des oratiques aux doctrines de l'école amidiste Jôdô-shû fondée par le moine Hônen (1133-1212) pour lequel la simple évocation d'Amida (premier disciple de Bouddha) sauverait les hommes, même sans pratique, des tourments de l'enfer.

Religions et spiritualités


Le syncrétisme est ce qui définit le mieux le fait religieux au Japon. Shintô et bouddhisme sont finalement si enchevêtrés qu'il paraît difficile de les dissocier. Au japon ne dit-on pas que "l'on naît et se marie shintoïste pour mourir bouddhiste". Depuis des siècles les différentes croyances vivent en harmonie.

Le shintoïsme:

            La religion primitive, originelle du Japon. Le shintô est la "voie du divin" qui vénère les forces de la nature. Croyance animiste et chamaniste fondée sur le respect des kami (divinité ou esprit). Les japonais honorent encore de nos jours ces entités tutélaires qu'ils respectent, qu'ils soient bouddhistes, athés, chrétiens.

            Le shintoïsme n'a ni fondateur ni dogme ni code moral, il tend à rendre harmonieuses les relations des individus avec les kami, la nature, l'univers. De nos jours ce culte imprègne fortement la vie quotidienne. Dans les sanctuaires les fidèles viennent se recueillir mais au préalable se rincent la bouche et se lavent les mains à la fontaine de l'entrée du site, ces gestes ancestraux de la purification sont essentiels au rite.

            Pour s'attirer les bonnes grâces et les faveurs d'un kami "possesseur du sol" le mieux est de lui construire un autel  voire une demeure devant lequel des offrandes sont déposées.

            Les sanctuaires shintoïstes sont suivis des mots gû ou jingû pour les plus grands, de taisha pour ceux de taille moyenne, de miya ou jinja pour les sanctuaires locaux. Le torii est un portique placé à l'entrée du sanctuaire et permet de différencier à coup sûr un sanctuaire d'un temple qui lui n'a pas ce genre de portique. Ce torii symbolise le passage du monde terrestre au domaine des dieux. Les sanctuaires étaient établis en pleine nature près d'une d'une forêt, d'un fleuve, en montagne. La séparation du monde réel au monde divin est marquée, outre la présence du torii, par des cordes de chanvre, des chaînes faites de papier blanc plié. Deux gardiens mi-chiens mi-lions l'un à la bouche ouverte et l'autre à la bouche fermée, représentent l'ensemble des forces cosmiques régissant l'univers. Parfois ces gardiens sont représentés par d'autres animaux comme des guenons, voire des renards (messager d'Inari le dieu des céréales) comme au Fushimi Inari-Taisha.

            L'organisation architecturale des sanctuaires est simple. En général un bâtiment dénommé honden où réside la divinité à l'entrée interdite aux visiteurs et un second bâtiment le haiden réservé aux cérémonies. De petits oratoires pour les prières individuelles s'ajoutent souvent aux principales structures. Une boutique est toujours ouverte pour l'achat de divers porte-bonheur, les plus achetés sont des plaquettes votives en bois ornées d'un signe du zodiaque chinois sur lequel l'acheteur écrit un voeu et l'accroche sur un portant au milieu de centaine d'autres, le voeu peut aussi être écrit sur un bout de papier qui est ensuite noué sur un support comme un tronc d'arbre.

            Avant de pénétrer dans le sanctuaire le visiteur doit se purifier en se lavant les mains et rincer la bouche. Des louches sont à disposition pour puiser l'eau dans les fontaines à l'entrée. Il se dirige ensuite vers le haiden. Pour alerter la divinité de sa présence il sonne la cloche et/ou frappe ses mains à deux ou trois reprises puis s'incline mains jointes pour une courte prière ou formuler un voeu après avoir jeté quelques pièces de monnaie dans une grande boîte, monnaie qui sert à l'entretien du sanctuaire. Mais ce type de comportement n'est pas systématique, certains viennent dans les sanctuaires en famille comme au square, certains ne font que traverser, d'autres apportent des offrandes pour une demande particulière.

            Les sanctuaires font partie intégrante de la vie des japonais. En novembre les petits garçons de 5 ans et les fillettes de 3 à 7 ans se rendent au jinja habillés de leurs plus beaux atours pour être présentés à la divinité. Les mariages ont lieu le plus souvent au sanctuaire, les futurs époux échangent leurs voeux après avoir bu trois tasses de saké.

            C'est là que les matsuri ont lieu, il s'agit lors de ces manifestations à connotation fortement religieuse, d'apaiser les kami qui peuvent se rappeler violemment aux hommes en provoquant séismes, raz de marée, éruptions volcaniques. Fêtes essentiellement populaires, le matsuri va au fil du temps annexer de nouvelles valeurs, devenir plus profane et être un prétexte pour faire la fête tout simplement..

La voie des fleurs

            Ikebana ou kadô, l'art du bouquet a suivi le bouddhisme depuis la chine. Ce sont les moines qui élaboraient les bouquets selon le principe taoïste du masculin et du féminin inclus dans le grand tout. Ino no Imoko (devenu moine sous le nom de Senmu) est considéré comme celui qui introduisit au Japon l'Ikebana. La conception des bouquets exprime l'harmonie entre la nature et l'homme à travers la trinité confucéenne terre-homme-ciel.

        Au Xème siècle la conception des bouquets, par l'appropriation de l'aristocratie de l'époque, prend une dimension esthétique (inconnue chez les moines) et devient un divertissement au même titre que celui de faire de la poésie ou de la musique. Il faudra attendre deux siècles supplémentaires pour que la codification de cet art soit affirmée par Senkei celui qui deviendra le premier grand maître de l'ikebana avec la naissance du style Rikka. Ce style se caractérise par un ensemble de sept lignes de charpente agencées en triangle, le nombre de tiges est toujours impair, le sommet (ryô) représenté par la plus haute des tiges du bouquet symbolise le ciel.

         Au XVIème siècle le style Rikka se simplifie en style Seika ou Shôka : il n'y a plus que trois tiges. Ces bouquets sont composés pour les grandes occasions mais aussi pour prendre place dans le tokonoma, niche présente dans la plupart des maisons traditionnelles. Puis les bouquets se complexifient et deviennent de plus en plus fastueux. En réaction un retour à la simplicité et au religieux se fait à la fin de ce même siècle.

          Le XIXème siècle voit éclore le style Moribana (fleurs groupées) qui s'affranchit totalement du sacré et utilise pour la première fois des variétés de fleurs occidentales.

            Aujourd'hui 20 millions d'amateurs et 3000 écoles perpétuent cette magnifique tradition. Chaque école est dirigée par un grand maître héritier d'une tradition ancestrale.

Shichi-Go-San    


            Les sanctuaires shintoïstes voient, le jour de la fête des enfants, une grande affluence de familles japonaises vêtues de leurs plus beaux atours (surtout les femmes) accompagnées de jeunes enfants vêtus de somptueux costumes traditionnels avec des sacs décorés de tortues ainsi que de longues confiseries qui symbolisent la longévité. En général, parents et grands-parents accompagnent l’enfant au sanctuaire shinto où est organisée une petite cérémonie tenue par un prêtre. Celui-ci bénit les bambins afin de leur assurer bonheur et santé. Les parents viennent prier et faire voeux de longévité et de bonne santé pour leurs enfants et aussi pour recevoir la purification des divinités. Cette fête traditionnelle se déroule habituellement le 15 novembre mais à tendance de nos jours à s'étendre tout au long du mois de novembre. Shichi-Go-San (littéralement « sept cinq trois ») est un rite de passage, pour les filles de 3 et 7 ans et les garçons de 5 ans.

            Les petites filles sont vêtues d'un kimono avec un obi, portent une coiffure très élaborée et sont maquillées, elles sont chaussées de zôri (les fameuses socques japonaises). Les petits garçons portent un hakama (longue jupe-culotte) et une veste traditionnelle appelée haori. Les familles sont accompagnées par des photographes professionnels qui immortalisent cet instant.

            Dans les temps anciens la mortalité infantile était importante, les familles de la noblesse et des samouraïs avaient coutume de fêter les 3, 5 et 7 ans des enfants. A 3 ans on laissait pousser les cheveux des enfants, à 5 ans les garçons portaient leur premier hakama et à 7 ans les filles ajoutaient un premier obi à leur kimono. C'est seulement à l'âge de 7 ans que les enfants trouvaient une existence propre en tant qu'être humain. Avant cette date la croyance était de penser que l'esprit de l'enfant appartenait aux dieux et n'était pas encore un membre de la famille. D'ailleurs si l'enfant mourait avant son septième anniversaire, le décès n'était pas déclaré aux autorités et l'enfant était inhumé dans une tombe séparée de la sépulture familiale.

            A l'ère Edo les gens du peuple se mirent eux aussi à célébrer Shichi-Go-San dans les sanctuaires shinto où des cérénomies étaient célébrées pour les enfants. La tradition s'est perpétuée jusqu'à nos jours ce qui nous permet d'admirer ces enfants habillés de ces magnifiques habits traditionnels

Arts martiaux


Si l'histoire des arts martiaux est un héritage des techniques de combat des samouraïs ou bushi (longtemps le privilège exclusif), il n'en demeure pas moins que ces arts martiaux sont toujours étroitement associés aux traditions, à la spiritualité, à l'histoire du Japon. A l'époque médiévale les guerres incessantes claniques favorisent l'éclosion des bujutsu techniques guerrières apenages de la classe samouraï; les arts martiaux sont alors classés en 7 catégories : le sabre (kenjutsu), la lance (sojutsu), l'arc (kyujutsu), l'équitation (bajutsu), le combat à main nue (jujutsu), la stratégie (hyoho), le canon (hojutsu). Le sabre est considéré à cette époque comme l'art de combat le plus noble, tout samouraï a le droit de trancher la tête de tout importun qui croise sa route et cela sans avoir à craindre la moindre sanction.

La longue période de paix de période Edo voit toutes ces techniques évoluer. L'art de la technique de combat (jutsu) se transforme en recherche de la maîtrise de soi (dô la "voie"), à l'art de vivre.

A l'ère Meiji le système féodal est aboli le bujutsu cède sa place au budô une forme moderne de ces techniques guerrières accessibles à tous.

            Les arts martiaux les plus pratiqués de nos jours sont le judo, le karaté, l'aïkido. Bien d'autres arts martiaux existent comme le ju-jitsu (combat à mains nues), le tessen-jutsu (art de l'éventail de guerre), le jo-jutsu (maniement du bâton court).

Le Karate : le seul art martial qui ne doit rien aux techniques guerrières des samouraïs. Le karatekado est issu de la boxe des moines de Shaolin apparu en Chine au Vème siècle. Au XVème siècle sur l'île d'Okinawa les paysans, à qui il était formellemnt interdit de porter des armes, mettent au point un style de combat à mains nues appelé Okinawa-te pour pouvoir se défendre. Cette technique de combat va ensuite gagner tout le Japon. En 1920 un adepte de cette technique Funakoshi  Gichin codifie l'ensemble de ces techniques basées sur l'enchaînement de mouvement utilisant les mains et les pieds, l'esquive, la frappe du tranchant de la main et du pied.

L'Aïkidô ou voie de l'énergie vitale : basé sur l'exploitation de la force de l'adversaire contre lui-même. Le but est de réduire à néant toute tentative d'agression. Cette technique demande peu de force et les femmes sont de plus en plus nombreuses à le pratiquer. C'est aussi le plus récent des arts martiaux, il entremêle des techniques de judo, de karaté ou de kendo, son origine vient des techniques secrètes du clan Takeda, mis au point par Ueshiba Morihei (1883-1969).

Jûdô ou voie de la souplesse : discipline olympique depis 1964. Issu du ju-jitsu, fondé en 1882 par Kano Jigorô, basé sur les anciennes techniques de ju-jitsu il fait appel essentiellement à des mouvements de projection, de clefs d'immobilisation, d'étranglement.

Iaidô : hérité de l'art médiéval du kenjutsu. Le but est de dégainer et trancher d'un unique mouvement dont la justesse doit être parfaite. L'iaidô est fortement imprégné de spirualité zen et se pratique avec un véritable sabre à lame d'acier.

Kendô :  l'art du katana (du sabre) est le symbole des samouraïs. Pratiqué de nos jours sous le nom de kendô. Très populaire au Japon. Cet art se pratique avec un sabre de bambou (shinai) arnaché d'un équipement lourd comprenant cuirasse et casque. Le maniement du sabre exige une parfaite harmonie entre l'esprit l'arme et le corps.

Kyûdô : la voie du tir à l'arc inspiré d'une discipline chinoise.Cette activité nécessite de la part du pratiquant une totale maîtrise mentale. Cet art se pratique en groupe. L'arc mesure plus de deux mètres de hauteur. Pratiquer le kyûdô c'est travailler la concentration, le calme, la posture et la respiration. Il existe une variante qui consiste à tirer à l'arc depuis un cheval lancé au galop c'est le yabusame et il se pratique lors de cérémonies shintoïstes.

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