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Japon periple p2
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17 octobre : Le parc national de Shiretoko est certainement le plus sauvage des parcs du Hokkaido. En particulier la densité des ours bruns est très importante puisque l'on compte 35 ours pour 100 km². Il est fortement recommandé voire indispendable d'avoir accroché sur soi une clochette qui en s'agitant préviendra les ours de votre présence ceux-ci ne supportent pas d'être surpris et une rencontre avec une femelle et ses oursons peut être dangereuse. Hormis cela le parc est vraiment magnifique. De la côte on aperçoit les îles Kouriles qui forment un arc entre le Kamtchatka et le Hokkaido. Ces îles japonaises sont devenues russes à la fin de la seconde guerre mondiale après que les russes aient envahi cet archipel. Le Japon en demande la restitution mais en vain pour le moment.













18 octobre : Le parc national d'Akan. Akan Kohan est un village Aïnou moribond où l'activité se résume en une succession de boutiques touristiques essayant de rappeler ce que fut cette culture et ce qu'il en reste, culture complètement phagocyté par le colonisateur nippon. Mais ces boutiques sont une des rares sources de revenus de cette peuplade alors pourquoi ne pas acheter un souvenir.

Le parc en lui-même est très pittoresque, avec ses lacs, ses sentiers parcourant un vaste espace forestier dans lequel  divague des biches, des sources d'eaux chaudes dans lesquelles il est possible de se baigner.

Un beau voyage au milieu d'une nature encore préservée et où l'automne colore de mille feux les feuillages des forêts accrochées aux montagnes.


19 octobre : Retour à Hakodate par le chemin des écoliers en passant par le centre pour profiter au mieux des paysages. Nous arriverons le soir la route est longue depuis Abashiri : 600km sous une pluie battante.


20 octobre : Avant de rendre la voiture et de prendre le train pour regagner Tokyo une dernière virée sur le mont Hakodate pour profiter une dernière fois de ce magnifique panorama. Retour par le shinkensen et nuit passée à Tokyo.

  

NIPPON      日本

            Le mot Japon que nous utilisons en Occident pour dénommer ce pays est un exonyme. C'est une prononciation qui nous vient des chinois. Le vrai nom pour désigner ce pays est Nippon ou Nihon ("Là où naît le soleil") et ces deux mots s'écrivent de la même manière en japonais :  日本. L'ambiguïté de la prononciation de ces caractères peut être résolue en utilisant les furigama. Le mot Nippon est plutôt usité pour les documents officiels, lors d'évènements sportifs, Nihon pour sa part est plus utilisé dans les conversations quotidiennes.

            

            Le Japon pays moderne, de haute technologie et de sciences, bouillonnant de créativité artistique contemporaine, est malgré tout fermement ancré dans ses traditions séculaires. Une terre de profonds contrastes étonnants. Le visiteur (le voyageur), à son arrivée, est surpris, ébahi, étonné, déconcerté par le gigantisme de Tokyo, énorme mégapole de 40 millions d'habitants (sur 2% du territoire) qui s'étend jusqu'à Yokohama le premier port commercial du Japon. Cette ville démesurée, surpeuplée, aux innombrables gratte-ciel englobés dans un enchevêtrement de lignes ferroviaire aériennes, d'autoroutes suspendues qui ondulent, zigzaguent voire traversent les immeubles, cache en son sein des sanctuaires, des temples, des marchés, des jardins, quelques rares quartiers préservés. Ici le Japon éternel côtoie en permanence le Japon moderne de la technologie de pointe et des mangas. Même si Tokyo est une ville fascinante à visiter, l'archipel ne se réduit pas à sa seule capitale.  Chacune des régions a ses particularités et ses charmes. Le Kantô la région de Tokyo, malgré l'hyperindustrialisation est un vaste secteur agricole grâce à sa terre limoneuse d'une grande fertilité et recèle de nombreux trésors comme le Grand Bouddha à Kamakura, le sanctuaire shintoïste Tôshô-gû richement décoré. Le Chûbu avec au sud la péninsule d'Izu et ses pêcheurs, au nord une chaîne de montagnes appelée Alpes japonnaises, et bien sûr le Mont Fuji volcan au cône parfait devenu symbole de ce pays sans oublier les très belles villes de Kanazawa et de Takayama. Le Kansaï berceau de la civilisation japonaise avec Nara la capitale au VIII ème siècle, Kyoto qui lui succéda comme capitale à la fin du VIII ème siècle, d'une richesse culturelle, d'un patrimoine parfaitement préservé (1 600 temples, 400 sanctuaires), Himeji et son château du XVII ème, la ville de Kobe, le mont Kôya, Kumano au sud, Osaka la cosmopolite mégapole. Le Chûgoku et Hiroshima si tristement célèbre mais relevé de ses cendres en une cité moderne et florissante, l'île sacrée de Miyajima, les îles Oki, Kurashiki et l'universalité de l'art, Matsue et Izumo, Tottori pays de landes mystérieuses. La grande île Shikoku, son pélerinage de 88 temples, ses traditions séculaires comme les combats de taureau, le grand festival de danse de Tokushima. L'ïle de Kyûshû  méridionale et ensoleillée terre de mythes et de légendes, Kumamoto et le mont Aso, Nagasaki, les îles Ryûkû et Okinawa. Le Hokkaidô l'île du grand nord et ses grands espaces naturels préservés, le parc naturel de Akan, la péninsule de Shiretoko, le port de Hakodate, la culture Aïnous.

  

            Arrivés à l'aéroport international Haneda de Tokyo à 18h30 le 9 octobre 2019. Les formalités rapidement expédiées nous récupérons notre Pocket Wifi au comptoir JAL ABC dans le hall de l'aérogare et nous connectons notre smartphone au réseau wifi. Ceci va nous permettre de nous déplacer sans nous égarer grâce à l'application Google Maps. Depuis l'aéroport direction la gare du Monorail, accessible depuis le hall des arrivées, destination la gare Hamamatsucho de la JR Yamanote line (ligne circulaire qui fait le tour de l'aggloméraion de Tokyo). Cette ligne à un arrêt à Kanda, gare la plus proche de l'hôtel que nous avons choisi pour sa situation près de celle-ci. D'avoir commandé une carte Pasmo à l'agence Vivre le Japon nous a facilité l'accès à ces deux trains et évité ainsi de chercher des guichets pour acheter des billets. Comme la nuit tombait déjà, à travers les vitres du wagon du Monorail nous avons pu voir cette gigantesque mégapole s'illuminer progressivement et briller de mille feux grâce aux  enseignes lumineuses fixes ou clignotantes, aux couleurs criades et violentes, accrochées aux innombrables tours plus hautes les unes que les autres. Enseignes aux seuls messages consuméristes. Les passagers du Monorail (aux complets-veston sombres et quasi identiques d'un individu à l'autre pour les hommes, de vêtements tout aussi stricts sombres et ternes pour les femmes) comme partout ailleurs en fin de journée, apathiques, le regard rivé sur l'écran de leur téléphone, ne s'activaientt guère qu'à l'approche de leur destination. Après un petit quart d'heure de ce spectacle nous avons changé de ligne et grimpé dans le Yamanote pour en descendre trois stations plus loin et nous retrouver pris dans une foule phénoménale se déplaçant étonnamment d'un mode ordonné et coordonné aussi bien dans les escaliers que dans les couloirs, les issues du bâtiment, sans jamais que personne ne se bouscule ou ne se percute. Tout simplement incroyable cette science de l'esquive.

            Et nous voilà sortis de la gare à la recherche de l'hôtel dans des rues encombrées de passants, de cyclistes, bordées d'incroyables petits restaurants de seulement quelques places, bondés d'une clientèle essentiellement masculine sortie du boulot.

            Accueil agréable à l'hôtel, sauf que le personnel ne parle pratiquement que le japonais mais enfin avec quelques mots d'anglais et des sourires tout se règle rapidement. Dans l'ascenseur et le couloir un fond sonore de chants d'oiseaux, de bruit de pluie, d'eau ruisselante, est diffusé en continu pour certainement faire oublier la désolation de l'environnement bétonné de la ville. Nous ne sommes pas surpris par l'étroitesse de la chambre, l'espace est si limité qu'il est quasi impossible de poser les valises à même le sol et il n'y pas de placard, quasiment pas de rangement mais quand même un petit bureau tout riquiqui avec ligne internet téléphone et télévision. La salle d'eau très petite est bien pensée. Enfin luxe des luxes la lunette des wc est chauffante.

            Une première impression agréable malgré le gigantisme de la ville, la barrière de la langue. Les japonais sont courtois, aimables, discrets et serviables. Plusieurs personnes nous ont abordé devant nos hésitations à suivre telle direction, à regarder tel plan des réseaux ferroviaires, à utiliser nos cartes de transports pour nous proposer leur aide.

10 octobre : Visite au siège central de la Japan Automobile Fédération pour faire traduire nos permis de conduire en japonais. Indispensable pour louer une voiture car le permis international délivré par les autorités françaises n'est pas reconnu au Japon. Une fois l'adresse repérée nous prenons le Yamanote direction Hamamatsucho quartier Shiba à Minato-ku. Le train est bondé et tant qu'il semble exister un espace libre les passagers montent, toute cette marée humaine se tasse toujours un peu plus et cela en silence. A la survenue d'un chaos ou d'un coup de frein intempestif impossible de choir. La sortie de la gare au milieu de cette cohue invraisemblable est d'une grande fluidité. Une fois dehors nous laissons filer le gros de la troupe et continuons à pied à travers un dédale de rues où il paraît vite bien difficile de s'orienter. Par prudence nous avions activé l'application de Google Maps à la descente du train. Parfait pour se déplacer à pied et arriver sans encombre, en fin de matinée, au bureau de la Fédération Automobile du Japon. Accueil chaleureux d'un employé qui s'exprime en anglais. La traduction nous est promise pour le milieu de l'après-midi pour la somme de 3000 yens (environ 25 €) par permis.

            Le quartier n'a aucun intérêt, heureusement tout à côté, au milieu de ce modernisme bétonné, un jardin épargné par la frénésie immobilière, les séismes et les guerres, le jardin de Kyu-Shiba-rikyu offre un havre de paix. Typique de Daimyo (seigneurs féodaux) c'est l'un des plus anciens de l'époque Edo. Les éléments qui encerclent l'étang central et la minutieuse composition des rochers sont typiques du jardin dit de promenade paysager. Entre 1655 et 1658 un terrain gagné sur la mer permet à Okubo Tadatomo, haut fonctionnaire du shogunat Tokugawa, d'y faire élever en 1678 sa résidence. Pour élaborer, concevoir et construire son jardin, il sollicite, de son fief d'Odawara, des maîtres jardiniers. Il nomme ce jardin Rakuju-en. Ensuite ce jardin deviendra la propriété de diverses familles avant de devenir la demeure officielle des Kishune branche de la famille des Tokugawa. En 1875 l'Agence de la cour impériale rachète le domaine. L'année suivante l'ensemble prend le nom de Shiba-rikyu. En 1923 le terrible séïsme de Kanto détruisit la plupart des édificices et la végétation. La ville de Tokyo reprend le domaine à son nom en 1924 et l'ouvre au public. En 1979 le jardin est désigné comme site d'exception sous le nom de Kyu-Shiba-rikyu teien. De nombreux bancs et espaces aménagés couverts; à la mi-journée les Tokyoïtes viennent y prendre leur déjeuner.

            Plusieurs éléments remarquables dans ce jardin :

            -Seiko-no-tsutsumi réplique de la digue en pierre du lac Seiko dans la région de Hangzou en Chine. Sur l'île centrale du jardin la configuration des rochers est identique à ce qu'elle était à son origine.

            -Nakajima l'île centrale est l'élément esthétique constitutif du jardin. La disposition des rochers rappelle le mont légendaire Reizan où des immortels taoïstes Xianren vécurent autrefois. C'est un lieu sacré de l'éternelle jeunesse et de l'immortalité.

            -Karetaki : composition de rochers qui symbolise une chute d'eau dans une vallée montagneuse. Le chemin évoque le lit d'une rivière qui traverse le jardin et offre diverses impressions visuelles.

            -Oyama : la plus haute colline au sommet de laquelle le regard englobe tout le jardin. A droite et à gauche de petits monts associés finissent par dessiner une ligne de crête.

            -Dai-Sensui : l'étang lui-même qui s'étale sur une superficie de 9 000 m². Autrefois alimenté en eau salée il est maintenant approvisionné par de l'eau douce. Nakajima et une seconde île plus petite Ukishima symbolisent le lac et l'océan.

            -Une pergola de glycines à l'entrée du jardin embaument l'air au moment de leur floraison.

            Vient l'heure de quitter ce bel endroit pour retourner à la JAF. La traduction des permis nous est remise avec quelques recommandations sur les particularités de la conduite en terre nippone, en particulier la conduite à gauche. Une fois en possession des documents la journée est trop avancée pour envisager un autre but de promenade. Bon il est temps d'affronter à nouveau la cohue des transports en commun et de rentrer à l'hôtel.


            

11 octobre : Journée occupée à résever les places dans le fameux train rapide Shinkansen pour nous rendre à Hakodate dans l'île de Hokkaidô dimanche prochain. La réservation est gratuite pour les titulaires du Japan Rail Pass. Nous partons pour la gare centrale de Tokyo et arrivons dans une véritable ville souterraine : pas moins de 6 gares sont accessibles via un labyrinthe de passages souterrains dont le plus long mesure deux kilomètres. Elle accueille 14 plateformes dont la plus fréquentée au monde avec le Tokaido Shinkansen. Environ 500 000 voyageurs y transitent tous les jours pour 3 à 4000 trains. Il s'agit de ne point se perdre dans ce dédale de galeries où magasins, restaurants, guichets de distributeurs de billets, de petits commerces de nourriture à emporter se côtoient et où une foule démesurée en perpétuel mouvement entre ces différents sites donne le tournis. Sans compter les annonces incessantes en japonais et en anglais qui n'en finissent jamais et rajoutent au brouhaha ambiant  un fond sonore insupportable. Mais là ausi par extraordinaire tout se passe dans un naturel étonnant pas de percussion entre passagers, pas de signes de mauvaises humeurs, pas d'impatience aux guichets.

            Nous avons réussi à trouver le guichet adéquat et réservons nos places sauf que le cyclone Hagibis doit arriver demain et passer sur Tokyo il n'est donc pas sûr que nous puissions quitter Tokyo comme prévu.

            Nos réservations en poche nous partons explorer le bâtiment de la gare construit à partir de 1908 et inauguré en 1914 dans un style architectural européen par l'architecte Kingo Tatsuno. Travaux qui ont mobilisé 740 000 travailleurs et la pose de 8 millions de briques rouges. Bonbardée pendant la seconde guerre mondiale elle fut rapidement reconstruite mais perdit un étage à cette occasion. Rénovée au début du XXI ème siècle pour répondre aux normes antisismiques les travaux de rénovation ont été achevés en 2012.

 

            La gare, entourée d'immeubles modernes, présente un grand parvis qui mène au palais impérial où demeure l'Empereur. Seuls les jardins se visitent mais à notre passage ils étaient fermés. Le reste du quartier abrite uniquement de grands magasins de luxe et les services administratifs. Du coup nous partons pour le quartier populaire de Ueno qui va se révéler moins aseptisé et surtout beaucoup plus populaire que le quartier de la gare. Ueno est célèbre pour son immense parc, ses musées, son marché réputé. Ce quartier est à visiter à pied pour être au coeur de la population tokyoïte.

            A voir le sanctuaire Shinto Tosho-gu édifié en 1627 par Iemitsu à la mémoire de son grand-père Tokugawa Ieyasu fondateur du shogunat Tokugawa (1603-1868). Ce sanctuaire a survécu à toutes les catastrophes subies par Tokyo. Noter la magnifique porte de style chinois. Les portes et piliers sont recouverts de feuilles d'or. La pagode de 5 étages transférée en 1957 est le dernier vestige du temple Kanei-ji incendié lors de la restauration Meiji.

            Le Shinobazu Pond est un étang divisé en 3 bassins, réputé pour ses lotus. Sur une île artificielle au milieu de l'étang se dresse le Bebten-do un temple du XVII ème siècle dédié à Benten la déesse des arts, des sciences et de la sagesse. Sur le chemin qui mène au temple des marchands ambulants proposent quelques nourritures aux pélerins de passage.

  

            Un peu plus loin entre Ueno et Hongodai (descendre à la gare de Nishi Nippori) le quartier de Yanaka (Ya=vallée et naka=au milieu) situé dans une vallée, offre un petit coin paisible où temples et maisons de bois traditionnelles ont échappé aux ravages du XXème siècle. Le cimetière de Yanaka lieu de promenade prisé des tokyoïtes, plus particulièrement en avril à la floraison des cerisiers. Les pierres tombales y sont lustrées par le temps. Au nord-est du cimetière le temple Tenno-ji, connu pour son bronze de Bouddha, est dédié à Bishamonten une des 7 divinités de la Chance.

12 et 13 octobre : le Typhon Hagibis passe sur Tokyo, pluie diluvienne et vents violents. Il y en a que pour lui sur les chaînes de télévision. Même si nous n'entendons pas le japonais l'iconographie présentée suffit  à comprendre que ce typhon va être très violent. Nous resterons cloîtrés dans notre minuscule chambre d'hôtel jusqu'à dimanche d'où nous sortirons en fin d'après-midi pour aller modifier nos réservations sur le Shinkansen et finalement partir pour le Hokkaïddo avec un jour de retard ce qui n'est pas si grave compte tenu des dégâts infligés au Japon par le typhon. Crues violentes, glissements de terrain, voies de chemins de fer détuites, gares submergées et au moins 74 morts.

14 octobre : 830 km de Tokyo à Hakodate pour un voyage d'un peu plus de 4 heures. Sur ce trajet le Shinkansen ne passe pas loin de Fukushima, lieu de sinistre mémoire depuis qu'un violent tsunami a ravagé la région et provoqué un accident nucléaire majeur en 2011. Pour rejoindre Hakodate, terminus du Shinkansen sur l'île de Hokkaido, le train emprunte le tunnel sous-marin du Seikan long de 53,85 km. La ligne devrait se prolonger jusqu'à Sapporo dans quelques années.

            Le Hokkaido c'est 20% du territoire pour 5% de la population. Des espaces encore vierges et protégés, une nature très présente et six parcs nationaux. Couvert à plus de 70% d'un massif forestier, de montagnes et de lacs de caldeira, de volcans fumants et de sources d'eau chaude. Ce fut longtemps le pays des Aïnous des chasseurs-pêcheurs à la culture essentiellement orale, le peuple primitif de l'archipel. A l'époque Edo des échanges commerciaux se développent avec les japonais. Le gouvernement Meiji décide de coloniser à la fin du XIX ème siècle ces immenses terres vierges. Deux millions d'immigrants japonais arrivent entre 1887et 1922 c'est l'introduction du riz et de l'élevage modelant de ce fait un nouveau paysage. La grande ouverture de l'île va se produire dans le sillage des jeux olympiques de Sapporo en 1972. Depuis les japonais se rendent en masse sur l'île où l'on compte près de 50 millions de visiteurs par an dont une majorité au moment de la période hivernale pour les sports d'hiver.


            Arrivés à la gare d'Hakodate nous récupérons la voiture louée par internet et nous rejoignons l'hôtel situé au centre ville. Comme toutes les villes du Japon, elle n'est pas fascinante mais la promenade le long du port, très animé le matin avec son marché aux poissons, est agréable. L'élément le plus intéressant est la forteresse de Goryokaku achevée en 1864 après 7 ans de construction. Cette forteresse avait pour mission de protéger les navires marchands occidentaux après l'ouverture de certains ports aux étrangers dans le cadre du traité de Kanawaga signé en 1854. Sa conception s'inspire des constructions en étoile de type Vauban. A l'époque moderne les bastions ont été amménagé en jardins délimitants des promenades plaisantes et encore plus au printemps où les cerisiers sont en fleurs et à l'automne quand les feuillages s'empourprent.

Au sommet du mont Hakodate, superbe vue sur la ville et son port. La vue nocturne est encore plus belle lorsque la ville brille de toutes ses lumières.


15 octobre : Les distances sont longues sur cette île où les points d'intérêt sont éloignés les uns des autres et où sur la route la vitesse est limitée à 60km/h. Nous contournons Sapporo la capitale régionale où nous n'avons pas prévu de nous arrêter mais de loin ce village de 2500 habitants en 1900 devenu ville de 2 millions d'habitants aujourd'hui affiche une modernité dévorante, la nature n'a pas été oubliée puisque de nombreux parcs et jardins jalonnent l'espace urbain.. Pour se rendre à Abashiri au nord nous avons choisi une étape intermédiare à Iwamizawa une petite ville de moins de 100 000 habitants sans charme particulier par contre l'hôtel respecte toute les traditions japonaises : bain chaud, accès à la salle de restaurant uniquement en pantoufles, petit déjeuner intégralement japonais(nouilles, riz, poisson, plat d'algues,  de fruit et crudités divers) et la chambre a une superficie double de celle de Tokyo et d'Hakodate. Et le petit marché typique bien achalandé où nous avons pu faire quelques courses.


16 octobre : Sur la route la circulation est fluide. L'arrivée sur Abashiri sans difficulté et l'hôtel facilement localisé grâce à la fonction téléphone géniale du GPS. Il suffit de rentrer le numéro de téléphone de sa destination pour que le GPS nous amène à destination. Une fois les formalités à l'hôtel réglées, nous allons explorer cette ville portuaire de 40 000 habitants réputée surtout pour sa prison et son climat hivernal rigoureux : la mer d'Okhotsk est bloquée par les glaces de janvier à avril. A l'automne au moment de notre passage la température est clémente bien que les sommets montagneux se couvrent déjà de neige. Nous allons rester ici trois nuits et l'hôtel sera notre base pour aller explorer le parc national de Shiretoko et le parc national d'Akan.

Dans la soirée nous allons arpenter la côte au cap Nôtorô. Un phare est construit sur des hautes falaises qui tombent à pic dans la mer d'Okhotsk. Splendide panorama, quel dommage de ne pas être en hiver, nous pourrions assister à un spectacle de glaces féérique avec des milliers de blocs de glace hérissant la mer. Avec un peu de chance il est possible d'observer des phoques ou de grands aigles de mer. Sur la route du retour vers l'hôtel de grands cervidés et des renards viendront, attirés par les lumières de la voiture, croiser notre chemin.

  

21 octobre : Arrivée dans l'après-midi à Kyoto capitale régionale du Kansai. Cette région est le berceau de la civilisation nippone. Ici se développèrent deux grandes cités qui devinrent capitale de l'empire. Nara fut la première capitale du Japon  au VIIIème siècle, elle en garde des monuments d'une richesse inestimable dans un cadre naturel verdoyant relativement préservé et Kyoto qui succéda à Nara comme capitale à partir de 794 jusqu'en 1868 sous le nom de Heian-kyô. Durant plus d'un millénaire leur influence politique, culturelle et spirituelle domina la vie du Japon. Aujourd'hui ces deux villes offrent un exceptionnel patrimoine culturel, préservées au cours des siècles des seismes majeurs et des guerres. Kyoto est aussi un centre intellectuel de première importance avec pas moins de 37 universités.

            Une semaine à Kyoto ce sera bien insuffisant pour en faire le tour et espérer voir toutes les merveilles dont regorge la ville. La première surprise c'est la gare (achevée en 1997). Une gare démesurée, d'une modernité imparable aux volumes et espaces gigantesque, seize étages dont trois en sous-sol, des escaliers mécaniques qui montent au ciel dans un enchevêtrement de verre et de poutrelles d'acier, des boutiques, des restaurants, des supermarchés, un hôtel et même une salle de spectacle, un centre d'information touristique (très efficace). La sortie de la gare débouche sur un immense parvis où s'entremêlent taxis, bus et piétons. En face de la gare s'élève à 131 mètres la Tour de Kyoto construite en 1964 pour les jeux olympiques, au sommet de laquelle la vue sur la ville est toujours aussi impressionante mais pas plus que la vue offerte depuis le haut de la gare. Notre hôtel est à 5 minutes à pieds de la gare, à côté d'une bouche de métro, endroit idéal pour se déplacer dans la ville.

            Malheureusement pour se rendre d'un lieu d'exception à un autre (la ville compte plus de 1600 temples bouddhistes, 400 sanctuaires shinto, 200 jardins classés, une villa impériale, des maisons en bois...) il faut parcourir une ville envahit par un urbanisme disgracieux et loin d'être maîtrisé.

            Le temple To-ji est situé à trois pâtés de maisons (d'immeubles) de l'hôtel. Deux temples furent construits en 794 pour protéger la nouvelle capitale Heain-kyô. Le temple de l'ouest le Sai-ji qui disparut dans un incendie n'a jamais été reconstruit. Le temple de l'est dont les travaux furent dirigés par le prêtre Kukai, fondateur de la secte ésotérique Shingon. Le To-ji devint avec le temple du Kongobu-ji du mont Koya le principal centre de diffusion de ce bouddhisme ésotérique lorsque le temple passa sous la direction de ce fameux prêtre en 823. Les bâtiments actuels de ce temple plusieurs fois reconstrui date du 17ème siècle. La  pagode de 57 m de hauteur et de 5 étages est la plus haute du Japon. Une salle abrite de véritables trésors : des statues bouddhiques de toutes beautés et des dessins ramenés de Chine par le prêtre Kukai. La salle principale du Kondo conserve la célèbre triade Nakushi Nyorai le Bouddha guérisseur (il tient dans sa main gauche un petit pot de médecine) accompagné des divinités Nikko "Lumière du soleil" et Gakko "Lumière de la lune". Cela signifie qu'il soigne autant la nuit que le jour le plus grave des maux : l'ignorance, source de tous nos désirs et facteur de souffrance de toute l'humanité. Absolument magnifique.

            Le 21 du mois se tient sur le parvis du temple un marché aux puces, nous y étions bien un 21 mais malheureusement à notre arrivée tardive les marchands ambulants rembalaient déjà leurs marchandises. Quel dommage cela aurait été plaisant de déambuler au milieu des stands.


22 octobre : Les temples Nishi Hongan-Ji et Higashi Hongan-Ji représentent la branche bouddhiste Jodo. Tous deux édifiés au XVIème siècle, ils forment une paire et sont situés à une centaine de mètres l’un de l’autre.

            Le Nishi Hongan-ji fondé autour du mausolée de Shinran Shonin (1173-1262) fondateur de la secte de la terre pure. Il représente l’école bouddhiste Jôdo-Shinshû, aujourd’hui très populaire au Japon, créée par le moine Shinran. Le temple fut d’abord édifié à Osaka, puis déménagé et reconstrui à Kyoto en 1591. Le Goei-do est le bâtiment principal dédié au fondateur, achevé en 1636. Ses dimensions, 62 mètres de long par 48 mètres de large, en font un des plus grands bâtiments sacrés de la ville. Nombreuses salles de réception traditionnelles, avec tatamis et portes coulissantes. De superbes lanternes et des plafonds de bois sculptés. Le temple est classé au patrimoine mondial de l'Unesco depuis 1994. Le portail d'entrée Karamon date du 16ème siècle, la porte est décorée selon les codes de la période Momoyama, elle a été transférée au temple en 1618 depuis le château Fushimi. La cloche du temple est suspendue à l'abri d'une petite tour.

            Le Higashi Hongan-ji se trouve à l’est du Nishi Hongan-Ji, sur l'avenue Karasuma-dori.  Construit en 1602, date à laquelle le shogun Tokugawa Ieyasu scinda la secte en deux entités. Il a cependant subi de nombreux incendies, d’abord en 1617 puis en 1864 et 1895. C’est pourquoi les structures datent majoritairement du début du XXème siècle. La porte d'entrée dénommée Goeidô-mon, en bois sculpté, décorée de dorures, est typique de l'art japonais. Les bâtiments sont immenses, le bois minutieusement ouvragé. Le bâtiment principal possède le plus grand toit en bois au monde : 76 m de long, 58 m de large, 38 m de haut. Ce temple est l'un plus grands de Kyoto. Il abrite une vaste salle à tatamis qui accueille les visiteurs et les dévots.

            Ces deux temples sont peu prisés par les touristes, il est très agréable d'y passer un moment dans leur enceinte loin de la foule et des bruits de la ville. En sortant par la porte Goeidô-mon, traversez l'avenue et allez tout droit. A quelques centaines de mètres le jardin Shosei-en vous attend, loin lui aussi du tourisme de masse. L'existence d'un jardin est déjà noté  au 9ème siècle au début de la période Heian. Rattaché au temple Higashi Hongan-ji en 1641 par attribution d'une parcelle de terre au temple par le shogun Tokugawa Ieyasu. L'artiste Kobori Enshu avec la participation de l'intellectuel Ishiyama Saijo sont à l'origine de la conception de ce jardin. Deux grands feux ravagèrent le jardin et détruirent la plupart des bâtiments. Heureusement reconstruits, on peut encore les admirer à l'identique de nos jours. Le jardin est admis au patrimoine national japonais en 1936. Sur une superficie de 35 000 m² un chemin, agencé autour d'un étang et d'une vaste esplanade d'herbe, de nombreux arbres, plus particulièrement des cerisiers, mène à des scènes délicates et raffinées où l'on croise des lanternes de pierre, une pagode de 9 étages, une cascade, où l'on emprunte des ponts de pierres et de bois.

 

  

Un peu d'histoire


                En 710 le site de l'actuelle Nara fut choisi pour édifier la première capitale du Japon selon un plan en damier, copie de la structure da la capitale chinoise de la dynastie Tang. De gigantesques temples en bois s'organisèrent le long de ses rues qui s'entrecroisaient à angles droits. Mais en 794 pour échapper à la trop grande influence des moines bouddhistes, l'empereur Kanmu décide de déplacer sa capitale vers l'est à une quarantaine de kilomètres dans une plaine enserrée au nord par des montagnes, irriguée par la rivière Kamo-gawa à l'est et la rivière Katsura-gawa à l'ouest. La ville est là aussi construite selon une structure en damier et prend comme nom Heian-kyô "capitale de la paix". Des temples et sanctuaires sont construits aux entrées de la ville pour la protéger.

                A la période de Heian, sous la protection de la famille Fujiwara, Heian-Kyô a un rayonnement culturel majeur tant sur les arts que l'esprit et la religion. A la fin du 12ème siècle les Fujiwara s'opposent au clan Taira, une guerre s'ensuit et débouche sur le premier shogunat qui décentralise le pouvoir à Kamakura de 1185 à 1333. Cette période affaiblit Kyoto, mais en 1333 les descendants des Minamotos instaurent le shogunat d'Ashikaga, l'ordre impérial revient à Kyoto. Période féconde pour les arts mais instable sur le plan politique et finalement les troubles s'aggravent pour déboucher sur une véritable anarchie. En 1573 un chef militaire Oda Nobunaga décide de rétablir l'ordre et chasse de la capitale le dernier shogun de la dynastie Ashikaga. Son succeseur Tokugawa Ieyasu a un château à Edo (ancien nom de Tokyo) et y transfère le pouvoir. Pendant 250 ans les Tokugawa gouvernent en lieu et place des empereurs qui n'exercent qu'un pouvoir religieux à Kyoto qui garde son statut de capitale impériale.

                C'est en 1869, à la restauration du pouvoir impérial, que le nouvel empereur Meiji décide d'établir sa capitale définitivement à Tokyo, là où est le pouvoir politique réel s'excerce.

                Kyoto redevient une ville provinciale riche de son passé. Aujourd'hui elle est devenue un des hauts lieux touristiques du Japon.

To-ji

To-ji

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Nishi Hongan-ji

Nishi Hongan-ji

Nishi Hongan-ji

            En fin de journée nous nous rendons au Château Nijo-jo inscrit au patrimoine mondial de l'Unesco en 1994. Demain le nouvel empereur sera intronisé à Tokyo, le château fait porte ouverte et l'entrée est gratuite. C'est la  foule des grands jours. L'attente ne sera pas trop longue pour pouvoir rentrer dans le bâtiment. Mauvaise surprise interdit de prendre des photos : dommage.

En 1601 le shogun Ieyasu Tokugawa  ordonne la construction du château de Nijo qui est achevé en 1603.

             La porte qui garde l'entrée de la villa impériale est caractérisée par un pignon en arc à l'avant et à l'arrière du toit, la toiture de la porte est en écorces de cyprès. Appuyée sur quatre piliers la porte est décorée de gravures richement colorées de grues, de pins, de bambous et de fleurs de pruniers symboles de longévité. La présence de lions représente les gardiens du palais. Puis après avoir enlevé ses chaussures on pénètre à l'intérieur du Palais Ninomaru constitué de 6 bâtiments reliés et alignés le long d'une diagonale nord-ouest. 33 pièces occupent le palais, elles sont séparées par des portes coulissantes, 800 tatamis recouvrent le plancher . Les cloisons coulissantes sont décorées de magnifiques peintures (3600) de l'école Kano, de traverses richement sculptées, de splendides ferrures.  A l'intérieur de l'enceinte deux jardins s'épanouissent. Le jardin Seiryu-en construit en 1965 associe un jardin japonais (le Koun-tei et son pavillon de thé Waraku-an) à un jardin gazonné de type ocidental. Le jardin Ninomaru a un étang au milieu duquel une île a été élevée c'est l'île du bonheur éternel, une seconde île de la grue à gauche, l'île de la tortue à droite..


  

            Le shogun Ieyasu Tokugawa est l'unificateur du pays après une longue période de guerre civile, initiant ainsi une longue ère de paix et de prospérité de plus de 260 ans. Le gouvernement établi par Ieyasu a duré 15 générations. En 1867 la restauration du pouvoir de l'empereur est proclamé au château de Hijo marquant la fin du shogunat Tokugawa et le début de l'ère Meiji.


Qui est le shogun?


                L'autorité politique de la cour impériale a été formalisée au 4ème siècle. Le pouvoir de l'empereur se maintient en changeant de forme. Le premier gouvernement de samouraïs a vu le jour à Kamakura en 1185 en confisquant le pouvoir politique, l'empereur gardant sa fonction de chef d'état. Le chef de gouvernement militaire de Kamakura reçoit le titre de Seji-Taishogun, abrégé plus tard en shogun, ce terme signifiant généralissime ou commandant en chef. Ce titre n'était attribué que le temps d'une campagne militaire. A partir de 1192 il devient permanent, accordé au souverain politique du Japon. Trois shogunats se succèdent, celui de Kamakura (1185-1333), celui de Muromachi qui a gouverné depuis Kyoto (1336-1573) et celui d'Edo ou Tokugawa (1603-1867).

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