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Nouvelles du bord

2014

  

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2 août : Située sur une petite péninsule, fondée par un fugitif norvégien Ingolfur Arnarson en 871, Reykjavik (Baie des fumées, nom donné à cause des fumerolles que dégagent les sources d'eau chaude) demeura longtemps un ensemble de fermes avant de se développer en une cité plus dynamique à partir du XVIII ème siècle quand, après une longue période de misère et de famine liée au monopole commercial institué au profit des danois par le roi du Danemark au XVII ème siècle, le trésorier royal Skuli Magnusson, vétitable fondateur de la ville au sens moderne, contourna cet embargo en créant vers 1750 des ateliers de tissage, de teinture de laine ainsi que des tanneries, ce qui permit à la ville de connaître son premier vrai développement et premier essor économique.

            Le second grand essor dont bénéficia Reykjavik débuta au cours de la seconde guerre mondiale lorsque anglais et américains vinrent s'installer à Kéflavik sur la base aérienne et les américains renforcèrent ensuite leur présence dans les années 1950 au moment de la guerre froide avant de fermer le site définitivement en 2006. Depuis 2008 date de la grande crise financière qui mit à genou l'économie du pays, la croissance est quasi inexistante et nombre de chantier dans la ville sont à l'abandon.

            Si la ville s'est étendue les curiosités touristiques se retrouvent dans le centre-ville que l'on explore facilement à pied. La ville, construite autour d'un grand port dont les abords ne sont pas très attrayants, est sans charme. Quelques rares bâtiments anciens ont résisté mais l'ensemble ne nous a pas vraiment emballé avec ces immeubles modernes sans vraie harmonie ni cohérence architecturale. Dans les rues isolées il est possible de croiser quelques vieilles demeures au toit en tôle ondulée construites au début du siècle dernier et aux rebords intérieurs de fenêtre décorés de nombreux objets disparates.

            Le bâtiment le plus emblématiquie est certainement Hallgrimskirkja, immense église aux dimensions impressionnantes, la flèche s'élève à plus de 75 m et il est possible de la gravir pour admirer Reykjavik avec hauteur, les côtés représentent d'immenses colonnes de basalte. L'intérieur, d'une austérité confondante, abrite un orgue exceptionnel de 5275 tuyaux. Devant l'église se dresse la statue de Leif Ericsson le fils d'Erik Lerouge "découvreur" du Vinland la probable Terre-Neuve actuelle.

            A voir aussi le musée national qui retrace l'ensemble de l'histoire et de la culture islandaise agréablement.

  

5 août : Beau temps nuageux laissant place à de belles périodes ensoleillées. Mer belle. Absence de vent. Île de Heimaey ( archipel Vestmannaeyjar) à 115 milles sur la côte sud. Malheureusement le vent se lève en fin d'après-midi accompagné d'averses qui deviendront pluie en fin de nuit pour cesser au petit matin gris et froid. Le vent lui se renforce pile dans l'axe et la mer devient rapidement hachée. Progression au moteur lente .Le passage entre les îlots au ras de falaises verticales est fort impressionnant. Le vent avec des rafales violentes siffle le long des falaises alors que des milliers de fulmars boréaux planent  virevoltent, tournoient dans toutes les directions et autour de Noème.

            La ville de Heimaey se dessine au-dessus d'une langue de terre encadrée par de hauts murs de roche basaltique sous un ciel plombé. Pour arriver au port il faut contourner une haute falaise avec des vents catabatiques qui soufflent sans répit et emprunter un chenal étroit sinueux et peu profond. La marque d'entrée du chenal est apposée à même la falaise étonnante de verticalité. Une fois l'entrée franchie comme par miracle la mer et le vent se calment. Le port est bien protégé. C'est essentiellement un port de pêche important et actif où d'énormes chalutiers sont amarrés à quai. Les quais dévolus aux petits bateaux et à la plaisance sont situés derrière le grand quai de l'entrée dans un bassin où quelques pontons ont été installés. Nous nous amarrons à couple de Silua Inua un bateau à moteur que nous avions croisé à Long Pond (Terre-Neuve) l'année passée.

            Une cinquantaine de voiliers font escale ici chaque année. Ce qui est peu. L'accueil est charmant, les services gratuits : pas de redevance de quai, eau et électricité à volonté.

            

  

  

            Sorties de l'Océan il y a 11000 ans lors d'une éruption de volcans sous-marins les 14 îles et îlots furent rejoints en 1963 par une quinzième île sortie elle des vagues.Seule l'île principale Heimaey est habitée. il est interdit de débarquer sur Surtsey l'île apparue en 1963 car classée au Patrimoine mondial de part son statut scientifique exceptionnel.

            En 1973 au matin du 23 janvier à 1h45 une formaidable détonation se fit entendre, une faille de 1,5km venait de s'ouvrir sur la côte est de Heimaey. Un cône de lave se forma rapidement tout en déversant des torrents de lave et projetant des cendres dans l'atmosphère. Par chance les bateaux de pêche étaient restés au port du fait d'une grosse tempête ce qui favorisa l'évacuation rapide de la population vers la côte islandaise.

            L'éruption dura 5 mois. Les tonnes de lave qui s'écoulèrent du cratère permirent à l'île d'accroître sa superficie de 2,5km² et de créer une nouvelle montagne (Eldfell) de scories rouges. Les habitants se sont vaillamment battus pour que la lave ne vienne pas boucher l'entrée du port en déversant des millions de tonnes d'eau pour la refroidir. Elle s'arrêta à 175 m de l'entrée du port et renforça la protection de l'entrée en créant une digue naturelle.

            L'île se découvre à pied, de nombreux sentiers plus ou moins difficiles voire périlleux la parcourent y compris sur les hauteurs permettant d'avoir un point de vue unique. A Ofanleitishamar nichent dans les falaises des centaines de macareux moines qui se laissent approcher à quelques mètres.

            Le musée des Arts populaires installé dans la bibliothèque municipale vaut le détour pour les nombreux documents de l'histoire locale et en particulier ceux de la période de l'éruption volcanique de 1973.

9 août : Il est temps d'envisager de continuer la route même si le charme du lieu inciterait à prolonger l'escale. Les îles Féroé sont à trois jours de mer. La fenêtre météo doit être sûre car les dépressions sont ici vigoureuses et l'approche des Féroé difficile dès qu'il y a du vent car les courants y sont puissants. L'observation des différents sites météorologiques soit Islandais (http://en.vedur.is/weather/shipping/text) soit Norvégien ( http://www.yr.no) soit anglais (http://www.metoffice.gov.uk/public/weather/marine) sont tous d'accord pour annoncer une grosse dépression lors de l'arrivée sur les Féroé. Il va falloir attendre. Comme sur les îles Vestmann le temps reste beau et doux continuons à arpenter les chemins de terre et à observer la nature et aussi exploration en annexe de quelques grottes à l'intérieur desquelles de nombreux fulmars boréaux et mouettes tridactyles ont élus domicile pour la période de reproduction. La petite houle qui vient briser dans le fond de la grotte à une résonnance particulière, assourdie tout en remplissant la totalité de l'espace. Les cris des oiseaux se répercutent d'une paroi à l'autre mais étoufés par le volume de la grotte comme dans une cathédrale. Dans une semi-obscurité se devine dans les anfractuosités de la roche de nombreux oisillons, petites boules de duvet qui attendent sagement le repas apporté par les parents.

13 août :  La météo est toujours défavorable sur les Féroé. Hier une dépression est passée sur Heimaey. Le temps est redevenu maniable nous décidons de partir pour Höfn sur la côte sud-est en début de matinée. De là nous partirons pour les Féroé, la traversée ne sera plus que de 48 heures.

            Un bon clapot dès la sortie du port. Noème plonge dans chaque vague, le gréement vibre et résonne au près avec 25 noeuds.  Ce clapot va nous accompagner pendant les premières heures avant de se calmer dans l'après-midi avec un retour par moment du soleil. Höfn est le seul port de la côte sud-est, il n'y a absolument aucun abri depuis Heimaey et la côte a mauvaise réputation. La côte au petit matin, entre nuages et soleil, s'éclaire en un beau jeu de lumière sur la surface de glace imposante de la plus grande calotte glacière d'Islande qui occupe tout l'espace côtier : le Vatnajökull.


  

14 août : Höfn (qui signifie tout simplement port) est situé sur une grande lagune qui se vide par un long déversoir sinueux à la mer. Il est impératif d'arriver à l'étale de basse mer pour y rentrer car le courant peut atteindre 8/9 noeuds en vives-eaux. A une demi-heure près nous voilà devant l'entrée. Il y a une barre mais pas trop violente. Heureusement que la mer s'est calmée et que le vent d'est est tombé. Dans ce chenal long de 2 milles incroyable le nombre d'oiseaux qui barbotent sur l'eau : canards eider en famille, goélands et mouettes, divers limicoles, sternes arctiques, fulmars boréaux, huîtriers pie, et bien d'autres oiseaux marins.

            Le port est vaste, très protégé, au fond du port il y a un ponton auquel sont amarrés de petits bateaux de pêche. Il y a une place libre en bout de ponton. Quelle chance! Aussitôt amarrés aussitôt débarqués. Direction la capitainerie pour demander si nous pouvons rester amarrés au ponton. Accueil impeccable est souriant. Là aussi tout est gratuit, vraiment étonnant pour un pays annoncé comme étant d'un niveau de vie élevé. Peu de voiliers viennent s'aventurer dans ce port, une dizaine par an tout au plus d'après le capitaine du port. Ceci expliquant peut-être cela.

            Si la ville n'a pas grand intérêt l'avifaune est remarquable et le paysage avec le Vatnajökull et tout aussi remarquable. La région est très touristique, nombreux sont les alpinistes et autres marcheurs qui viennent pour escalader le glacier. Il y deux petits musées à voir, ils sont ouverts en permanence et retracent l'existence d'une vie maintenant disparue des marins d'autrefois.

            Guère de soleil pour cette dernière étape, il y aura même de la pluie. Difficile d'aller se promener sous la pluie et d'affronter un vent tempétueux. La saison avance et il faudra bien partir même si les conditions météo ne sont pas paisibles pour aller plus au sud.

19 août : La météo devrait être clémente pour la traversée Höfn-Tvoroyri sur l'île Suduroy au Féroé. Une dépression, qualifiée de mineure par l'ensemble des services météorologiques consultés, devrait se former au sud de l'Islande sans vent violent dans 24 heures. Départ à 5h30, hors de question de manquer la marée, le courant est vraiment trop violent dans le chenal à mi-marée et pas question non plus de se faire brasser à la sortie sur une barre désagréable même si ce sont des marées de mortes-eaux et que depuis hier le vent d'est s'est calmé. Peu de vent au moment de quitter le port, temps gris et nuageux mais sans pluie pour l'instant. Malheureusement sur les fichiers Grib la dépression mineure va démentir les prévisionnistes et se creuser. Si les 36 premières heures se passent plutôt bien entre nuages pluie et mer agitée la seconde nuit les choses vont changer. A 23h il faut se résoudre à réduire toujours plus et gréer le tourmentin après avoir dégréé la trinquette. Au cours de la manoeuvre la plage est copieusement mouillée par les vagues car la mer a forçi. Une vague d'eau de mer bien froide a la délicatesse de s'insinuer sous la capuche et de descendre à l'intérieur de la veste, de quoi vous réveiller et de vous faire accélérer la manoeuvre si malgré les conditions du moment vous envisagiez de prendre votre temps.Changement de tenue pour une tenue bien sèche à l'issue de la manoeuvre une fois rentré dans la cabine, la nuit risque d'être longue mieux vaut être au sec.

            Vent est-nord-est 30/35 rafales 35/40 noeuds. La mer se creuse encore plus. L'approche projetée entre l'île de Stremoy et celle de Vagar apparaît moins confortable que prévue. Pour avoir une mer moins dure changement de route en direction de la petite île de Mykenes, passage au sud de Vagar pour emprunter le chenal entre Skuvoy et Suduroy. Effectivement à la hauteur de Mikenes la mer s'aplanit et la houle disparait quasiment. Quel confort brusquement. Par contre les  courants de marée ici dans ce passage sont puissants et violents. Chance, le (bon) sens du courant de marée va coincider avec notre arrivée. Il pleut et il y du vent mais la mer est relativement calme.

            En début de matinée sous un timide retour du soleil, sous trinquette et GV à 3 ris Noème longe la côte accidentée de Suduroy en direction de Tvoroyri située au fond d'une grande baie bien protégée de presque tous les vents. Eviter d'aller mouiller au fond de la baie car entourée de hautes montagnes les versants engendrent des vents catabatiques qui peuvent rapidement rendre le mouillage inconfortable.

            Après avoir longé les quais modernes du port de commerce nous allons nous amarrer à une place libre d'un quai en bois où sont déjà amarrés un vieux gréement (destiné à la croisière touristique) et un voilier français dont l'équipage viendra prendre nos amarres. Il est 8 heures du matin. Un brin de toilette suivi d'un petit déjeuner avant d'aller faire l'entrée officielle au bureau du port. Royalement accueillis par le commandant du port avec petits gateaux et café, il se charge de téléphoner à la douane (le douanier passera en début d'après-midi) et après un brin de causette nous amène visiter les commodités du port (douche, lave-linge et sèche linge) le tout pour la modique somme de 0 couronne féroienne pour la durée de notre séjour quelqu'en sera la durée.

  

            L'équipage du voilier français ( marinsd02.blogspot.com)  qui lui arrive de l'est de l'Islande où il a passé un mois à randonner nous indique un pub où il est possible d'avoir une connexion internet. Super pub à la décoration surprenante. C'est la maison des grands-parents de la cabaretière actuelle qui étaient armateurs. Elle a conservé la maison en l'état. Les tables et chaises sont réparties dans les anciennes pièces de la maison. On prend un verre de bière ou un café dans ce qui était l'entrée, la salle à manger, le salon et même le bureau avec documents et décorations d'époque. Accrochées, de vieilles reproductions jaunies de bateaux des armateurs décorent encore les murs. De nombreux objets d'époque rendent l'atmosphère très agréable et nostalgique.

            Et nous revoilà à analyser la météo. Nous ne pouvons guère attendre car nous avons rendez-vous avec des amis en Ecosse à Kyle of Lochalsh. Mais comme d'habitude la météo aux Féroé n'est pas particulièrement facile. Arrivés le jeudi matin nous repartirons le samedi, de quoi avoir le temps de visiter ce petit bout serein des Féroé. Pas de grandes activités, pas d'agitation inutile. Mais quand même la bonne odeur du pain juste cuit qui flotte dans l'air de la rue principale de la seule boulangerie de cette petite ville. Un petit musée dans une maison au toit traditionnel en herbe. Un petit port de pêche aussi au fond de la baie d'où les bateaux partent à la pêche pour la journée et bien sur le pub pour les réunions météo où règne peut-être la plus grande activité de la ville.