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NIPPON    日本

Le sumo


Le sumo un des sports le plus populaire au Japon n'est pas un art martial.

Son origine se confond avec celle du Japon. Dans les îles Oki se pratique encore de nos jours une forme ancienne de lutte dont les règles divergent peu des règles du sumo professionel actuel. Dans ces îles chaque sanctuaire shintoïste dispose de sa propre équipe de lutteurs. Ces lutteurs ont tous une activité professionelle autre, s'entraînent de façon rigoureuse dès leur plus jeune âge mais à la différence des sumotori ils ne prennent pas de poids. Les tournois ont pour but d'attirer la bienveillance des dieux en particulier pour profiter d'une bonne récolte ou de protéger la réalisation de grands projets. Aucun geste de triomphe n'est manifesté à l'issu du combat, ici le but n'est pas d'humilier l'adversaire vaincu. Un second combat succède immédiatement au premier à l'issu duquel le vainqueur du premier combat se laisse battre assurant ainsi une forme d'égalité et assure la cohésion sociale indispensable au sein de ces îles.

Le Nihon shoki, Annales du Japon achevé 720,  rapporte déjà un récit d'une lutte entre deux prestigieux lutteurs au cours de la septième année du règne de l'empereur Suinin. Il semblerait que soit là l'origine des tournois qui virent le jour à la cour impériale.

Le sumo est un sport très codifié, très ritualisé, lié aux cultes shintoïstes. Les arbitres sont vêtus d'un costume fortement similaire à celui des prêtres. Environ 800 lutteurs professionnels assurent le spectacle. Répartis en 6 divisions seuls les lutteurs ayant atteints les deux premières divisions peuvent prétendre à un salaire : les makuuchi (42 lutteurs), les jûryô (26 lutteurs) et à disputer des combats. Ils sont appelés sekitori (celui qui a franchi la barrière) et ils peuvent alors arborer le célèbre chigon peigné en feuille de gingko le O-icho-mage, chignon qui est coupé à la fin de la carrière lors d'une cérémonie. L'élite des sumo dénommé yokozuna (le plus élevé des 4 grades des makuuchi), sont adulés du grand public. Ce grade de yokozuma est accordé non seulement au sumotori qui gagne des combats mais si aussi il fait preuve de grâce, de technique de puissance. Une fois élevé à ce grade, le lutteur ne peut plus être déclassé et lui seul décide du moment où il va mettre fin à sa carrière.

Les règles sont simples. Les deux lutteurs en compétition commencent par se jauger du regard. Au moment où l'arbitre retourne son éventail, les deux lutteurs au centre d'un terre-plein d'argile circulaire, après avoir posé les poings sur le sol, se précipitent l'un vers l'autre avec une grande violence dans le but de désatbiliser l'adversaire, le faire sortir du terre-plein et de lui faire toucher le sol avec n'importe quelle partie du corps autre que la plante des pieds. Une soixantaine de techniques existent pour atteindre ce but, le combat en lui-même ne dure que quelques secondes.

Ce sport  traditionnel et typiquement japonais s'ouvre depuis les années 1980 à des lutteurs d'autres nationalités.

Les arts de la scène


Trois arts majeurs classiques dominent la scène japonaise, le , le kabuki et le bunraku  auxquels se rajoutent le butô, le kyôgen, le rakugo, le manzai, le butô.

Les trois arts majeurs de la scène sont intimement liés aux légendes et croyances du Japon. Art dramatique, chants et danses s'entremêlent tout au long d'un spectacle.

Le kagura, une danse religieuse ancienne éxécutée sur un fond musical et pratiquée par des prêtresses shintoïstes dans les sanctuaires à la période des cycles agraires, est probablement à l'origine du théatre classique.

Plus tard l'influence de la danse et des arts dramatiques chinois et coréens importés avec le bouddhisme au VIIème siècle joueront un rôle important dans l'évolution du théatre nippon. Par exemple le gigaku d'origine indienne  mélant danses sacrées et intermèdes burlesques, le saragaku d'origine chinoise (danse des singes) associant marionettes, farces, jongleurs et acrobates, le bugaku un ensemble de danses jouées au cours d'évènements religieux et construites autour d'une chorégraphie aux mouvements géométriques. Toutes ces formes de représentations théâtrales seront à l'origine de la naissance du théâtre japonais tel que nous le connaissons encore aujourd'hui.

Le nô


Le nô associe danse musique et chants. Au XIVème siècle un acteur Kan'ami fait la synthèse des styles issus du srugaku, du kagura et du dengaku (danse folklorique du cycle agraire) et crée la première école de nô. Son fils Zeami Motokyo (1363-1443) perfectionne les règles, façonne la gestuelle et impose le  yûgen (l'élégance) comme idéal. C'est aussi un formidable auteur dramaturge pas loin de 90 pièces lui sont attibuées et sont parmi les plus jouées encore aujourd'hui.. Petit à petit le nô abandonne le public populaire pour se retirer dans les sanctuaires et les châteaux au service de l'aristocratie des samouraïs et du pouvoir impérial. Ainsi coupé du grand public il faillit disparaître à la période Meiji. Grâce au travail de certains grands maîtres qui vont intéresser un nouveau public plus jeune, le nô va survivre et aujourd'hui le pays compte 1500 acteurs professionnels pour une soixantaine de salles permanentes.


Une pièce de nô se joue sur  8 à 10 heures, composée de 5 pièces jouées échelonnées selon un ordre chronologique précis. Entre chaque pièce des intermèdes de pantomines et de saynètes comiques prennent le relais.

La scène est une estrade carrée et surélevée sans décor, le public se dispose sur trois des quatre côtés de le scène. L'orchestre est au fond  le choeur à droite. Une passerelle étoite mène des coulisses à la scène.

Le shite, (celui qui agit) acteur principal, porte un masque. Il chante et il danse. Le waki (celui du côté) a le visage découvert et donne la réplique au shite, il incarne les aspirations humaines au carrefour des songes. Les acteurs sont exclusivement masculins. La musique prépondérante accompagne les acteurs. Le Jiutai (le choeur chanté) est composé de 6 à 8 chanteurs, l'orchestre est composé d'instruments traditionnels, une flûte et trois tambours donnent son rythme à la pièce.

Les costumes sont somptueux, faits de soie et de brocart aux nombreux motifs travaillés. Les masques de bois sculptés, peints et décorés, traduisent le caractère du personnage. 

Le répertoire comporte environ 250 oeuvres d'inspiration bouddhiste. Les sujets sont classiques avec des histoires de guerriers, d'êtres surnaturels, de démons, de drames épiques ou de femme délaissées.

Le kabuki

Apparaît à Kyoto à l'époque Edo. Créé par Okuni une prêtresse et danseuse, véritable star à son époque, réputée pour ses interprétations dans des rôles des deux sexes. Mais en 1629 les femmes sont évincées de la scène pour la raison que ce théâtre comportait trop de scènes érotiques, le pouvoir shogunal trouvant cela obscène. En 1652 un décret shogunal n'autorise que les hommes mûrs à jouer dans des pièces de kabuki. Le kabuki devient un théâtre d'hommes et le reste encore aujourd'hui. Ainsi naît le style onnagata (onna signifie femme et gata la forme) un homme interprête un rôle féminin en sublimant l'image féminine aussi bien sinon mieux qu'une femme. Les acteurs accomplissent par le maquillage une transformation physique totale : emplâtre blanc rmodelant le visage, lèvres affinées, yeux redessinés port d'une perruque.

Ici aussi le savoir et les secrets se transmettent de père en fils, ainsi certaines familles comptent plusieurs générations d'acteurs.

Le plus grand auteur de kabuki est Shikamatsu Monzaemon (1653-1724) considéré comme le Shakespeare nippon.

Un ka (chant) bu (la danse) ki (technique, jeu) est divisé en cinq actes pour une durée moyenne de 3 à 4 heures.

Autant la scène de nô est vide autant celle du kabuki est sophistiquée, tournante, équipée de trappes et de câbles pour faire "voler" les acteurs.

Pour les acteurs, outre le rôle féminin onnegata, les autres types de rôles sont l'aragato dans lequel l'acteur déploie un jeu intense démesuré et fougeux, la wagoto un jeu moins extravagant, plus doux.

Ici pas de masques mais des visages maquillés de manière outrancière et extravagante, en bleu vert ou rouge, dont l'objet est d'amplifier les expressions du visage. Les vêtements sont colorés et richement décorés.

Le fond sonore est constitué essentiellement d'un luth à trois cordes joué ave un plectre. Instrument originaire de Chine, importé au XVIème siècle.

Les arguments du répertoire du kabuki sont essentiellement empruntés au nô, au kyôgen, au bunraku. Pièces historiques, pièces de moeurs, pièces de danses constituent l'essentiel du catalogue kabuki.

Le bunraku


Théâtre de marionnettes né au XVIIème siècle à Osaka de la rencontre des conteurs itinérants aveugles associé à des montreurs de marionnettes. Le bunraku associe l'art de la narration à la manipulation. Le dramartuge Takemoto Gidayû rejoint par Shikamatsu Monzaemon ouvre un théâtre dédié à ce seul art

Les marionnettes de grandes tailles sont actionnées par trois manipulateurs dissimulés derrière des tuniques noires. Les poupées manipulées avec une extraordinaire précision  expriment tous les registres des émotions évoquées par un chanteur accompagné par un choeur et le son de shamisen de l'orchestre. Le répertoire du bunraku repose sur des sujets classiques : épopées historiques, drames bourgeois, contes et légendes.

Le butô ou danse des ténèbres


L'initiateur de cette danse est Hijikata Tatsumi qui en 1959 crée la danse Kinjiki et provoque un scandale. Chorégraphie métaphorique qui à travers le corps suit le chemin de l'âme sur les chemins de l'existence, interprétée par des danseurs quasiment nus et peints en blanc. Cette danse se veut protestataire, provocatrice, née du traumatisme de l'apocalypse nucléaire qui s'est abattu sur Hiroshima puis sur Nagasaki, affranchie autant de l'influence du théâtre japonais traditionnel que de l'influence occidentale du ballet classique. Restée longtemps confidentielle au Japon cette danse est sortie de sa marginalité après avoir évolué et s'être enrichie de collaboration vidéo et musicale.

Le manzai

A Osaka au XIXème siècle apparaît ce nouveau style comique qui se construit autour de plaisanteries échangées entre le boke acteur tenant le rôle d'un écervelé débitant à une grande vitesse des âneries et le tsukkomi qui réprimande le premier et le frappe du plat de la main sur le crâne

Le kyôgen


Intermède comique et satirique, le kyôgen est intercalé entre deux pièces de nô pour suivre ce dernier plus facilement. De nos jours les représentations de kyôgen s'affranchissent du nô et désormais se jouent seules. Les protagonistes en sont toujours des hommes dont les kyôgen moquent les défauts : cupidité, naïveté, charlatanisme, paresse, couardise, cupidité, bêtise, ivrognerie…les costumes de kyôgen sont en lin. Les couleurs sont celles de teintures naturelles, les motifs ont une simplicité raffinée : motifs végétaux, animaliers, géométriques. Pas de metteur en scène dans le kyôgen, voix et gestes sont codés par la tradition.

Le kyōgen est dérivé d'une forme de théâtre comique chinois appelée sarugaku (danse du singe). Sous les shoguns Tokugawa et avec leur assentiment le kyôgen pour des raisons esthétiques est alors associé au nô.

Le rakugo


 "Histoire qui a une chute" : monologue comique traditionnel dont l'histoire débute au Xème siècle. A cette époque pour attirer davantage de fidèles, des moines bouddhistes rajoutent à leurs sermons des histoires humoristiques. A l'époque Sengoku (1467-1568) des seigneurs locaux appellent près d'eux des maîtres de thé ou religieux afin de les distraire. Le moine bouddhiste de la secte Jôdô Anrakuden Sakuden,’auteur de l'ouvrage Seisuishô constitué de 8 recueils de 1039 histoires drôles,

est considéré comme fondateur du rakugo. A l'époque Edo le conteur est dans la rue et raconte ses histoires humoristiques à un large public et devient très populaire. A partir de 1791 le conteur ne parcourt plus les rues mais exerce son art dans une salle dédiée dans laquelle se rend un public averti et nombreux.

La scène du raguko est très sobre. Peu de décor. Parfois même constitué d'un simple paravent. La musique retentit seulement à l'entrée de l'artiste, des musiciens l’accompagnent au son d’un shamisen, d’un tambour ou d’une flûte.

Le rakugoka vêtu d’un kimono, assis à genoux sur un coussin plat (le zabuton), assez inconfortable, durant tout le spectacle débite son récit. Il joue plusieurs rôles en changeant sa voix et en prenant diverses expressions, s’aide pour cela d’accessoires comme le sensu (un éventail pliant) ou le tenugui (une serviette fine japonaise) utilisés comme des objets de la vie quotidienne.  Tout cela est censé stimuler au maximum l’imagination du spectateur tout au long de l’histoire jusqu’à la chute finale.

            Du Xè au XIVè siècle la Chine rayonne intellectuellement et artistiquement sur l'ensemble de l'Asie, les élites japonaises adoptent à leur profit la calligraphie, l'art floral, la poésie, la technique des bonsaïs, la peinture, l'architecture et bien sûr le bouddhisme. Le moine Eisai après son voyage en Chine où il a consommé le matcha sous forme de poudre (les feuille du thé vert sont écrasées à l'aide de pierres) importe celui-ci. Ce macha a une très forte teneur en théïne, il chasse la somnolence du moine et lui permet de prolonger sa méditation dans les temples zen. Le moine Ikyu (1394-1481) fait adopter aux notables l'usage de ce breuvage dans les temples.

            Le Japon se referme sur lui-même jusqu'au XIX è siècle et développe une culture dérivée des fondements du bouddhisme et du confucianisme. Les samouraïs adoptent le bouddhisme zen introduit par le moine Eisai pour les vertus morales qu'il diffuse. Un nouvel élément architectural apparaît : le pavillon de thé lieu sacré de la classe guerrière.  La cérémonie de thé s'émancipe de la tradition chinoise et évolue pour elle-même. Murata Shuko (1422-1502) crée le style soan. La pièce où le thé est consommé a des dimensions réduites par rapport à celle de la salle de thé chinoise; quelques tatamis et objets sont ajoutés dans ce lieu. Murata Shuko instaure aussi une codification stricte des gestes pour un bon déroulement de cette cérémonie.

            Plus tard Sen no Rikyû (1522-1591) formalise le contexte global de cette cérémonie. Le pavillon de thé construit en bois est établi à distance du bâtiment principal on y accède par un chemin de large pierre. Il doit être simple, s'intégrer au paysage et rapprocher l'homme de la nature. En premier lieu les invités (5 au maximum) traversent le roji, un jardin qui permet de passer du monde extérieur au monde pur du pavillon de thé, et ensuite sur le tsukubai  (bassin de pierre) se purifient avec l'eau du bassin les doigts et la bouche. Pour pénétrer et arriver à la salle de cérémonie les invités empruntent un passage étroit le nijiriguchi obligeant ces derniers à se pencher profondément pour y accéder et ainsi à se placer dans un état d'esprit d'humilité, y compris pour le plus grand des seigneurs.

            Si le pavillon de thé chinois est ouvert sur l'extérieur (constitué de 4 piliers recouverts d'un toit) le japonais est lui fermé hermétiquement. Par sa grande sobriété et sa simplicité, la décoration intérieure évoque celle des monastères Zen. Une lumière tamisée éclaire les seuls ustensiles (toujours de grande qualité) servants à la cérémonie, une fleur cueuillie le matin ou un art floral décore la pièce, un rouleau montrant une calligraphie ou une peinture est exposé. Dans ce cadre le maître de cérémonie va préparer le thé avec des gestes précis emprunts d'une grande force, montrant le degré de maîtrise et de précision auquel est arrivé l'officiant après de nombreuses années d'étude et de pratique.

            Le cha no yu est à l'origine d'une esthétique reposant sur la notion de wabi sabi : froidure, solitude, patine du temps. Les samouraïs ont forgé pendant plus de 4 siècles dans ces pavillons de thé ce qui deviendra la force du Japon, étude, concentration, détermination , abnégation.

Le matcha

Le matcha est un thé vert dont les feuilles sont broyées en une fine poudre. De l'eau est mise à bouillir dans une bouilloire en alliage de fer "tetsubin", ce type de bouilloire utilisée pendant la période féodale se posait ou s'accrochait au dessus du foyer grâce à une anse. Un autre type de bouilloire la kama, une bouilloire ronde munie de deux oreilles, dont la seule fonction était de faire chauffer l'eau au cours de la cérémonie du thé. Les bouilloires ne sont pas des théières, leur seule fonction est de faire chauffer l'eau. Une fois chaude l'eau est versée sur le thé préalablement disposé au fond d'un bol (chawan). L'ensemble est mélangé par rotation du chasen, un petit fouet en bambou.

Pour compenser l'amertume du thé, un repas léger de kaiseki (à l'origine une pierre réchauffée que les moines se posaient sur l'abdomen pour atténuer la sensation de faim) mais détourné de sons sens originel par Sen no Rikyû est servi au préalable afin d'affiner les sensations du palais et préparer l'estomac à recevoir cette boisson trop amère pour être bue à jeun. De nos jours une pâtisserie traditionnelle accompagne le breuvage.

  


"Fais un délicieux bol de thé.

Dispose le charbon de bois de façon à chauffer l'eau.

Arrange les fleurs comme elles sont dans les champs.

En été, évoque la fraicheur, en hiver, la chaleur.

Devance en chaque chose le temps.

Prépare-toi à la pluie.

Aie pour tes invités tous les égards possibles."

Sen no Rikyû

Les quatres principes de base de la cérémonie du thé s'expriment par les caractères "Wa - Kei - Sei - Jaku"


"Wa", l'Harmonie, valeur fondamentale de la pensée japonaise, est ici celle qui doit régner entre l'hote et ses invités, les saisons et les ustensiles utilisés;

"Kei", le Respect, valeur fondamentale de l'esprit Confucéens, est ici le respect entre les personnes, mais aussi vis à vis des objets et du thé lui même;

"Sei", la Pureté, une valeur mise en avant par le Shintoisme, est pour les participants à la fois physique et spirituelle, les rituels de purification étant omniprésents tout au long de la cérémonie. La pureté concerne également le thé lui même, qui ne doit pas être mélangé à quoi que ce soit;

"Jaku", la tranquilité de l'esprit, ne peut être atteinte qu'au travers de la réalisation des 3 premiers principes.

La voie du thé

Au même titre que la calligraphie, l'art floral la voie du thé "Sa-do" est tout à la fois une discipline spirituelle et un art. Au cours des siècle cette cérémonie essentielle a façonné l'âme japonaise et a été au centre de toute l'attention des classes guerrières et dirigeantes. La cérémonie du thé obéit à des concepts dérivés du bouddhisme zen : harmonie entre l'homme et la nature qui l'entoure, sérénité de l'esprit, pureté de l'être.

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L'estampe japonaise


En 1590 le shogun Tokugawa Ieyasu (le véritable maître du pays) abandonne la ville de Kyoto, quitte l'empereur et sa cour pour installer le siège du gouvernement donc le pouvoir politique à Edo (aujourd'hui Tokyo), petite bourgade en bordure d'une baie bien protégée, un havre pour les navires qui assurent le transport maritime des marchandises et viennent y mouiller. Le shogun ordonne à tous ses daimyö de le suivre. Les vassaux avec leur entourage s'installent dans la nouvelle capitale. Le shogun entreprend la construction de son château  en plein centre, des terres sont gagnées sur les marécages avoisinants. Les daimyô et les bushi (samouraï) entreprennent d'y construire leur demeure. Pour assurer cette frénésie de construction une foule d'artisans et d'ouvriers accourent de tout le pays. Pour garantir la subsistance de cette population laborieuse qui afflue, marchands, commerçants et agriculteurs s'installent à leur tour pour fournir les chantiers en matériaux de construction et l'approvisionement en nourriture riz, miso, charbon de bois, saké, sel, étoffes, etc. La population arrivée, essentiellement masculine, s'installe dans le quartier des habitations et au fil du temps se crée une classe bourgeoise aisée. Les seigneurs se ruinent auprès de marchands en emprunts favorisant ainsi l'éclosion de cette classe de riches marchands. Dans ce quartier règne une atmosphère fruste, libre et joyeuse tout l'inverse de l'ambiance qui domine dans le quartier des daimyö. Nouvelle la cité n'a pas encore élaborée une culture propre, elle reste sous l'influence de la culture importée de Kyoto et d'Osaka. En effet les guerriers ou bushi recherchaient dans l'art une expression virile et guerrière et avaient imposé leurs goûts artistiques, leurs châteaux étaient décorés de fresques murales représentant des fleurs et des oiseaux sur fond doré, symboles de l'autorité seigneurale, mais aussi de grandes peintures verticales sur soie ou papier soit en hauteur, soit en largeur comme les paravents.

Un terrible incendie se déclare le 18 janvier de l'année 1657, ravage le palais du shogun, gagne les quartiers des daimyö et bushi y détruit bon nombre de demeures avant de se propager aux quartiers populaires. La ville est détruite en quasi-totalité. Cet évènement sonnera le glas de l'influence artistique et culturelle de l'ancienne capitale et du monde guerrier. Pour la culture bourgeoise d'Edo tout est en place pour l'éclosion, le développement d'un art nouveau, l'émergence d'une culture urbaine et bourgeoise : l'art de "l'image du monde flottant"  l'ukiyo-e dont les sujets seront empruntés pour grande partie à la vie quotidienne mais aussi à d'autres sujets comme des vues de sites célèbres, des paysages, des fleurs et des animaux, des illustrations érotiques.

La technique de gravure sur bois déjà ancienne et bien maîtrisée, usitée traditionnellement par les moines pour la diffusion d'images bouddhiques et populaires, est idéale pour reproduire à un coût réduit des séries d'images et ainsi en  favoriser leur diffusion.  Les premières estampes sont dessinées pour l'illustration de livres de divertissement et d'enseignement à partir de planches élaborées par des peintres et graveurs anonymes. Les estampes sont alors exécutées à l'encre noire et rehaussées de rouge de vert et de jaune à la main.

Les habitants d'Edo apprécient ces livres d'images, leur diffusion en nombre permet de développer, d'affiner non seulement les techniques d'impressions mais aussi les repésentations réalistes de cette nouvelle forme d'expression. Sous l'ère Empö (1673-1681) se détachent des images sur feuilles imprimées séparées qui seront à l'origine de sukiyo-e


Hishikawa Moronobu (1618-1694) est considéré comme le premier artiste à avoir dessiné et imprimé des ukiyo-e. Il crée un style qu'il dénomme yamato-ukiyo-e ou image flottant de yamato (ancien nom du Japon) en réalisant ses propres gravures inspirées des quartiers des plaisirs et des courtisanes. La gravure sur bois, appelée sumizuri-e, n'a pas encore atteint sa pleine maturité, les images sont dessinées à gros traits mais, témoignagnes de ce qu'était la vie quotidienne à Edo alors en plein développement.

Les premières estampes sont imprimées à l'encre noire. A la fin de l'ère Genroku, pour casser l'uniformité grise des estampes celles-ci sont réhaussées de vermillon, de jaune et de vert. Ce qui est un grand progrès technique. Okumura Masanobu fait évoluer l'estampe en remplaçaant le vermillon par une teinture poupre plus ou moins mélangée à de l'indigo et de vert. Ses sujets de prédilection évoluant, il crée le style urushi-e en rehaussant ses images d'une peinture noire mélangée à de la colle pour donner aux vêtements des acteurs reproduits un aspect laqué. Sur certaines il saupoudre l'image de poudre de cuivre pour donner un aspect doré à certaines zones de l'image. Il continue d'innover en utilisant des papiers plus rigides, plus durs pour réaliser de grandes estampes verticales, longues et étroites, à suspendre. Il est à l'origine de triptyque réalisé à partir de trois estampes étroites en format hosoban.

Au cours de l'ère Enkyô (1744-1748), sous l'influence d'impression en couleur venue de Chine, une nouvelle technique vient s'ajouter aux précédentes. Après un premier frottage à l'encre noire la feuille est imprimée avec une seconde couleur, le plus souvent du rouge ou du vert. La nouvelle technique autorise la superposition exacte, par l'intermédiaire de repaires précis pour ne pas mélanger les couleurs, des passages de couleurs et ainsi la réalisation de superbes estampes polychromes.

En 1764 apparaît un nouveau jeu qui consiste à pendre tous les mois dans sa demeure, lorsque l'on est un bushi ou une personne aisée, une nouvelle image de calendrier, si possible toujours plus belle toujours plus raffinée. Ainsi né le nishiki-e plus affiné plus coloré. Les couleurs plus nombreuses sont très librement associées entre-elles, par l'utilisation de couleurs sur plusieurs planches ouvrant de nouvelles perspectives en matière de gravure et d'impression.

A l'ère Tenmei (1781-1789) les maisons de plaisirs et les théâtres s'épanouissent sous l'influence d'une bourgeoisie plus cultivée, plus prospère. La population mène une vie hédoniste. L'ukiyo-e arrive à maturité, atteint son plein épanouissement. Les écoles et les maîtres n'ont jamais été aussi nombreux. Mais c'est sous l'ère Kansei (1789-1801) que l'apogée de l'art des estampes est atteint. Kitagawa Utamuro (1753-1806) veut exprimer moins l'apparence extérieure que la beauté idéale émanant du plus profond de l'être féminin, ses modèles sont des courtisanes qu'il côtoit au quartier des plaisirs, mais aussi les prostituées et les femmes du peuple, il devient le maître du bijin-ga. Chöbunsai Eishi (1756-1829) exprime dans ses estampes une pureté et une noblesse singulière à travers ses modèles. Katsushika Hokusai (1760-1849) sa spécialité sont les paysages, les "trente six vues du mont Fuji" son chef-d'oeuvre.

La culture bourgeoise d'Edo est à son sommet sous les ères Tenmei et Kansei. Sous l'effet des réformes de l'ère Kansei elle débute sa lente décadence. Les habitants d'Edo ne prenant plaisir qu'aux outrances et déformations de toutes sortes. Au cours de l'ère Kaei (1848-1854) accostent à Edo de nombreux navires étrangers, il s'ensuit une période troublée et mouvementée qui ne laissera pas à l'écart le monde de l'ukiyo-e, de nombreuses caricatures et tableaux évoquant les évènements survenant dans le pays verront le jour. Sous l'ère Meiji (1868-1912) la culture occidentale s'insinue au Japon, la lithographie et la photographie sont particulièrement appréciées des mouvements artistiques signant ainsi le glas de l'ukiyo-e.


L'ukiyo-e, une expression artistique unique au monde, née des goûts et des plaisirs de la société bourgeoise de Edo, a vécu trois siècles d'une richesse exceptionnelle. Cet art exprimé sur de simples feuilles de papier japonais a parcouru le monde, influencé l'art occidental en particulier la peinture moderne et garde toujours une grande force vitale. 


Le monde de la rue


Dans la foule qui arpente les rues étroites de Edo, se côtoient paysans, samouraïs porteurs de sabres, moines mendiant, courtisanes, jeunes filles, bateleurs-ambulants, montreurs de singes, marchands de grillons, qui devisent d'étals en boutiques. Autant de sujets qui inspirent les peintres et graveurs d'ukiyo-e


La vie quotidienne


Les artistes vivent au coeur d'une population aux joies simples à la vie matérielle modeste. Enfant qui pêche muni d'un seau ou qui joue avec une toupie, lavandières, bûcherons, mère au sein dénudé allaitant son enfant, tous sont une source d'inspiration pour les artistes qui les reproduisent les mettent en valeur dans les gestes répétés de leur vie quotidienne. Les petites gens travaillent, rient et vieillissent.

Le kabuki : les acteurs et la scène


Les acteurs grimés, au maquillage agressif, portaient des costumes sompteux aux couleurs vives, importante source d'inspiration pour les graveurs.

  

Les courtisanes et les maisons de plaisir


Situé en lisière de la ville, le quartier des plaisirs ou Yoshiwara était établi au milieu des bambous verts le long des berges du fleuve. Les courtisanes, célèbres par leur beauté, leur esprit, leur connaisance de la musique de la poésie, reconnues pour l'élégance de leur comportement, recherchées pour leur conversation, vêtues de somptueux kimonos de brocart,  furent elles aussi une source d'inspiration infinie pour les créateurs de ukiyo-e et qui en firent inlassablement leur portrait.

Les shunga ou estampes érotiques

            

Elles montrent le plus souvent des couples pris dans la vie ordinaire. Parfois réunies en album elles circulaient "dans la manche". Elles tenaient lieu de "manuel d'éducation avant le mariage". Le thème du voyeur est fréquemment rencontré dans le shunga. Ces estampes eurent un grand succès en Occident au point d'occulter le vaste champ des sujets des estampes

Divertissement et voyages


La vie à l'époque de Edo était difficile. Face à la dureté de la vie et à la fragilité de l'existence, confrontées aux fléaux récurrents  qu'étaient les famines, les incendies et les maladies, toutes les classes sociales avaient développé un sens aigu de la fête. Jeux, danses, promenades  étaient  fréquents, un échappatoire à l'incertitude de son destin. Les gens n'allaient pas bien loin en général, promenade à la rivière voisine, chasse aux lucioles, balade en barque. Les routes attiraient aussi colporteurs, pélerins et moines mendiant.

Le culte de la nature


La nature est une fête et quelques artistes comme Hiroshige et Hokusaï ont célébré, peint inlassablement ses milles aspects: les lacs et les montagnes, le vent, la neige et la pluie, les cerisiers en fleurs et le rouge des érables en automne.

La nature et l'homme ne font qu'un dans le monde d'Edo. C'est sans doute dans la contemplation de ce monde flottant et éphémère que le Japon trouve son unité.

Ishikawa Toyonobu

Joyeuses Libations à la maison de thé

Milieu de lère Höreki (1751-1764)

Suzuki Harushige

Neige, lune et fleurs

1771

Kitagawa Utamaro

Trois beautés célèbres

1792

Hiroshige ga

Averse soudaine à Atake

1857

Zen Hokusai Iitsu Hitsu

Le village de Sekiya

Nishimura Shigenaga

Sanjö Kantarö en Colporteur

Ere kyöhö (1716-1736)

Ishikawa Toyonobu

Les menestrels errants

environ 1750

Hitagawa Hiroshibe

La digue de nihon à Yoshiwara

1857

Hitagawa Hiroshibe

La route dAoizaka

1857

Hitagawa Hiroshibe

Cerisier en fleurs de Yoshiwara au clair de lune

Début de l'ère Tempö (130-1844)

Hitagawa Hiroshibe

Le pont Nihon bashi à l'aube

Ere Tempö (1833-1834)

Kitagawa Utamuro

Femme confectionnant des vêtements

1795

Utagawa Kuniyoshi

Au bord de la Sumida

1833

Suzuki Harunobu

Brume matinale à Ogi

1766

Ishikawa Toyonobu

Jeune femme après le bain

(entre 1741-148)

Torii Kiyonobu

Couple d'amoureux

1702

Isoda Korüsai

Jeu de poursuite

Débute de l'ère An'ei (1772-1781)